Sylvan – Sceneries

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Style: rock progressifAnnee de sortie: 2012

L’Allemagne va encore déclencher une vague de germanophobie à cause de Sylvan. 6 ans après le sublime Posthumous silence, 5 ans après le mésestimé (parce que moins prog ?) Presets et 3 ans après le sympathique Force of gravity, on a droit à un double album regroupant 5 titres allant de 15 à 20 minutes découpés en 3 ou 4 parties. Le genre de pièce pas franchement facile à appréhender.

Pourtant, je suis immédiatement tombé sous le charme de Sceneries, à tel point que, dès sa sortie en février, j’ai pensé que la compétition pour l’album de l’année était pliée. Mais je me suis dit aussi qu’un tel pavé devait se laisser mieux apprivoiser et qu’il convenait de le laisser se reposer quelques temps. Le temps a passé, les humeurs ont changé et je n’ai plus été dans une période favorisant l’écoute de prog rock. L’arrivée du Marillion ayant eu, entre autres, le mérite de me replonger dans ce type d’ambiance, me voilà à nouveau paré pour tenter de dire tout le bien que je pense de Sceneries.

Et pour dire tout ce bien, je commencerai… par les défauts, histoire qu’on les oublie aussi rapidement qu’on les aura abordés. Premièrement, je reste un peu sur ma faim pour la production. Certains passages manquent de clarté, le mélange voix/claviers/guitares est un peu brouillon lorsqu’on pousse le volume. Ça n’est pas la catastrophe de la décennie mais c’est tout de même un peu dommage car on n’écoute pas ce genre de musique pour accompagner un thé/biscuits. Deuxièmement, et c’est un peu plus gênant bien que plus logique : proposer 90 minutes de magie avec un concept structurel aussi exigeant relevait de la gageure inaccessible. Pour le dire autrement, certains titres (ou parties de titres), bien qu’excellents, apparaissent au bout de quelques écoutes comme des points faibles en comparaison des bijoux qui composent la grande majorité de l’album.

Venons-en d’ailleurs à ces derniers puisqu’il est temps de passer à ce qui permet à Sylvan de mériter une place de choix en 2012. Le souci du détail et de la variété me semble être une marque de fabrique encore mieux gérée qu’auparavant ; à ce niveau-là il est presque inutile de saluer le travail vocal de Marco tellement il est remarquable. Il accompagne parfaitement les contrastes de l’album : puissant, fragile, chaleureux, aérien, émouvant.

Le grand « gagnant » reste toutefois Jan Petersen qui assoie définitivement son statut de guitariste magistral ; la tâche était ardue puisqu’il fallait définitivement faire oublier Kay Söhl, parti fin 2007. Aussi bluffant sur les passages calmes, acoustiques que sur les gros riffs bien plombés (« The words you hide » ou « The waters I travelled, part 3 » et son côté Metallica période Black album), son jeu rend inutile la comptabilisation des frissons qu’il peut provoquer.

Bien qu’il soit (légèrement) inégal (comment ne pas l’être ?), Sceneries n’ennuie jamais, transporte souvent, bouleverse parfois. Les parties de claviers, moins pompeuses qu’auparavant, n’y sont pas pour rien. Certains passages font même penser au groupe néo classique Ashram (« Share the world with me, part 2 »). Cet album a su porter la fragilité de Presets à son apogée, il l’a transcendée.

Il y a une vie après Posthumous silence, Sylvan l’ont magistralement démontré ici. La question est maintenant de savoir s’il peut y avoir une vie après Sceneries.

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Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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