Enabler – Fail To Feel Safe

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Style: crustcore/metalAnnee de sortie: 2015Label: Century Media

Si vous avez un peu suivi les news spécialisées ces dernières semaines, vous êtes sûrement au courant de ce qui secoue en ce moment Enabler. Si ce n’est pas le cas, sachez que le groupe de Milwaukee est en ce moment en stand-by suite aux révélations faites par Amanda Daniels, la bassiste du groupe. Celle-ci a en effet accusé Jeff Lohrber, guitariste/chanteur (et leader) du groupe, et son compagnon jusqu’à récemment, de viol. Alors que ce dernier a tout démenti dans un communiqué, le batteur s’est rangé derrière les dires de sa bassiste et a donc claqué la porte du groupe. Difficile voire impossible de savoir qui dit vrai ou de prendre parti pour l’une ou pour l’autre, en tous cas un tel évènement si peu de temps avant la sortie d’un nouvel album est quelque peu particulier pour l’appréciation de celui-ci.

En occultant tout ça (du moins en essayant) et en prenant ce Fail To Feel Safe (au titre presque ironique désormais) comme un nouvel album lambda, on remarquera que celui-ci reprend peu ou prou les codes habituels dont Enabler nous abreuve depuis ses débuts. Comme sur All Hail The Void ou La Fin Absolue Du Monde, le trio poursuit son chemin dans sa mixture de crust, de metal et de hardcore, toujours aussi variée entre passage tendus à l’extrême et mélodies accrocheuses. Des mélodies, tant vocales qu’instrumentales, qui prennent d’ailleurs de plus en plus de place et risquent de faire grincer les dents des fans de la première heure (les fins de « By Demons Denied » ou « Isolation Sickness » voire « Malady » dans sa globalité qui apportent davantage d’harmonies « planantes » que les plus exigeants pourront trouver trop faciles). Des passages qui, couplés à ces accès furieux, se révèlent pourtant particulièrement efficaces en dépit d’être novatrices.

Fail To Feel Safe s’inscrit donc dans le sillage des précédents albums d’Enabler, soit un cocktail désormais plus que reconnaissable et qui fonctionne parfaitement. Restent les à-côtés qui ont fait parler (et continueront à faire parler) et passeront sous silence le véritable potentiel de cet album, le premier (et dernier ?) sous la bannière Century Media. Maintenant on peut prendre les paris: un retour avec un nouveau line-up quand le soufflé sera retombé ou un beau gâchis ? L’avenir (et sûrement la justice) nous le dira…

Krakou s’incruste dans la chronique…

Beunz a dit l’essentiel et je n’ai aucune envie de revenir sur les sordides histoires qui entourent le groupe et concernent exclusivement les protagonistes de l’affaire.
Si je m’incruste c’est pour dire que je suis pour ma part beaucoup plus positif quant à ce nouvel album qui me fait l’effet d’une grosse mandale bien violente. Même si je reste en effet un grand fan du premier album All Hail the Void (que Lohrber rejette un peu aujourd’hui pour sa production -il est vrai- trop propre) il y a fort à parier que Fail to Feel Safe devienne mon favori d’ici quelques semaines. Il est en tout cas à mon avis largement supérieur au précédent album, qui avec le recul m’avait pas mal déçu et qui ne tourne quasiment jamais chez moi.

Quant au virage mélodique évoqué par mon camarade, il doit à mon sens être légèrement précisé et relativisé : déjà Enabler, ça bourre toujours violemment (et ça tombe bien, c’est ce qu’on attend de ce groupe!), beaucoup de titres de cet album restent d’une grande violence (dès l’entame « Suffer to Survive » le décor est bien planté, voir aussi les furibards « Drownage » et « Demolition Praise » absolument dantesques), tout à fait équivalente à celle des titres des précédents albums. Il y a même quelques nouveautés avec une certaine lourdeur sludge qu’on retrouve sur le titre final « Sabotage Within », « Euphoric Revenge » ou le final d' »Isolation Sickness ». Le virage mélodique évoqué se retrouve vraiment sur quelques titres et il est d’abord vocal avec l’incursion nouvelle de vocaux clairs que Lohrber utilise à chaque fois en doublant ses propres vocaux arrachés (« Fail to Feel Safe » qui démarre sur les chapeaux de roue avant ce lumineux et épique refrain schizophrénique, le final de « By Demons Denied » en effet, le superbe « Isolation Sickness » ou « Sail the Sea of Fire », et bien sûr le dantesque « Malady » sur lequel Lohrber ne se double pas, mais semble pour le coup se répondre de ses 2 voix), avec également des parties de guitare plus mélo mais jamais niaises. Le résultat est inédit chez Enabler, et s’il surprend de prime abord voir désarçonne sérieusement (du fait d’un timbre clair presque juvénile qui étonne vu la sauvagerie de sa voix dominante), il finit par convaincre et convainc en tout cas bien davantage que les tentatives de chant féminin moisi sur un titre du précédent album. Et au final ces ajouts apportent une note de désespoir et d’émotion à des compositions qui sont à la fois sombres, violentes et poignantes.

Et puis il y a « Malady », un titre vraiment superbe, qui représente aussi parfaitement ce léger virage mélodique, et qui aurait d’ailleurs fait un parfait final pour l’album si « Sabotage Within » n’avait pas été retenu. On croit qu’on va avoir affaire à une ballade, avant que le côté épique et la lourdeur s’invitent au menu et nous foutent complètement à genoux. Fabuleux vraiment.

J’avais regretté le choix de cette production foireuse retenue pour La Fin Absolue du Monde et je continue de penser qu’elle rend l’album brouillon et nuit à sa qualité globale. J’ai donc été enchanté de constater que la production de Fail to Feel Safe est juste parfaite : ni trop claire ni trop sale, elle met en valeur les compositions vraiment inspirées de ce cru 2015.

Je me félicite aussi du fait que le passage du groupe chez Century Media n’ait en rien entaché leur rage qui reste franchement intacte. Je suis par contre plus dubitatif sur les choix artistiques du groupe, puisque je trouve la pochette assez moche une fois de plus (mais moins que la précédente cela dit) mais pour moi Enabler sort cette année un superbe album qui devrait facilement s’incruster dans mon top 10 annuel. Ce groupe représente un peu à mes yeux le successeur des regrettés Burnt by the Sun , non pas que leur style soit immédiatement similaire, mais dans le sens où les deux groupes partagent ce côté « pan dans la gueule », efficace et rageur, et représentent à mon sens l’incarnation du défouloire parfait, fusion parfaite du hardcore et du métal.

Bref pour moi la sortie de cet album (malheureusement entachée par la triste actualité évoquée par Beunz) constitute un évènement majeur de cette année en cours, pourtant riche en belles sorties. Ne passez pas à côté!

  1. Suffer To Survive
  2. Fail To Feel Safe
  3. By Demons Denied
  4. Euphoric Revenge
  5. Isolation Sickness
  6. Sinister Drifter
  7. Sail The Sea Of Fire
  8. Haunted
  9. Drownage
  10. Demolition Praise
  11. Malady
  12. La Furia
  13. Sabotage Within

Bandcamp

beunz
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