Le grand soir

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Annee de sortie: 2011

Delépine et Kervern filmant Poelvoorde et Dupontel : en bref, la promesse d’un film loufoque et de dialogues grinçants.  Et en découvrant que le récit relate des bribes d’existence de l’auto-proclamé « plus vieux punk à chien d’Europe » et de son frère, on se dit que l’on tient peut-être là une œuvre plus proche des fulgurances corrosivo-poétiques de Bernie que de la fadeur bien-pensante qui caractérise malheureusement trop souvent le genre de la comédie française.

Seulement, le sujet atypique se retrouve rapidement rattrapé par un scénario assez prévisible. La critique de l’autorité et de la société de consommation sombre rapidement dans le manichéisme lorsque les réalisateurs y opposent la vie de « Not », présentée comme plutôt amusante et quasi-agréable. Contrairement à celle de son frère, employé au départ soumis qui aura pourtant tôt fait de rejoindre celui qu’il considérait comme un loser. Cependant, ce parti pris ne serait pas bien gênant s’il ne sombrait dans un (pseudo) anticonformisme ultra-calibré et manquant cruellement de verve. Excepté quelques séquences, le film déballe un comique plutôt convenu, à la manière d’un vieil acteur de théâtre un peu fatigué qui aurait déjà maintes fois répété son rôle. Si le résultat n’est pas foncièrement mauvais, il n’en reste pas moins que le film s’enlise dans un cinéma totalement normé par sa propre volonté d’auto-subversion, relativement insipide et sans surprise.  Quant à la réalisation, plutôt sobre et classique, elle manque toutefois cruellement d’imagination pour pouvoir insuffler un surplus d’originalité et de panache au film.

De la provocation, du chaos et de la rébellion du punk, Le grand soir n’extrait finalement qu’un fade anticonformisme, une esquisse de révolte plus proche d’un syndicalisme de routine que de l’autodestruction folle d’un Johnny Thunders.   Malgré quelques scènes réussies, les « Grolandais » Gustave Kervern et Benoît Delépine livrent une œuvre qui ne mérite les qualificatifs de décalée et de subversive qu’en prenant pour mètre-étalon un certain cinéma « grand public ».  Grâce à des acteurs qui font le boulot et à un comique de routine qui déroule sans surprise, le film demeure cependant plutôt divertissant, mais bien loin de l’esprit « punk » revendiqué, comme en témoigne la quasi-unanimité des critiques (positives). Loin, bien loin du parfum de scandale entourant les œuvres véritablement explosives et décalées.

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Commentaire

  1. drommk says:

    super article. Faudra que je le mate pour me faire une idée, mais effectivement, ça sent un peu le formatté.

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