Black Sabbath – 13

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Style: Heavy MetalAnnee de sortie: 2013Label: Vertigo, UniversalProducteur: Rick Rubin

Un nouvel album du Sab’ avec Ozzy, la bonne blague, ça fait au moins quinze ans que j’en entends parler, depuis que j’ai découvert le groupe en fait. Régulièrement, je pouvais lire des news, des interviews remettant le sujet sur la table. Et dès qu’un rapprochement se faisait sentir, incroyable, tout partait systématiquement en couille. En vrac : « Je préfère me consacrer à ma carrière solo», « J’aime pas ta femme », « Et mes thunes, elles sont où mes thunes ?» « L’autre, il picole trop », « L’autre, il se drogue », « Joker, j’ai un cancer »… Surtout que rien ne justifiait pareille entreprise. Tony Iommi ayant déjà bien écorché le nom du groupe durant une quinzaine d’années après le départ de Dio en proposant des enregistrements de qualité très variable avec des chanteurs de passage souvent prestigieux mais non moins incongrus, Black Sabbath s’écrivait bien mieux au passé qu’au présent.

Et déjà se pose un problème, à savoir que cet album ne peut pas être au niveau des six premiers, pépites intouchables qui ont écrits la légende du Rock mais surtout du Metal. Sans compter le petit goût d’authenticité en moins car le groupe aura assumé son côté Spinal Tap jusqu’au bout grâce à la rétractation pas vraiment claire de Bill Ward au dernier moment pour une histoire de contrat. Va pour Brad Wilk extrait de Rage Against The Machine alors mais ça pique un peu tout de même. Autre souci majeur, Black Sabbath a été pillé, imité, célébré par des milliers de groupes à travers le monde. Pour couronner le tout, les scènes Doom et Stoner ont explosé durant la dernière décennie et ont développé les riffs de Iommi à l’infini. Comment donc faire en sorte de pondre des compos qui mettent tout le monde d’accord et d’éviter les réflexions cruelles et prévisibles  qui souligneront que les jeunes font la même chose en mieux?

Dès la première écoute, il est donc facile de se dire que la réponse proposée est la meilleure : auto célébration avec un gros son. Rick Rubin aux manettes pour un rendu costaud de chez costaud qui fait sonner la musique de manière massive voire malheureusement un poil rigide et un brin pataude par moments mais donnant une véritable ampleur sur l’ensemble. Autrement pas de prise de risque, le groupe a donc  choisi de se référer exclusivement à ses premiers albums et particulièrement au premier éponyme et à Paranoïd. Huit titres comme à la bonne époque, Iommi qui dégaine ses accords caractéristiques et des solis plutôt bien sentis, Butler qui fait claquer royalement la basse et un Ozzy père la morale qui – soulagement – est débarrassé des effets atroces qui recouvraient sa voix sur son dernier album studio en date. Un Ozzy plutôt en forme d’ailleurs même si certaines lignes de chant  sonnent forcément un peu fatiguées compte tenu du riche passé du personnage. Le seul véritable bémol est pour moi le jeu de batterie de Brad Wilk rigide et prévisible. Faisant évidemment regretter Bill Ward, il souligne cette production imposante et fait parfois preuve d’un certain manque de feeling. Bien que compétent, il n’arrive pas à faire oublier que nous n’avons pas affaire à la formation d’origine dans son intégralité.

Je vais éviter de détailler les rapprochements évident entre 13 et ses prédécesseurs (Ozzy ressort même l’harmonica sur « Damaged Soul ») car ces similitudes sont un petit jeu à elles toutes seules. Mais il serait injuste de forcer la caricature en criant à un auto plagiat. « End of Beginning », « God is Dead ? », « Damaged Soul » ou « Dear Father » sont des compositions se suffisant très bien à elles-même et prenant de l’épaisseur au fil des écoutes. A noter que tous ces morceaux durent environ huit minutes, format auquel le groupe ne nous avait que peu habitué et qui lui sied tout à fait. Tous les morceaux ne sont pas inoubliables (« Loner », bof) ou réveillent parfois des souvenirs meilleurs (« Zeitgeist » fait regretter ce feeling si particulier de « Planet Caravan ») mais rien de répréhensible et l’album coule tout seul en collant un goût de reviens-y pas désagréable. Et en tant qu’amateur de longue date, j’avoue éprouver un petit sentiment de soulagement à entendre que le groupe ne s’est pas raté.

C’est donc avec dignité que le groupe nous fait ses adieux, la conclusion de l’album laissant peu de doutes à ce sujet (la pluie, l’orage, les cloches). Car sortir un opus de ce prestige 43 ans après ses débuts est la marque des grands. Du plus grand. L’influence des prolos de Birmingham se fera sentir encore longtemps.

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5 Commentaires

  1. jonben jonben says:

    Je n’avais pas fait attention à cette sortie, mais la chronique m’a donné envie d’écouter et j’ai été surpris, c’est certes sans originalité, du pur Black Sabbath (avec les défauts que je trouve à leur musique d’habitude, en premier lieu la voix faiblarde d’Ozzy), mais bien foutu, avec de bons riffs.

  2. Angrom angrom says:

    Très bon disque. Un come-back très honorable qui ne salit pas le nom du groupe, c’est là l’essentiel. Et ca évitera une setlist 100% best – of lors des prochains concerts

  3. Nocturnalpriest says:

    Chronique dont je partage l’opinion, album dans la lignée des 6 premiers qui ne pourra jamais atteindre leur prestige et n’aura forcément pas leur influence, mais un putain de plaisir et de soulagement tout de même !

  4. Kane says:

    Non. Pas emballé perso par ce nouveau Black Sab’. Pourtant le retour d’Ozzy tout ça… Je n’arrive pas à accrocher, non pas que ce soit mauvais, loin de là, mais il manque quelque chose.

  5. Kane says:

    Ca y est y’a eu un déclic. Il a suffi que je me le mette lorsque il s’est mis à faire un temps de merde la semaine dernière. Pluie + nuages noirs + 13 = formule gagnante.

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