Red Harvest – Hybreed (reissue 2017)

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Style: Dark Ambient IndustrielAnnee de sortie: 2017Label: Cold Dark Matter Records

Voilà une sortie qui fait plaisir. Pour son contenu évidemment, mais aussi parce qu’elle vient d’un label français, Cold Dark Matter Records pour ne pas le citer, et d’un homme qui le dirige sans jamais que son honnêteté et sa passion puissent à aucun moment être remises en cause. On sent que les sorties de ce label, si rares soient-elles, sont travaillées avec une foi et une passion inébranlables. Vous allez me dire que Cold Dark Matter n’est pas le seul label de ce genre, et vous aurez raison. Mais qu’importe, ça fait du bien de se le redire, et quitte à enfoncer des portes ouvertes, de constater encore et toujours à quel point la dévotion et la passion sont décidément les plus beaux moteurs qui soient.

La preuve donc une nouvelle fois avec cette très belle réédition du troisième album de Red Harvest, groupe largement sous-estimé sur l’échiquier global metal/indus. Mais clairement le boss de CDM vous en parlerait beaucoup mieux que moi, lui qui est sans doute le fan numéro 1 en France (voire au-delà) de ce groupe.  Sans être un spécialiste du groupe pour ma part, j’en apprécie les albums depuis plusieurs années, même s’ils se font rares. A plus forte raison depuis la mise en hiatus du groupe en 2010, avant qu’un retour inespéré soit annoncé il y a peu, d’abord pour un concert de reformation en 2016 (dont l’enregistrement audio est d’ailleurs présent en bonus sur le deuxième disque), pour déboucher au final sur une nouvelle sortie du groupe qui semble se profiler (annoncée plus complexe et brutale que jamais, on en jugera le moment venu).

La réédition d’Hybreed est bienvenue, pas tant pour le dépoussiérage sonore qui l’accompagne, 20 ans après sa sortie originale, mais d’abord simplement car cet album est devenu difficilement trouvable aujourd’hui. Et c’est donc d’autant plus appréciable de voir le soin apporté à cette réédition : visuellement déjà, avec cette nouvelle pochette superbe qui parvient parfaitement à garder l’esprit de l’originale, tout en enterrant complètement cette dernière qualitativement parlant.

Après autant être clair, je ne vais pas essayer de vous la faire à l’envers : je n’avais pas écouté Hybreed avant de recevoir cette nouvelle version. Bizarrement, alors que je possède et ai adoré tous les albums du groupe depuis Sick Transit Gloria Mundi paru en 2002, je n’ai pas cherché à écouter les albums précédents. Cette réédition fut donc pour moi une parfaite occasion de rattraper en partie cette erreur, et ainsi constater que dès ce 3ème album, les norvégiens étaient déjà très forts pour concasser, écraser et installer des ambiances pesantes, industrielles et sombres.

Moins direct que les sorties suivantes mais arborant pour autant tous les oripeaux emblématiques du groupe, Hybreed conjugue parfaitement l’indus du groupe à la sauce ambient. C’est ainsi que l’on passe régulièrement d’une ambiance pesante et lourde, marquée par un tempo proche du doom (« On Sacred Ground », « The Lone Walk »), à des assauts plus frondeurs et directs mais toujours mélodiques (« The Harder They Fall », le final « The Burning Wheel » avec ses choeurs shamaniques ou encore « Monumental » le bien nommé par exemple), quand le groupe ne décide pas purement et simplement de mélanger ces 2 approches, comme sur le superbe « Underwater », largement monotone et répétitif dans son pattern rythmique, mais lumineux et habité par des éclairs mélodiques qui emportent et font céder toute résistance. C’est clairement la force de cet album, suffisamment varié pour que l’on ne s’ennuie pas à son écoute même lorsqu’on est plutôt allergique aux tempos lents. Il n’y a que l’interlude 100% ambient « Ozrham » et l’avant-dernier titre « In Deep » que je trouve personnellement trop longs (9min44 et 12min27), même s’ils contribuent aussi à l’installation et l’affirmation de l’atmosphère sombre et étouffante du disque. Un amateur d’ambient devrait au contraire en toute logique largement s’y retrouver a fortiori sur ces passages. Et c’est sans doute là le point important à considérer au moment d’approcher cette oeuvre sombre de 80 minutes : mieux vaut apprécier les longs morceaux, l’ambient en général et ne pas espérer retrouver en continu les passages burnés auxquels Red Harvest nous a davantage habitués sur ces œuvres suivantes.

Hybreed n’en est pas moins un album remarquable auquel cette réédition renforcée par un son remasterisé par Cyrille Gachet (Year of No Light, The Great Old Ones, Bagarre Générale) rend un hommage appuyé et de grande qualité. On s’aperçoit surtout que, indépendamment même du remastering (qui aide aussi bien sûr), cet album ne semble pas avoir pris une ride en 20 ans. Red Harvest incarnait déjà le summum de la noirceur industrielle et personne ne semble encore aujourd’hui capable de rivaliser sur ce terrain avec les norvégiens, maîtres du genre. Espérons que cette réédition contribue à sa modeste façon, à les faire davantage connaître.

A noter que les titres 10 et 11 de l’album se retrouvent en raison de contraintes techniques de production, sur le 2ème disque. C’est cette contrainte qui a également amené Cold Dark Matter à profiter de l’occasion pour nous mettre en bonus l’enregistrement (de très bonne facture) du concert de reformation de Red Harvest au Blastfest. Un mal pour un bien en somme…

[bandcamp album=2677807328 bgcol=FFFFFF linkcol=4285BB size=venti]

Tracklist :
CD 1:
1. Maztürnation 03:13
2. The Lone Walk 10:07
3. Mutant 03:42
4. After All 04:20
5. Ozrham 09:44
6. On Sacred Ground 09:34
7. The Harder They Fall 04:07
8. Underwater 08:32
9. Monumental 06:22

CD 2:
10. In Deep 12:27
11. The Burning Wheel 05:54
12. Omnipotent (Live BlastFest 2016) 04:12
13. The Antidote (Live BlastFest 2016) 05:15
14. Hole In Me (Live BlastFest 2016) 06:45
15. Godtech (Live BlastFest 2016) 03:43
16. Cybernaut (Live BlastFest 2016) 05:55
17. Mouth Of Madness (Live BlastFest 2016) 05:26
18. Sick Transit Gloria Mundi (Live BlastFest 2016) 02:40
19. Absolut Dunkel:Heit (Live BlastFest 2016) 04:16

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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Commentaire

  1. letatar says:

    Je découvre le groupe grâce à ta chronique et donc grâce à cette réédition. L’étiquette « dark ambient industriel » ne m’attire pas du tout en temps normal, je me suis donc fié au contenu de la chronique et à la superbe pochette pour tenter l’écoute. Et grand bien m’en a pris, l’atmosphère est terriblement envoûtante sur les morceaux lents comme sur les morceaux plus rythmés. Achat prévu !
    A noter la présence de Cato Bekkevold, batteur de Red Harvest avant de rejoindre Enslaved. Décidément la Norvège regorge de groupes incroyables !

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