Periphery – Juggernaut

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Style: djent/metal progressifAnnee de sortie: 2015

J’apprécie Periphery depuis leurs débuts et j’ai été comblé par ce nouvel album, du coup cette chronique sera un panégyrique, vous êtes prévenus. C’est ici leur 3ème album seulement mais le groupe poursuit sa route depuis plus de 10 ans, son exploration d’un genre musical qui pour certains a été initié par leur leader Misha Mansoor : le djent, évolution du metal progressif sous l’influence de groupes eux-mêmes uniques et précurseurs, Meshuggah, Dream Theater, Sikth. Groove, versatilité, complexité, sont les buts à atteindre pour des musiciens ayant souvent eux aussi des goûts musicaux vastes et variés.

Juggernaut est un double album, 2 CDs, 2 noms, Alpha et Omega, 2 intros. Un album au concept assez énigmatique, une sombre histoire d’un personnage au cœur d’un maléfice, mais le texte n’est pas forcément leur fort et la compréhension des paroles n’est pas nécessaire pour apprécier le metal comme la plupart des musiques. Le sujet pose en tout cas une ambiance sombre, malsaine avec tout de même de nombreux éclairs de positivité. Pour les fans : Juggernaut reprend un peu l’ambiance des morceaux introductifs et conclusifs du précédent album, soit « Muramasa » et « Masamune ».

Le concept permet au groupe de proposer une histoire avec ses rebondissements, et donc des morceaux très différents les uns les autres, du metal/rock burné avec un chant emo/pop, des titres longs et progressifs, des guitares acoustiques, des outro jazz fusion élaborées, des instrumentaux, d’autres rivalisant en férocité avec Meshuggah qui reste une influence majeure au niveau gros son/rythmiques. Et il y a du riff typique djent Peripheryque en pagaille bien sur.

Juggernaut est plus versatile que les albums précédents du groupe et progressif de bout en bout. Les 2 parties sont assez homogènes mais on peut quand même remarquer que Omega est à la fois plus complexe, sombre et agressive que Alpha. Comme d’habitude avec ce groupe, il faut un paquet d’écoute pour comprendre ce qui se passe, même pour les morceaux d’abord facile grâce au chant pop. Les 3 guitaristes et le batteur sont toujours hyper éloquents derrière, chaque morceau possédant plusieurs écoutes possibles. Ce batteur est décidément un des meilleurs de la scène metal actuelle et les guitaristes ne sont pas en reste, je ne me lasse pas de réécouter les solos impeccables des 3 soloistes. Il n’y a guère que la basse à faire son job sans artifice avec moult slap sur les parties djent bien sur.

La musique est à la mesure du chant, qui développe une palette impressionnante. C’est là où le bât blesse pour certains, le chant de Spencer Sotelo prend fréquemment des tournures emo, adolescentes, mais ce n’est qu’une facette de sa voix qui passe aussi par tout un spectre de cris et growls, et il est excelle dans tous.

Depuis les modestes débuts de Misha Mansoor il y a 10 ans, seul derrière son PC à bidouiller ses premiers morceaux, Periphery est devenu un groupe à part entière et ce nouvel album est indéniablement l’oeuvre d’un groupe faisant preuve d’une belle cohésion. Le bassiste Nolly Getgood semble avoir surtout été recruté pour ses talents de producteur, la prod’ est tout bonnement énorme, les distorsions puissantes et claires à la fois ce qui permet de déceler les subtilités d’une musique très chargée.

Ce double album devrait en toute logique plaire aux amateurs des albums précédents du groupe, et vice versa les défauts que pouvaient leur trouver leurs détracteurs sont toujours les mêmes, grandiloquence, putasserie pop, chant maniéré, Meshuggah light. Periphery ne laissent pas indifférents et leurs qualités en tant que musiciens et compositeurs reconnues.

Periphery est le Slipknot des années 2010, un groupe au son absolument « metal » mais proposant une approche capable de plaire aux jeunes non encore fans ultimes de metal tout en lorgnant en même temps franchement vers le metal extrême. La grosse différence étant que la population en question a bien changé, on est plus en face d’ados post-grunge déprimés, mais de d’ados ouvert sur le monde, boulimiques en musiques de toute sorte, en particulier progressive.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

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