Conan le Barbare de John Milius

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Annee de sortie: 2010

“Between the time when the oceans drank Atlantis and the rise of the sons of Aryas, there was an age undreamed of…”

C’est par ces mots désormais mythiques que s’ouvrait en 1982 l’une des plus formidables épopées guerrières du XXème siècle. Inspiré par le personnage créé par Robert E. Howard, Conan le Barbare allait s’imposer comme le héros incontesté de toute une génération. Siégeant sur son trône, il attend d’ailleurs toujours celui qui viendra contester sa suprématie. Et lorsqu’on scrute l’univers « héroïque-fantaisie » du cinématographe de ces derniers temps, on se dit que le Cimmérien a encore de belles années de règne devant lui.

L’histoire : au matin d’un monde civilisé, le secret de l’acier est révélé au jeune Conan par son père. Peu après, le village est assailli par une horde de cavaliers aux emblèmes reptiliens. Le secret est volé. Hommes et femmes sont massacrés. Les enfants sont réduits en esclavage. Seul Conan survivra. Devenu adulte, il n’aura de cesse d’assouvir sa vengeance.

Esthétiquement, point de pacotille en ces lieux. Les épées ont tué, les armures ont vécu, les peaux sont travaillées… Les décors et les paysages participent également de la puissance ensorcelante de l’histoire qui nous est contée : la majesté des sommets enneigés, les déserts arides, les plaines verdoyantes où l’on court vers l’aventure. A perte de vue on embrasse l’horizon des possibles.

Côté distribution, rien à redire. Arnold Schwarzenegger campe un Conan massif, bestial et monolithique, assez éloigné du personnage de Howard à la psychologie plus fine et au physique plus souple que son alter-ego autrichien. On imagine pourtant mal quelqu’un d’autre que ce dernier pour incarner la figure emblématique d’un âge où la violence et la guerre règnent en maîtres. Une stature bien sûr mais aussi une aura imposante. Un bloc de granit qui prendra pourtant quelques reliefs d’humanité et d’humour au cours des rencontres qu’il fera.

Face à lui, Thulsa Doom, l’ennemi multiple, étrange et fascinant, campé par l’hypnotique James Earl Jones : guerrier puis gourou d’une secte déviante se dissimulant sous les séduisantes tentures d’une spiritualité fraternelle. Son regard est inoubliable, presque dérangeant d’intensité. La dernière confrontation des deux protagonistes est exemplaire. La tragédie grecque n’est pas loin : Doom est à la fois l’instrument du destin et son initiateur, catalyseur de la haine du guerrier, cette haine par laquelle il vit.

Ce colossal opéra ne saurait se départir des mélodies qui l’habitent. Comment ne pas évoquer la partition sensationnelle de Basil Poledouris qui nourrit littéralement le récit et le pare d’oripeaux héroïques et flamboyants ? On pardonnera bien vite ses emprunts au Carmina Burana de Carl Orff (« Riddle of Steel/Riders of Doom » et « Battle of the Mounds ») et aux Planètes de Gustav Holst (« The Orgy »). Les thèmes tour à tour titanesques, aériens, épiques ou tonitruants sont immédiatement identifiables. Taillés sur mesure, ils se mettent au diapason de la narration.

L’évocation du film provoque toujours le frisson. Des images fortes affluent instantanément. La naissance d’abord (une première partie quasi-muette mis à part l’intervention du narrateur) : l’attaque du village, la première apparition de Thulsa Doom, Conan enfant poussant la roue de la douleur, devenant un combattant impitoyable dans l’arène… Puis ses péripéties : sa course vers la liberté, la belle et farouche Valeria, la crucifixion, l’orgie… Enfin son achèvement : la bataille du tertre et la tirade qui la précède ainsi que l’ultime dialogue avec l’antagoniste juré. L’image finale évoque une figure hiératique désabusée. Comme si la prédiction du « géniteur » parricide s’était révélée cruellement juste. Autant de tableaux débordant d’une poésie païenne et barbare. L’odeur du sang s’élève dans la fureur de certaines scènes. La légende du Cimmérien s’écrit et se perpétue dans la danse sauvage de l’acier et de la chair.

Forgée par John Milius et Oliver Stone, Conan le Barbare est une œuvre culte qui traverse les âges et qui reste sans équivalent à ce jour. Elle n’a rien perdu de sa puissance et de son romantisme. Une fresque échevelée et brutale, une ode aux grands espaces, un souffle et une vigueur jamais égalés.

Chroniqueur

alchemist

Chroniqueur inter mi-temps, amateur de chats, de Metal mélodique sous toutes ses formes, de fromages de caractère, de bons bouquins, de radios intelligibles... et de zombies.

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Commentaire

  1. alchemist says:

    La bande originale a fait l’objet d’un nouvel enregistrement par l’orchestre philharmonique de Prague paru en novembre de cette année. L’intégralité de la partition de Basil Poledouris a été reprise à cette occasion pour un résultat un peu moins puissant que la version de 1982 mais grisant par la richesse de l’instrumentation et les inédits qui y figurent. Ne vous fiez pas à la pochette particulièrement laide, les éditeurs n’ayant pas eu le droit de reproduire les visuels « officiels » du film.

    http://www.youtube.com/watch?v=YNFLCZmTe3Y

    CD 1
    1. Prologue – Film Version / Anvil of Crom (3:38)
    2. Riddle of Steel / Riders of Doom (5:23)
    3. The Gift of Fury (3:25)
    4. Column of Sadness/Wheel of Pain (4:09)
    5. Pit Fights* (2:45)
    6. Prologue – Original Version (1:03)
    7. Atlantean Sword (4:00)
    8. Wolf Witch* (3:21)
    9. Theology / Civilization (3:04)
    10. The Street of Deviants */ Hopefuls at the Tower of Set* (1:28)
    11. The Tower of Set* / Snake Attack* (Las Cantigas de Santa Maria) (5:21)
    12. Infidels* (1:03)
    13. The Tavern* (1:51)
    14. The Wifeing (2:20)
    15. In the Court of King Osric* (1:13)
    16. Conan Leaves Valeria / The Search (6:03)
    17. The Mountain of Power / Capture* (4:00
    18. The Tree of Woe / Recovery (6:04)

    CD 2
    1. The Kitchen / The Orgy (6:23)
    2. Orgy Fight *(2:53)
    3. Funeral Pyre (5:15)
    4. Battle Preparations / Battle of the Mounds part 1 (5:59)
    5. Battle of the Mounds part 2* (2:11)
    6. Battle of the Mounds part 3 / Night of Doom (5:56)
    7. Head Chop* (0:53)
    8. Orphans of Doom / The Awakening (6:30)
    9. Epilogue / End Titles* (5:13)
    10. Theology / Civilization – Alternate Version (3:27)
    11. The Tower of Set – Alternate Cues* (3:37)
    12. Battle of the Mounds part 2 – Original Version* (2:11)
    13. Chamber of Mirrors from CONAN THE DESTROYER (7:16)
    14. Riders of Doom – Orchestral Version (4:05)

    * morceaux inédits

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