Bukowski – Amazing Grace

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Style: metal rock stonerisantAnnee de sortie: 2009

En voilà qui ont tout compris. Ou plutôt, en voilà qui m’ont compris. Qui ont trouvé le bon angle d’attaque pour obtenir une bonne chronique. Les types, au moment de choisir leur patronyme, se sont inévitablement dit, c’est évident : « qu’est-ce qui serait percutant pour cet exceptionnel chroniqueur d’Eklektik ? Ah putain mais oui, on n’a qu’à choisir l’un de ses auteurs préférés : Bukowski !».

Oui, ok, là vous avez réussi votre coup, vous avez capté mon attention, suscité ma curiosité. Mais, autant vous prévenir, messieurs, c’est une arme à double tranchant. Parce que porter l’étendard de l’une des figures de proue de la Beat generation n’est pas sans impliquer quelques responsabilités, je suis sûr que ça ne vous a pas échappé.

Vous conviendrez, par exemple, qu’il serait tout de même malvenu de proposer du rock bien propre sur lui, de la guimauve, de la tiédeur. Parce que le père Charly n’était pas vraiment ce que l’on peut appeler un apôtre du conventionnel et de la bienséance.

Inévitablement, je me suis donc attendu à recevoir en pleine tronche une bonne dose de sang, de vomis, de sperme rance, de chiottes dégueulasses et de coups de tessons de bouteilles.
Cependant, ma méfiance naturelle et mon expérience des déceptions m’ont plutôt incité, en apprenant la nationalité du groupe, à réviser mes exigences. Car, en matière de rock, pour moi, les Français ne brillent pas par leur faculté à botter des culs comme des malpropres.
Merci donc au trio (batterie, basse, guitare/voix) d’être venu apporter un démenti à mes impressions en n’épargnant ni ses cordes vocales ni le bout de ses doigts ou ses mollets.

La propension de Bukowski à vouloir déployer un metal rock stonerisant susceptible de faire bouger un peu plus que la famille des roadies se révèle parfaitement sur des titres abrasifs et couillus à souhait comme « Mysanthropia » – laissant le soin au chanteur guitariste de hurler la mère de sa race à s’en irriter le larynx pour une bonne semaine pendant que la basse accompagnée d’une batterie qui fait immanquablement taper du pied, vrombit avec ardeur – ou les excellents « Car crasher » et « Pilbox » qui sont, grâce leur soit rendue, taillés dans le même roc oxydé.

Les structures des morceaux (nombreux breaks, notamment, taillés pour haranguer la foule – « My name is Kozanowski » à l’efficacité mélodique me rappelant les Canadiens de Theory of a deadman) invitent également à penser que le groupe a dû avoir à l’esprit, au moment de la composition, la représentation live dans laquelle il pourrait mettre toute son énergie.

Mais Bukowski ça n’est pas que ça. C’est également des titres moins rentre dedans, plus « profonds » à l’instar de « The charge song », « Shaggy dog story » ou l’instrumental « Fishing day » (que n’aurait pas renié Phil Anselmo) ; le genre de feeling pétri de noirceur présent par exemple chez Alice in Chains ou Soundgarden.
Là réside peut-être ce qui fait la différence avec pas mal d’autres groupes du genre. Bien que ce ne soit pas le registre qui titille le plus mes esgourdes, je dois volontiers reconnaître que la chose est faite avec talent et parvient malgré tout à retenir mon attention, voire à susciter une certaine addiction.
De plus, les titres les plus directement accrocheurs ont plusieurs niveaux d’écoutes : on est loin du « aussi vite écouté, aussi vite assimilé, aussi vite oublié ». On a toujours un petit truc qui vient s’ajouter après chaque écoute supplémentaire. Le groupe a donc apporté un soin particulier à la composition ; soin très bien servi par une production dynamique traitée aux oignons.

En proposant des titres réellement variés, le groupe fait preuve de maturité et convainc. A ce titre, « Share my sacrifice » me semble exemplaire : un couplet plutôt funky déboule sur un refrain à la mélodie particulièrement efficace pour terminer sur une débauche de groove et de puissance. Tout est là.

En plus des quelques références yankees déjà évoquées, je ne peux manquer de faire appel aux Texans de Pantera tellement l’ombre de « 10’s » (The great southern trendkill) plane au-dessus du final de « Long cold winter ». Et puis, histoire de nous faire comprendre définitivement son attachement au continent américain, les frenchies se fendent d’une reprise du chant traditionnel « Amazing grace » en fin d’album.

Avec ce premier album, les Français n’ont clairement pas eu envie de nous proposer une recette où linéarité et fadeur auraient été les maîtres mots. Le pari étant réussi, il est difficile de ne pas adhérer.
Quant à savoir si le père Buck aurait apprécié, rien n’est moins sûr, vieille casquette du matin et débauche de décibels faisant rarement bon ménage.

  1. bro you save me
  2. shaggy dog story
  3. long cold winter
  4. my name is kozanowski
  5. the charge song
  6. mysanthropia
  7. fishing day
  8. share my sacrifice
  9. pillbox
  10. car crasher
  11. amazing grace

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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2 Commentaires

  1. Monster says:

    C’est pas ce groupe là qui avait eu les faveurs de Rock Hard il y a peu ?

  2. darkantisthene says:

    Je ne sais pas, je ne lis pas la presse metal écrite.

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