Kayo Dot – Coyote

2 Commentaires      1 836
Style: avant-gardeAnnee de sortie: 2010Label: HydraheadProducteur: Randal Dunn

Lors de mon voyage en Pologne, pour le festival Asymmetry, j’ai eu la chance de rencontrer Toby Driver, bassiste de la tournée de Secret Chief 3. J’ai pu parler de son dernier disque avec lui et de son optique lors de sa composition.

Tout d’abord, contrairement à ce que l’on pourrait croire d’un artiste, et un groupe, dont la musique est aussi évocatrice de formes et de songes, l’optique de Toby Driver était tout d’abord de composer pour les instrumentistes qui ont joué sur ce disque. Mais l’atmosphère du disque a été déterminée par deux éléments principaux. Tout d’abord, les circonstances tragiques de la disparition d’une amie proche, auteure de l’histoire qui forme la trame narrative de l’album dont l’ensemble des morceaux doivent être pris comme une pièce unique. D’autre part, selon les dires de Driver, il souhaitait utiliser les sonorités marquantes des disques de rock gothique des années 80 qui l’ont marqués, comme le fait de coupler la basse à une pédale de chorus.

Là se trouve l’une des grandes particularités de Kayo Dot. Mêler une connaissance et une manipulation de la théorie musicale propre à l’univers de la musique non-linéaire, extérieure aux compositions rock, à des influences puisées dans l’héritage rock dans son ensemble. Cette confusion des genres a largement contribué à faire de Kayo Dot, aux yeux du public, des disquaires, et même des labels qui ont signés le groupe, tour à tour, un groupe de rock progressif, de metal, de post rock, etc …

En réalité, peu de références de l’univers musicale que côtoie eklektik conviennent réellement à renseigner sur le contenu propre de cet album. Bien que Driver ait fait partie d’une formation de metal progressif, Maudlin of the Well, ses occupations musicales actuelles sont à mille lieux de son passé, et ce disque ne fait pas exception. Cette confusion liée aux descriptions fournies aux médias et au public par les différents labels dont Kayo Dot a pu faire partie (à l’exception de Tzadik, le label du saxophoniste free jazz John Zorn) est un problème dont souffre la musique de Kayo Dot, faute de trouver un public qui convienne bien et dont les attentes ne soient pas déçu.

Tout cela pour dire qu’avec tout le respect que je porte à Toby Driver et Kayo Dot, je voulais profiter de cette chronique pour souligner l’incohérence du genre dans lequel ce groupe est rangé sur ce site pour ses précédents albums. « Post rock expérimental »… ouais, on va dire que j’étais un peu jeune et pas très renseigné sur la question, hein?

Ne préférant donc ne pas faire de comparaison déplacé, j’en resterais à comparer ce disque à ses prédécesseurs. Les instruments à vent font un retour très appréciable dans ces compositions où ils forment de superbes trames mélodiques sur lesquelles se superpose la voix de Driver, plus plaintive que d’habitude (thématique et atmosphère gothique oblige). Le jeu de la violoniste, Mia Matsumiya, ainsi que David Bodie, batteur du groupe Time of Orchids, une autre formation atypique aux préoccupations inter-genres, crée une atmosphère proche de la discordance, parfois frénétique, de certains instants de Dowsing anemone with copper tongue.

En revanche, le format des morceaux oscille entre l’enchevêtrement de variations sur des plages plus courtes, de Blue lambancy downward, et le format plus étiré de Dowsing anemone with copper tongue. Toutefois, si il y a un instrument dont la présence renseigne le plus efficacement sur ce disque, c’est bien la basse, jouée par Toby Driver, dont la présence fantomatique navigue entre les instruments comme la présence d’une âme perdue.

Enfin, si cette chronique semble être l’équivalent d’un agenouillement à la Wayne’s World en face de son idole (« On est des merdes, on n’est pas digne ! » devant Alice Cooper), son but était surtout de souligner la richesse des compositions de Toby Driver et des acolytes dans la composition d’une pièce unique et originale comme peu d’artiste en sont capables. Un véritable monument d’originalité à ne pas laisser dans un genre ou dans un rayon mais à diffuser le plus possible pour tous les passionnés de musique complexe, pensée et articulée avec intelligence.

  1. Calonyction girl
  2. Whisper ineffable
  3. Abyss hinge 1: Sleeping birds sighing in roscolux
  4. Abyss hinge 2: The shrinking armature
  5. Cartogram out of phase

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

hororo a écrit 395 articles sur Eklektik.

Up Next

Du meme groupe

Groupes cités dans la chronique

Vous pourriez aussi apprécier

2 Commentaires

  1. Faya says:

    gros album, tout en lenteur et ambiance, que je trouve beaucoup plus prenant que le précédent. Kayo Dot n’est jamais aussi bon que quand il est sombre, pour moi.

  2. Bob says:

    J’ai finalement encore moins accroché à cet album qu’à Blue Lambency Downward. Je le trouve incohérent, ils lancent quelques notes de basse, des violons et une voix torturée (celle de Driver, très limitée et vite lassante), peu de variations, et surtout aucune surprise. Au risque de paraître vieux con je trouvais les deux premiers albums plus inspirés, avec des ambiances très travaillées qui portaient l’auditeur, des compositions riches qui confondaient les genres, le tout avec une certaine habilité. Là je trouve ça… plat et fade, lancé sans but.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *