Shrine of insanabilis – Disciples of the void

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Style: black metalAnnee de sortie: 2015Label: World Terror Committee

Quand on a deux doigts de jugeote et qu’on voit débarquer un groupe de black metal allemand auquel s’est très rapidement intéressé l’excellente écurie (allemande elle aussi) World Terror Committee, on se dit qu’on est face à l’alternative suivante : soit un membre du groupe fait partie du staff du label ou baise la secrétaire de direction ; soit la musique va faire bobo aux fefesses. Malheureusement pour vos hémorroïdes, c’est la seconde option qui est exacte (notons qu’elle n’exclut en rien l’hypothèse de la première mais ceci ne nous regarde pas).

Rapide présentation de Shrine of insanabilis : on ne sait pas qui ils sont précisément, on n’a pas leurs pointures, on n’a pas leurs noms (en même temps qu’est-ce qu’on pourrait en foutre, on ne va pas les démarcher pour leur vendre des encyclopédies), on ne voit pas leurs visages (ils les cachent d’ailleurs ostensiblement sur les photos, ce qui est assez idiot et un peu factice, autant ne pas faire circuler de photos du tout). La timidité (ou l’acné excessive) n’est pas rare dans le black metal et traditionnellement le petit jeu de cache-cache correspond à la présence de membres de groupes déjà en activité et reconnus. Manifestement, ça n’est pas le cas ici, nous avons affaire à de réels nouveaux venus. Et c’est d’autant plus impressionnant. Car Disciples of the void fait une entrée plutôt fracassante sur la scène black et se démarque sans ambiguïté de la production moyenne de cette année. A titre de comparaison, on a pu avoir le même sentiment lorsqu’on débarqué leurs compatriotes Ascension en 2010 (les accointances musicales avec ce dernier ne sont d’ailleurs pas difficiles à repérer).

Aussi con et pléonasmique que ça puisse paraitre lorsqu’on parle de black metal, il convient de préciser que certains groupes proposent une musique réellement noire et malsaine. Le style a vu tellement de sous-genres émerger que n’importe quel premier venu voulant tester naïvement le goût acre du sang putride pourrait avoir du mal à adhérer à Disciples of the void s’il ne connait que Cradle of filth ou Solefald. Il faut donc avoir à l’esprit que ça tabasse sévère et que les atmosphères sont suffisamment rageuses et occultes pour donner envie de brûler tous les objets (ou les personnes) à proximité n’ayant pas une teinte (ou une âme) principalement noire. Précisons toutefois qu’il ne s’agit pas à proprement parler de brutal black ayant pour unique but de tout annihiler sur son passage (le break sublime de la pièce maîtresse « Invocation » et l’instrumental final au clavier sont là pour en attester).

La variété de tempi permet de captiver et garder l’attention de l’auditeur d’autant que le groupe a eu l’intelligence de ne pas étirer son propos sur un temps inutilement long ; les 41 minutes ne revêtent aucun caractère superflu, chaque titre a une identité bien marquée et évite l’écueil de nous perdre dans des tourbillons indigestes. La musique de Shrine of insanabilis est donc assez rapidement assimilable (ça n’est pas aussi dense qu’un Dodsengel par exemple) mais une multitude d’écoutes est tout de même nécessaire avant de savourer pleinement la qualité de ces 6 (vrais) titres (il y a 3 instrumentaux) flamboyants. Le phénomène de lassitude n’aura pas d’autre choix que de patienter sur le pallier pendant un bon moment contrairement à beaucoup de sorties qui font 3 petits tours et puis s’en vont.

La production puissante et rugueuse est impeccable pour ce type de black qui gagne à ne pas être aseptisé, il faut quand même que ça continue d’effrayer nos grands-mères et nos collègues de boulot. Certain groupes perdent en intensité en proposant un son trop léché qu’ils ne parviendront pas, en plus, à retranscrire sur scène. De ce point de vue, je ne suis pas trop inquiet pour les Allemands surtout au vu de l’exécution impeccable de la section rythmique (mention spéciale au batteur qui donne une assise on ne peu plus solide).

Là où d’autres se contentent d’adopter des codes musicaux comme on enfile un bleu de travail sans parvenir à générer une ambiance digne d’un style qui se veut intransigeant, Shrine of insanabilis nous assènent un black aux influences scandinaves (Dawn, Emperor, Craft, Ondskapt) légèrement teinté d’une touche française (Deathspell Omega, Merrimack) particulièrement redoutable et qui donne, fait rare, le sentiment que le groupe peut rapidement occuper une position de leader.

Un incontournable qu’il sera difficile de contourner.

 

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Tracklist :

01-End All

02-Ruina

03-Acausal Paths

04-(………..)

05-Invocation

06-Still of This Earth

07-Cycles and Circles

08-Acerbus

09-Omega

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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Commentaire

  1. ichimatsu says:

    Après un bonne dizaine d’écoutes, je peux dire que je ne me lasse pas de cette petite perle. Tout de suite je pense à des groupes tels que Thantifaxath, Liturgy, et même Gojira pour certains riffs.
    Ça défile grave dans l’escalade de la brutalité et dans l’extrême, la voix est excellente (ou du moins tel que j’apprécie), le batteur a tout compris et la production est à la hauteur de bien d’autre albums.
    Pour moi on est en plein progressive Black Metal ne serait-ce que par la production, mais par certain côté, assez mélodique aussi.
    Évidemment on en redemande parce que si on enlève (…….) et Omega, voire End All, on arrive à un pur concentré de 37 minutes, mais quel concentré…
    Merci pour cette très bonne découverte.

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