Après un premier album éponyme sorti en 2005 plutôt bien accueilli, les britanniques d’Engineers auront mis le temps à lui donner une suite, la faute à une perte de label. Revenu presque quatre ans plus tard sous la bannière Kscope, le groupe peut enfin livrer son second album Three Fact Fader avec en prime l’assurance d’une production qui en impose signée Ken Thomas (Queen, Sigur Ros, David Bowie…).
Ornée d’une bête à bois qui brâme aux couleurs bariolées, la pochette de ce nouvel album d’Engineers rappelle fortement celle d’un album de l’un des groupes en vogue de l’écurie Hydrahead: Pyramids. Si a priori il n’y a aucun lien entre les deux groupes, on pourra toutefois en distinguer un plus qu’évident: l’utilisation de nappes de synthés justifiant l’appellation « shoegaze ». Cependant l’approche n’est clairement pas la même car chez Engineers, ce côté shoegaze est allié à un feeling carrément pop (dit aussi dream pop). Ainsi les mélodies sont simples et entrainantes tout en étant enveloppées dans un voile cotonneux quasi continuel.
Le chant murmuré de Simon Phillips participe aussi grandement à l’installation d’un climat paisible et mélancolique, surplombant à peine le reste des instruments, ceux-ci étant d’ailleurs comme attachés les uns aux autres. Cependant, ce type de chant n’étant pas un exemple d’énergie, celui-ci pourra quelque peu lasser étant donné qu’il restera totalement invariable tout au long de ces treize titres. Heureusement qu’à côté l’instrumentation connait des sursauts et des variations permettant de quitter l’atmosphère linéaire qui s’installe alors. Des morceaux se permettent donc de faire légèrement évoluer le registre comme par exemple Clean Coloured Wire et Emergency Room pour le côté electro-rock entêtant, le final de Brighter As A Wall qui vire carrément post-rock, Crawl From The Wreckage dont le refrain rappelle un peu Antenna de Cave In (même s’il n’y a aucun lien musical) mais surtout les trois derniers morceaux qui tranchent complètement avec le reste de l’album. En effet, ceux-ci bénéficient d’un traitement disons plus expérimental et moins évident que les autres titres. Ce qui risque d’un peu décontenancer l’auditeur…
Three Fact Fader est globalement un album agréable si l’on accepte d’intégrer cette atmosphère planante et souvent éthérée sans quoi l’on risque de le trouver linéaire et mou. Les amateurs de My Bloody Valentine, Slowdive voire Porcupine Tree ou encore Brian Eno pourront tout de même tenter cette remise à jour du style comprenant ce qu’il faut question langueurs et nébulosités.
- clean coloured wire
- sometimes i realise
- international dirge
- helped by science
- brighter as we fall
- hang your head
- crawl from the wreckage
- three fact fader
- song for andy
- emergency room
- the fear has gone
- be what you are
- what pushed us together