Flourishing – The Sum of All Fossils

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Style: twisted metal Annee de sortie: 2011Label: The Path Less Traveled Records

Il y a quelque chose d’opaque dans l’air, de ces microparticules qui envahissent les poumons comme à haute altitude. Dans les déambulations des archéologues il y a toujours ce mouvement qui participe à la remontée d’un temps fantasmé, une remontée masquée par les mètres de l’Histoire qui nous sépare de l’origine de théories en devenir. Les outils sont là, posés en vrac, une pelle, des échantillons du smog New-Yorkais, quelques dispositifs expérimentaux pour les ravitaillements en air frais, la machine s’emballe.

À peine nées qu’elles nous échappent déjà, à peine esquissées qu’on imagine la prochaine découverte. Le fil conducteur est là, dans le fond de la pièce un mec gueule : « Vas-y essaie de penser à un truc auquel personne n’a jamais encore pensé » en se marrant, la poussière plein les draps les gens se réveillent alors que des types sont en train de faire des travaux dans leur salon. La machine qui s’emploie à fractionner la matière brute du sol utilise des couronnes aux tiges en fibre de titane renforcé, un truc allemand peut être. Les tricônes actionnent leurs picots dans des mouvement rotatifs symétriques, la terre divulgue ses premiers secrets. Le formiate de Césium saturé dans l’eau permet d’aller chercher la première cavité sans difficulté. Alors oui ça sent la mine de charbon, mais bordel c’est aussi la fête aux métaux dans la cheminée qui nous mène vers l’intérieur.

 

Après les contorsions, les torsades et les écritures prosaïques à peine déchiffrées sur les murs, les squelettes découverts à même le sol nous donnent l’impression d’une relecture de notre patrimoine. Ils existaient déjà et nous avec eux finalement. Sur ces hautes montagnes qui habitent la planète c’est encore la préhistoire de toutes façons. Dans le reflet des gels de polymère qui baignent les parois de la grotte se dessinent déjà les expériences qui entameront de nouveaux processus savants. Dater, étiqueter, rassembler, la procédure se met en place. Machinale comme la logique, la démystification est spéculative et source de connaissance, de formules pour articuler de nouveaux mots dans ce langage commun. Les instruments de mesure retrouvés il ne resterait plus qu’à établir le protocole pour valider les résultats significatifs, s’il y en avait. Il y a cette intuition qui parcourt l’expérience, presque rassurante, cette réflexion sur l’anticipation qui nous place sur les traces paradigmes connus ou espérés : le boson de Godflesh, le mur de Gorguts ? On peut chronologiquement remonter les perspectives jusqu’à établir une évaluation concrète de la découverte, on ne finira jamais de parler de l’ère d’après, jusqu’à le respirer par homonymie.

Les pistes s’enchevêtrent, les doubles intentions se multiplient, il y a quelque chose de généreux dans l’action de soulever la matière pour jouer avec le côté moléculaire et mortuaire de la temporalité. Le mouvement d’après, fut un temps, c’est finalement quand il a été que Flourishing nous le raconte. C’était plutôt bien, et en plus ils y ont mis le cœur. Racé.

http://www.youtube.com/watch?v=jZDv57l5gyg

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2 Commentaires

  1. Storum says:

    Belle prose ;)

  2. Zepekegno says:

    Superbe chronique pour un album qui m’a bien coupé la chique… Comme une force tellurique parfaitement maîtrisée qui servirait d’outil à l’édification d’une cathédrale faite de voûtes métalliques et de flèches d’acier… On fait pas le malin à l’écoute de ce disque, oh que non.

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