Interview – Cowards

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Annee de sortie: 2015

Interview réalisée par mail en février 2015.

1. Petite question chiante pour débuter cette interview, les traditionnelles présentations du groupe. Alors Cowards: Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?

C’est à la fois très simple et très banal. Cowards c’est 5 types qui se connaissaient pas tous entre eux, réunis autour du projet commun de faire le son qu’on aurait voulu pouvoir écouter tranquillement chez nous, quelque chose de sincère, bas du front et hostile. Ça fait 3 ans qu’on est en jeu, sans grands objectifs à vrai dire, sinon avancer, sans autre agenda que d’abuser de tout.

2. J’ai fait référence dans mes chroniques de vos précédents albums à votre rapport au temps, comme si « Shooting Blanks & Pills » et « Hoarder » avaient été sortis dans la précipitation (très peu de temps après la création du groupe). Or pour « Rise To Infamy », vous semblez avoir pris votre temps puisqu’il vous a fallu quasiment un an et demi pour le sortir. Est-ce que vous avez changé quelque chose dans votre mode d’écriture et de composition pour cet album ? (qui est donc moins spontané ? Plus écrit ?)

Pas vraiment en fait. C’est sûr qu’on a bossé plus profondément pour le Rise…, disons plutôt qu’on avait des objectifs mieux définis après nos deux premières sorties. Mais le SB&P était déjà à moitié composé quand on a monté le groupe et on avait gardé deux chansons de ces sessions là, qu’on pensait sortir en split d’abord, mais qu’on a décidé de compléter par trois autres chansons, qu’on s’est mis à écrire dès juin 2012, à la sortie de SB&P, moment où on a booké 3 jours de studio pour Hoarder en avril 2013.

On s’est mis dans la même dynamique à la sortie de Hoarder en septembre 2013 sauf que cette fois ci on voulait vraiment faire un album, pas un EP, et qu’on avait aucune chanson d’avance. On a booké nos cinq semaines pour octobre 2014 un an à l’avance et si les délais de pressages n’étaient pas si longs on aurait pu le sortir fin 2014 pour garder notre rythme de sortie… En terme de mode d’écriture, rien n’a vraiment changé sinon qu’on a poussé le travail d’arrangement, toutes les secondes guitares qu’on voulait avoir. C’est déjà quelque chose qu’on voulait travailler avant mais on n’avait pas vraiment eu le temps. Là, avec une année entière à voir venir le studio, on était vraiment à l’aise.

Niveau spontanéité, ça peut paraître bizarre mais c’est quelque chose qu’on a essayé de préserver, vu qu’on fait une musique vraiment débile et qu’on voulait garder ça, on pouvait pas se permettre de trop intellectualiser… On travaille de manière assez basique mais on se prends pas la tête des mois et des mois sur les chansons, si on n’est pas content du truc en deux ou trois essais (répète, jam, appelle ça comme tu veux) on le jette et on passe à autre chose. Alors évidemment on a des semaines à vide mais ça finit toujours par revenir. Deux ou trois chansons ont même été écrites sous notre propre contrainte, tout réside dans l’affinage basse/batterie et les arrangements au final. On est des escrocs.

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3. Entre son noir et blanc granuleux et sa strangulation (?) – qui a d’ailleurs fait naitre des interprétations un poil exagérées, n’est-ce pas Dyingscene ! – la cover de Rise To Infamy sied parfaitement à son contenu. Pouvez-vous en dire plus sur l’aspect visuel de Cowards et ce que vous avez voulu transmettre avec cette cover ?

Depuis le début du groupe on joue avec les ambivalences, dans les textes, dans le choix des reprises qu’on veut faire, dans notre logo et on avait essayé pour les deux précédents artworks déjà d’avoir un résultat qui puisse soutenir cette ambivalence mais les covers finales n’avaient pas ce côté. On a bien failli rater encore une fois, on était parti sur un artwork complètement différent avec un autre type mais on a dû mal s’exprimer, le résultat était dégueulasse.

On commençait à se dire qu’on était baisés pour la cover et pour une sortie rapide, on allait entrer en studio ça devenait compliqué à gérer. Mais on s’est rappelé d’une illustration que Camille Blanchemain nous avait proposée quelques mois auparavant et qu’on avait prévu d’utiliser pour un t-shirt… En la réexaminant on s’est dit qu’elle était parfaite, en plus de ça on commençait à avoir une vision plus globale du disque et on le trouvait très orienté sur la femme, alors on l’a contacté pour qu’il fasse deux autres illustrations pour compléter l’artwork. Quant à transmettre quoi que se soit, le simple fait de lire les réactions que ça a pu provoquer nous satisfait pleinement… Grosse, grosse surprise pour nous, ça nous avait même pas effleuré que ça allait autant chialer sur cette illustration. On l’a même choisie pour son côté hyper soft, peut-être pas accueillant mais certainement pas extrême.

 

4. Toujours au niveau visuel (et audio), vous avez sorti un clip pour le titre « Bend The Knee ». Sombre, glauque et chaotique, il est lui aussi parfaitement en accord avec la musique que vous produisez. Vous pouvez m’en dire plus sur sa conception et son tournage ?

On y est presque pour rien à vrai dire, Matthias (Throatruiner) nous avait parlé d’un type en Pologne qui voulait faire des teasers pour les groupes du label, Jakub de Chariot Of Black Moth, alors on l’a contacté, il nous a fait un teaser/clip pour Frustration (Is My Girl), qu’on a adoré alors on lui a proposé d’en faire un plus long pour Bend The Knee. On lui a à peine donné un genre de cahier des charges et carte blanche pour le reste.

