2012 en 12 titres 20/20

Annee de sortie: 2013

Un radio mix de 12 morceaux, choisis parmi ceux qui m’ont le plus marqué dans les sorties de 2012 :
« Death In The Eyes Of Dawn » de Enslaved, « Lб Bealtaine » de Wobbler, « Whiskey Sipper » de East Of The Wall, « Into The Void » de Klone, « Quake Meat » de Astra, « Scarlet » de Periphery, « Menta » de Mestis, « Consider Yourself Judged » de Tram, « Giant Steps » de Panzerballett, « Holomovement » de The Contortionist, « These Colours Don’t Run » de Architects, « Dead Letters » de Katatonia
 

Enslaved – « Death In The Eyes Of Dawn »
C’est « Death In The Eyes Of Dawn », 2ème titre de l’album, qui a ma préférence sur le dernier Enslaved. Majesté du riff de base, simple mais qui acquière une richesse certaine grace à des arrangements subtils. Une ambiance plus chaleureuse que dans la plupart des morceaux du groupe, mais la voix acerbe de Grutle puis ses spoken words démoniaques ont tôt fait de replonger dans le monde glacé du groupe. Bel exemple de titre progressif, qui prend son temps pour s’installer, sur un mid-tempo entraînant  pour déboucher sur un pont agressif et psychédélique, délire chaotique qui retombe sur ses pieds pour finir dans un duo de guitares acoustiques tripant. [Faut pas les faire chier les gars, 20 ans de carrière à jouer au Viking.]

Wobbler – « Lб Bealtaine »

S’ensuit le 2ème titre du 3ème album d’autres norvégiens, Wobbler. Il est en fait sorti en 2011 mais vu l’absence totale de notoriété du groupe, je n’hésite pas une seconde à en sélectionner ce morceau. Le but de ce groupe est clairement de reprendre un genre musical précis, le rock progressif que les pays anglo saxons ont produit entre 1969 et 1974. Et ils le font admirablement bien, composition soignées, exécution impeccable, chant aigu guilleret dans la lignée de Yes. Le groupe ne copie directement aucun groupe, leur musique n’est pas pompée sur King Crimson ou ELP, ils ont une personnalité propre tout en s’inscrivant dans un courant musical. L’utilisation de claviers typiques de l’époque, mellotron, orgue Hammond, minimoog, Fender Rhodes, clavinet, harpsichord, autant de nom éveillant des souvenirs d’une époque de liberté, de psychédélisme et de prouesses musicales. [Leurs claviers sont plus intéressants que leur gueule.)

East of the Wall – « Whiskey Sipper »

On entre ici dans un autre univers après les coeurs de monde enchanteurs de Wobbler, même si on reste dans le registre du rockprogressif. East of the Wall ont une base beaucoup plus urbaine, en phase avec l’époque, ce qui se ressent tout de suite par le fond de tension qui règne alors même que l’intro se déroule en douceur. La basse saturée puis les roulements animés sur la caisse claire font monter la sauce, puis c’est au tour d’un autre des 3 guitaristes de poser sa voix rageuse digne d’un Neurosis dans une surenchère qui s’achève en apothéose. [Sérieux de rigueur pour ces « guys next door » de l’amérique profonde.]

Klone – « Into The Void »

Sûrement le groupe français auquel je suis le plus attaché. A vrai dire je ne saurais comment j’ai découvert le groupe à la sortie de Duplicate, leur premier album en 2003, sûrement sur le webzine VS, toujours est-il que ce fut un coup de coeur et que ça l’est resté depuis. Yann n’est arrivé dans le groupe que sur le second album, a d’une certaine manière repris le style vocal que le groupe avait élaboré sur Duplicate, y apportant une dose de feeling incroyable qui fait depuis de cette voix mélodique, puissante, toujours au bord de l’explosion, l’élément le plus marquant de la musique du groupe. Ce morceau du 5ème album du groupe The Dreamer’s Hideaway en est un exemple flagrant. [Pourquoi il y a t il un extincteur sur cette photo?]

Astra – « Quake Meat »

Attachez vos ceintures, départ pour les étoiles, voyage psychédélique dans le temps, direction les 70s pour cet autre groupe de prog nostalgique de cette période. Les guitares sont saturées et gorgées d’effets phaser/flanger, mais tournés vers le riff, l’intro de « Quake Meat » en témoigne, mais le morceau passera par plusieurs phases, dont des passages planants on où se trouve propulsé dans un trip lumineux sous fond de nappes de mellotron. J’ai découvert ce groupe californien avec ce second album et immédiatement accroché à leur musique qui évite je trouve les travers de beaucoup de groupes psyché en proposant des compositions construites sur des riffs plus que sur des jams indéterminés, chaque morceau a des mélodies souvent complexes mais toujours marquantes. Autre point positif, les claviers reprennent les sonorités les plus tripantes des 70s, évitant les sons kitsh qui ne tardèrent pas à arriver dès la fin de la décennie. [Une illustration de Caza, auteur de BD connu pour avoir dessiné pas mal de pochettes de roman de science fiction.]

