Nether Regions – Into The Breach

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Style: Sludge atmosphériqueAnnee de sortie: 2011

4 têtes, le double de bras et un tamis pour récupérer les pépites. Nether Regions ce sont quatre zikos de Portland qui avec Into the Breach viennent suivre les caravanes parties pour l’Eldorado il y a de ça des saisons. Portland a beau se réveiller dans ses roses, depuis quelques années les observateurs préfèrent au parterre d’épines de l’Oregon, son bras armé qui a porté ses Toxic Holocaust ou Agalloch sur le devant de la scène. Plus proches des velléités anesthésiées des 4 zigs, des tourneurs fraiseurs comme Red Fang ou Rabbits et leur passion pour le propos fumeux et fumant en font des collègues locaux tout ce qu’il y a d’exemplaire.

Secoué par une dépendance sablonneuse à en faire couler du verre par hectolitre, avec Into the Breach on s’engouffre dans des paysages arides que l’américana aurait pu souligner de son eye-liner triple A, pour en brunir le regard, rapport au minéral et à une certaine simplicité qui donne une assurance au décor presque avenante même si celui ci est poncé par l’érosion abrasive de la saturation et vérolé par quelques effluves d’un Styx bouillonnant au marasme chaotique fondateur. Le souffle est toujours là , dans cet espace désolé où les textures s’animent comme dans le gosier d’un monstre affable. La digestion s’organise à l’ombre des palmiers, c’est Neurosis qui s’encanaille avec Black Sab dans la tempête d’accords où les infusions sonores se mêlent pour s’étirer et se bousculer. Une grosse rythmique, imperturbable, aux prises avec le réel à en rouler les assonances par paquet de douze, prend les choses en main en amont. Le brassage frappe par vagues comme des intempéries fugaces, rappelant le pays d’un High on Fire ou d’un Mastodon qui se seraient posés pour rédiger leurs mémoires.

Le vortex déroule son tapis de filaments avec son tissage dopé à la bonne grosse laine, de la bonne grosse fibre downtunée histoire d’avoir du moelleux  pour la sieste, une armature aux mailles bien établies histoire de frapper du motif à géométries variables mais pas trop non plus, pour rester dans le trip hypnotique, tourné vers le ciel changeant et virant au pourpre. Reste que quelques riffs bien aiguisés peuvent s’inviter à la fête rappelant la gouaille d’un Baroness chevauchant le dragon à certains moments. C’est Mike Lastra, l’ingé local, qui s’est occupé d’enregistrer l’album, il a aussi bossé sur les Red Fang et Witch Mountain, un enregistrement bien tassé qui manque peut être un poil de retour, voix faiblardes par exemple, ce qui n’empêche pas un son assez maousse de gratte et de la basse de l’ex SubArachnoid Space Joseph Wickstrom qui pose malgré ce manque de kerozen des vocaux bien trempés et goudronneux sur cet alliage sludgy cosmique aux yeux de crotale, parce qu’Into the Breach sait aussi poser son poncho plein de poussière et saisir l’occasion de charger au détour d’un break une petite accélération histoire d’ajouter au feuilletage, juste pour rappeler que la bête développe outre son potentiel pour la contemplation un côté assez velu pour varier son fond de jeu.

Monolithique et alambiqué un album qui aurait pu se prévaloir de la simple étiquette post-core si son côté sludgy fumeur de menthe n’était pas si prononcé, il fait bien mieux finalement, dans le sillage des mastodontes de la scène, les banditos de Portland sortent une galette à rouler dans vos feuilles et à fumer aussi sec.

http://netherregions.bandcamp.com/

http://www.youtube.com/watch?v=woaMknjRtok

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2 Commentaires

  1. Jimmy Jazz says:

    Ce son de gratte !!!
    On pense parfois à Bolt Thrower sur certains passages « rouleau compresseur ».

  2. Sisyfuzz says:

    Toujours un plaisir de lire vos chroniques jeune homme (quand bien même je peux douter d’avoir tout compris).
    Très bonne surprise pour ma part que cet album sorti comme qui dirait de nulle part, on pense biensûr fortement à High On Fire (le chant d’alcoolo) mais le groupe parvient quand même à se démarquer entre autres par un sens de la mélodie et des élans psychédéliques (j’aurais presque envie de faire un parallèle avec Yob ou Middian). Pour l’anecdote, ils semblent aussi avoir un humour graveleux, le nom du groupe désignant à la fois les enfers et une zone à laquelle l’absence d’hygiène peut aussi donner une certaine idée de l’enfer.

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