Seasick Steve – Hubcap music

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Style: Blues qui fait saigner les gencivesAnnee de sortie: 2013Label: Fiction Records

Visiblement le précédent album de Seasick Steve s’est bien vendu puisqu’on peut comprendre, dès les premières secondes d’écoute de Hubcap music, que le barbu à salopette pleine de cambouis s’est fait installer l’électricité chez lui. On peut être content pour lui. Mais faut-il s’en réjouir ?La réponse est aussi évidente que la pochette est moche et le titre de l’album moyennement inspiré : carrément. Ceux qui connaissent déjà dans quel type de « garage » Seasick Steve bosse ne seront pas étonnés que le son ait souvent des roubignolles aussi grosses que des enjoliveurs ; cependant, et si on l’a encore à l’esprit le titre introductif de son prédécesseur direct You can’t teach an old dog new tricks, l’effet de surprise est tout de même au rendez-vous : le propos sera moins dépouillé puisque ça attaque avec le vitaminé et quasi ZZ TOPien « Down on the Farm ». 3.52 minutes plus tard, on est déjà convaincu que l’Américain a en sa possession – et jalousement gardée – la formule magique d’un blues qui allie avec brio modernité et classicisme.

S’entourer de talents plus jeunes n’est pas pour rien dans cet ancrage dans le présent : après le superbe titre americana « Over you », Seasick Steve donne à Jack White (ex White Stripes, The Dead weather) l’occasion de nous lâcher un solo déjanté sur le machiavélique « The way I do » ; Luther Dickinson (Black Crowes, North Mississipi Allstards), quant à lui, vient taquiner le bottleneck sur « Home » ; afin de calmer le jeu et de perdre en rudesse, le vieil homme non amère nous propose également une balade country en compagnie (charmante) d’une jeune chanteuse, Elizabeth Cook. Du sang frais et un songwritting particulièrement inspiré font rarement mauvais ménage.

La suite n’est d’ailleurs qu’une succession de morceaux qui ne demandent qu’à être écoutés à fort volume pour faire taper du pied (« Home », « Freedom road ») ou évoquer des terres poussiéreuses, arides contemplées à la tombée de la nuit, une bouteille de bon alcool à proximité (« Hope », « Heavy weight »). Peut-être histoire d’humidifier les lèvres de l’auditeur à la gorge sèche, l’album se termine par un « Coast is clear » un poil mielleux où Seasick Steve se fait plus crooner. Étonnant mais pas rédhibitoire. De toute façon, aucune éventuelle daube n’aurait pu effacer le plaisir procuré par l’écoute des petits copains qui constituent Hubcap music.

A plus de 70 berges, être suffisamment souple pour faire le grand écart entre 2 siècles de musique force inévitablement le respect. Bravo, merci et tâchez, cher Steve, de tout faire pour finir au moins centenaire en sachant vous ronger les ongles des pieds sans assistance extérieure.

Site officiel

Tracklist :
1/Down On The Farm
2/Self Sufficient Man
3/Keep On Keepin’ On
4/Over You
5/The Way I Do
6/Purple Shadows
7/Freedom Road
8/Home
9/Hope
10/Heavy Weight
11/Coast Is Clear

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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