7 Metamorphosis, Op. 2 – Symphonie En La Mineure

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Annee de sortie: 2011

Plus facile qu’un puzzle 4 ans. Exactement le genre de fille qu’ils aimaient.

Sur la péniche, les tétons fêtaient l’été. Les peaux chaudes se chamaillaient dans un bordel à ciel ouvert, une bise nocturne soufflant dans les nez d’une génération perdue des poudres neigeuses, dans leurs poumons des herbes champêtres.

Entre ses ridicules seins coulaient quelques centilitres d’absinthe. Ils ruisselaient le long de son ivoirin ventre et s’embarquaient dans le tourbillon de son nombril avant d’être aspirés par la vorace bouche d’un des innombrables rapaces rampant le long d’un pont au sol à présent collant… et pas seulement d’alcool.

Sur la péniche, le son souffrait ses rythmes plats, plats, plats. Et plus monotones qu’un klaxon essoufflé, les mélodies peinaient à qualifier de musique ces sonorités distordues qui s’évadaient des humides enceintes. Tout au plus, ce son craquelant, à la limite du lugubre compte tenu de la tournure sodomite qu’avaient pris les choses, ce son craquelant à la répétition suicidaire, ce son craquelant à la dissonance cognitive, ce son craquelant servait de lubrifiant à des visages acnéiques à la libido déchaînée.

Elle regardait autour d’elle, les yeux blafards, les mains pleines, la bouche pleine, le nez plein. Pleine.

Elle regardait autour d’elle et souriait à sa jeunesse, clignant tendrement adieu à son innocence, accueillant joyeusement la tragédie de son âge adulte tout comme elle s’apprêtait à cueillir quelques condylomes des fleurs de chair érigées qui lui souriaient amoureusement.

Sur la péniche, les esprits de l’état second s’éveillaient merveilleusement. Tels un ballet contemporain à la métrique complexe, les corps bougeaient, glissaient, se mouvaient serpentins et tortueux, dans un festin charnel aux limites inconnues.

Elle se saisit de ce qui est proche et englouti, avale, caresse, serre, sniffe et lèche. Ses yeux grands et verts ne fixent aucun point plus de deux secondes. Ses yeux grands et verts sont la parfaite analogie de cette génération ; volage, inconsciente, évasive, fuyante, à l’attention aussi courte qu’une vie d’éphémère. Lol, dit-elle, ça fait un peu mal, dit-elle, pendant que dansent ces fleurs de chair en son for intérieur.

Sur la péniche, les lumières fondaient dans des mises au point confuses. Le flou gagnait les regards pour les perdre dans une beauté cinématique. Sur l’eau, d’un noir velouté aux ambiances dorées des spots s’y projetant, se reflétaient les bâtiments alentours ; massifs, vieux, vicieux, pleins de jugement, horrifiés mais ô combien satisfaits de cette grande bouffe pubescente qui se contorsionnait devant leurs regards amorphes.

Heureuse. Elle était heureuse. Elle était femme. Elle était grande, indépendante et forte. Elle était la voix de ses pairs. La voix stridente perdue dans des verbiages incompréhensibles au commun des mortels. Elle n’était vierge que de signe à présent. La petite Elle, du haut de ses 149 centimètres, accueillant ce soir-là autant d’hommes qu’elle avait vécu d’étés, titubant dans des talons aussi hauts qu’elle, vomissant à chaque pas impair qu’elle faisait et ravalant douloureusement sa morve à chaque autre pas, écartant de temps à autre sa chevelure sombre et collante, mordant le vernis bleu de ses ongles très français. La petite Elle, du haut de ses 14 ans, avait passé une soirée « mais putain, mais voilà quoi, au top ».

OYC

7 Metamorphosis est une série de 7 très courtes fictions écrites en 7 pronoms personnels et basées sur 7 notes. Ces courtes fictions, aussi appelées microfictions ou nanofictions, focalisent sur les vies rock n’ roll de la jeunesse contemporaine.

Chroniqueur

OY C

"Sticking feathers up your butt does not make you a chicken." -- C.P.

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