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5. Au niveau du contenu de « Rise To Infamy », votre son possède une fois de plus ce côté urbain/réaliste (aspect que l’on retrouve d’ailleurs fortement au niveau des paroles). Est-ce qu’on peut parler d’une mise en musique de Paris et de ses bas-fonds ?

Non, pas le moins du monde. Déjà, on ne fréquente pas les bas-fonds et on ne voudrait pas usurper ce genre de réputation quand même. Au pire on fréquente les beaufs-fonds. Ensuite, on comprend qu’on puisse imaginer une mise en musique de Paris parce qu’on vient de Paris mais si ce fait était inconnu, qui pourrait déduire Paris de nos paroles, notre musique ? On l’a déjà dit mais c’est toujours aussi vrai, quelle que soit la ville, pourvu qu’on reste dans les mêmes cercles socioculturels d’une ville de taille similaire, la vie sera vécue de la même manière. Le reste n’est qu’une question de point de vue, de perspective et peut-être que notre ironie, dédain, mépris et notre désenchantement sont très parisiens, mais on ne se pose pas la question.

 

6. Sortie après sortie, on sent que la haine va en mode crescendo sur vos albums. Quelles sont les inspirations, les motivations de cette fureur ?

Il n’y a pas à chercher bien loin : la routine non sollicitée d’une vie de labeur au contact permanent de nos soi-disant pairs qui se laissent couler au quotidien, dans l’ennui, dans la fuite, la médiocrité, l’ignorance, la crédulité, le manque d’éducation… Sans projet, sans direction, ils sont tous tellement prévisibles et fatigants.


7. On vous compare souvent à Kickback. Est-ce que ce comparatif vous flatte ou vous énerve à la longue ?

Ni l’un ni l’autre véritablement. On se réclamera volontiers de leur côté brut et abrasif, de cette sincérité dans la haine, on partage clairement certaines pensées et évidemment, No Surrender a eu un impact sur la musique qu’on fait. On a lu quelques critiques amusantes concernant notre Rise…, notre préférée disait « carrément moins percutant que No Surrender », on a trouvé ça chou, on n’a jamais dit ni pensé remplacer, ou reprendre le flambeau de Kickback, on est probablement plus les rejetons bâtards indésirés et indésirables de leur son, le genre de fils indigne qui vole les sapes de papa pour faire ses propres blagues. Au final on reste quelqu’un d’autre, au grand désespoir de tout les fans éclairés que Kickback a laissé orphelins, on est plus le nouveau mec pas très sympa de maman que le nouveau papa, et on a nos sales habitudes rien qu’à nous.

 

8. « Rise To Infamy » sort une fois de plus chez Throatruiner et Ruins (ainsi que Deadlight pour le digipack). Comment se passe la collaboration avec les labels et comment êtes-vous face à la démarche de laisser son album en téléchargement gratuit ?

Tout se passe très bien avec tout le monde, on a la chance d’être entourés de tout ces types qui nous font confiance depuis le début, sans nous connaître ni d’Eve ni d’Adam auparavant. On n’est pas encore allé très loin dans le game mais sans eux on en serait encore à faire des concerts pour les copains à la cave de répète.
L’histoire du téléchargement gratuit c’est vraiment rien, on est au courant depuis le départ qu’on allait pas racheter la playboy mansion avec nos étrennes de musique et le but reste quand même d’être là à tout les feux rouges, donc plus il est facile de pécho notre son, mieux c’est.

 

9. Quelles ont été vos principales sources d’inspiration pour « Rise To Infamy » ? Des albums ? Des livres ? Des films ?…

Presque rien d’extra musical à vrai dire. Beaucoup de musique, de Booba à Iggy Azalea, en passant par Celtic Frost, Kickback, Arkangel et Gehenna. Et Groundhog Day bien sûr. La liste peut être très longue donc on va en rester là, les standards.
Et le reste du monde bien sûr, ce petit spectacle vivant qui se déroule chaque jour sous nos yeux blasés de parisiens.

 

10. Avez-vous des projets pour 2015 ? Tournée ? Nouvel album ?

Niveau enregistrement on va pas tarder à se mettre à bosser sur un nouvel EP, en visant une sortie pour l’été prochain, en imaginant qu’on arrive à sortir quelque chose qui nous plaise, ne soyez pas déçus tout de suite, pas de promesse.
En terme de concerts, on finit de boucler la première partie de notre tournée pour soutenir la sortie de l’album, on va commencer par quelques dates de chauffe dans l’ouest, Poitiers, Nantes, Rouen et Caen, on y croisera Matthias avec CALVAIIRE à Nantes d’ailleurs. Ensuite on va partir à travers l’Europe du 23 avril au 8 mai. Il va y avoir une série de trois dates qui devrait être assez intéressante les 14, 15 et 16 mai et on va sans doute se faire une petite semaine dans l’Est de la France avec un peu de Suisse du 3 au 6 juin.
On bosse aussi sur une tournée qui passerait par le sud de la France, l’Espagne et le Portugal pour la fin septembre.

 

11. Merci à vous pour votre temps et pour vos réponses. Je vous laisse le mot de la fin.

Merci à toi.

 

Photos: Facebook

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