Periphery – « Scarlet »

Le groupe de Misha Mansoor aura réussi son pari, ce second album étant indéniablement un succès (au moins commercial). Fanatique du 1er album, je les attendais au tournant et je dois avouer que ce Periphery II m’a interloqué, cet assemblage disparate de brutalité, de mélodies vocales osées et de délires progressifs a de quoi surprendre. Jusqu’à ce que je réalise à quel point leur musique s’était améliorée sur de multiples points. « Scarlet » y fait figure de morceau le plus direct et mélodique, ce morceau ce déroule comme un flux ininterrompu, des riffs à bases d’arpèges saccadés incessants se succèdent dans un déferlement notes débordé par la performence du batteur. Un tube anti-tube. [Ils peuvent bien essayer de jouer au durs, ils ont des gueules de gros geeks!]

Mestis – « Menta » et T.R.A.M. – « Consider Yourself Judged »

Animals As Leaders était à l’origine le side project du guitariste Tosin Abasi, il devint un groupe à part entière avec l’aide d’un autre guitariste ami d’enfance d’Abasi, Javier Reyes. Celui a sorti cette année le court EP Basal Ganglia sous le nom de Mestis. J’avais hâte d’écouter ce que donnerait les compositions de Reyes, je m’attendais à vrai dire à quelque chose de plus inspiré par la musique latine étant donné ses origines, mais son jeu est en fait plus surprenant, expérimental, à la croisée entre les styles de Animals as Leaders et T.R.A.M..
Pendant longtemps, je n’ai jamais été un grand fan du son des cuivres en général, et d’autant moins le sax que la trompette, mais je m’y suis mis peu à peu, et chez T.R.A.M., le sax (joué par un ancien membre de The Mars Volta) est omniprésent et se comporte d’une manière assez originale. « Consider Yourself Judged » est un choix comme un autre dans ce premier EP sorti cette année, un des titres les plus mouvementés du quatuor (le batteur est celui de Suicidal Tendencies) qui affiche d’emblée leur parti pris, 2 guitares 8 cordes travaillant également comme basses, très rythmées, un batteur jazz évoluant dans un solo permanent et un sax free survolant le tout. J’espère franchement que ce projet parallèle n’en restera pas là. [Sur la photo Abasi et Reyes avec Thordendal de Meshuggah et un gratteux de Unearth, tous quatre par « endorsés » par Ibanez.]

Panzerballett – « Giant Steps »

Les allemands sont toujours aussi décidés à allier metal et jazz fusion et démontrent encore une fois leur savoir faire même si j’attend encore l’album qui fera d’eux un groupe vraiment remarquable. Grosse présence du saxophone sur « Giant Steps » qui apporte immédiatement sa part de jazz, éminemment nécessaire pour cette reprise de John Coltrane, morceau de l’album du même nom datant de 1960. Si la progression d’accord est la même, le thème principal du morceau est complètement remanié à la sauce Panzerballet, la mélodie se retrouve dans une version bien plus énergique et rythmée, doublée par une guitare saturée, Coltrane revient par moments sous la forme de leads de saxophone, mais des parties carrément metal reprennent le dessus. Avec ce morceau Panzerballett parvient à développer un son réellement à cheval entre jazz et metal, il ne leur reste plus qu’à arriver à réitérer sur un album entier.

The Contortionist – « Holomovement »

Un des morceaux les plus excellents de l’année, dans ce qui n’a plus grand chose à voir avec le deathcore du 1er album du groupe, même si quelques passages dans le genre le parsème. The Contortionist ont fait un bond en terme de créativité sur ce second album qu’illustre à merveille ce morceau phénoménal qui plonge dans un futur de science-fiction, où sonorités synthétiques et organiques se mêlent sur des gammes énigmatiques, des progressions d’accords dissonants dérangés quelques fois par des assauts de guitare saturés. Le chant poursuit dans ce parti pris, il semble provenir du fond de l’intelligence artificielle d’un vaisseau fantôme poursuivant une course infinie dans le cosmos, voix éthérée dénuée d’émotions. Le morceau pourtant traverse des moments entre calme et tempête comme les épisodes d’une aventure de space opéra.

Architects – « These Colours Don’t Run »

Je m’étais éloigné du groupe anglais Architects après un album très décevant les voyant sombrer dans une version édulcorée de leur metalcore chaotique. Après cet échec auquel eux-mêmes ont consenti, le groupe semblait vouloir repartir sur les bases qui avaient assuré sa notoriété, ainsi ce n’est pas par hasard que « These Colours Don’t Run » fut le premier morceau mis en écoute par le groupe. Le résultat n’en est pas moins assez cliché mais terriblement bien réussi et réussi à dégagé une tension palpable tout du long jusqu’au breakdowm final dantesque.

Katatonia – « Dead Letters »

L’album a reçu une volée de bois vert, non? De mon côté dès l’écoute de ce morceau, le dernier de l’album mais le premier disponible en écoute, j’étais conquis par ce retour de Katatonia qui personnellement m’avait par contre déçu avec Night is the New Day qui pourtant avait bien plu à certains. Comme quoi ça dépend beaucoup des goûts de chacun. Cela dit, l’album s’inscrit dans la continuité de leur discographie, la mélancolie glacée de leur metal est toujours aussi prégnante, la voix de Jonas Renkse ensorcelante, mais leur musique se développe dans un son plus moderne, lourd et enveloppant, et des compositions progressives travaillées dans les moindres détails. C’est particulièrement présent sur « Dead Letters ». [Jonas Renkse éternel adolescent mal dans sa peau]

2012 en 12 20/20 by Jonben on Mixcloud

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Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 528 articles sur Eklektik.

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