Voyager – Ghost Mile

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Style: Metal Moderne ProgressifAnnee de sortie: 2017Label: IAV Records

Alors je ne sais pas pour vous, mais pour ma part je suis passé complètement à côté de Voyager (pas le programme spatial mais le groupe hein) durant ces dernières années. Je ne suis même pas sûr d’avoir entendu le moindre morceau de ce groupe. C’est d’autant plus étonnant que ce groupe est loin d’être tombé de la dernière pluie, puisqu’il existe depuis 1999 et qu’il est australien, et que j’avoue une tendance à l’apriori positif envers les groupes australiens.

Profitons donc de la sortie de Ghost Mile, 6ème album du groupe, pour rattraper ce gros loupé. Ça tombe bien puisque cet album est juste superbe et fait partie de mes gros coups de cœur de l’année. On verra plus loin qu’après un bon rattrapage sur les anciens albums du groupe, le groupe a évolué et même un peu changé par rapport à ses premières sorties.

Sur une base de metal moderne flirtant (mais flirtant seulement ne fuyez pas) avec le djent (la guitariste du groupe, Simone Dow, maniant avec beaucoup d’habileté d’ailleurs, une 7 cordes), Voyager balance des morceaux passionnants, mélodiques, le tout dans une atmosphère générale que je qualifierais de « lumineuse ». Il y a en effet un côté très positif, qui fait du bien, dans la musique des australiens. Ouais ce n’est pas si fréquent mais Ghost Mile est un album qui colle la banane et donne le sourire sans jamais se vautrer dans le niais. Bizarrement cet album me fait penser à ce que pourrait donner un Fallujah s’il virait toute la partie « death » de son registre. Difficile à imaginer certes, mais je ne peux m’empêcher d’effectuer ce parallèle en écoutant l’album de Voyager. Comparaison foireuse ou pas dès le démarrage de « Ascension » on décolle littéralement et le voyage sera aussi beau et passionnant jusqu’à la fin.

La faute d’abord à Daniel Estrin, ce chanteur à la fois génial et un peu improbable (on passera sur son look peu avenant) qui use d’un registre à 98% clair (un petit grognement death par-ci par là comme sur « What a Wonderful Day », « Ascension » ou « Disconnected »), et dont la voix est extrêmement mélodique, presque pop, rappelant même des chanteurs de groupe pop des années 80, comme ceux de A-HaDuran Duran voire Tears for Fears pourquoi pas. Et c’est exactement la voix qu’il faut poser sur des morceaux superbement mélodiques comme « As the City Takes the Night », « Ghost Mile », « Lifeline » ou même le presque dansant « What a Wonderful Day », morceau qui incarne le mieux cette tendance « positive » avec son côté quasi pop.

Dans un registre pas si éloigné, Voyager apparaît un peu dans le même sillage qu’un Vola, en peut-être encore plus mélodique et moins djent. On retrouve en tout cas ce goût pour la mélodie très mise en avant, et la classe absolue de la voix dans un registre proche de la pop.

Mais de pop il n’est pas vraiment question dans le fond, on reste dans un metal qui sait se faire agressif (mais toujours mélodique) et contrasté comme sur « Ghost Mile », sur lequel le groupe enchaîne un superbe passage aérien et un passage à la double quasiment digne d’un Strapping Young Lad en grande forme. On trouve aussi quelques passages un peu plus sombres comme ce pont sur « Ascension » où l’ambiance se fait plus inquiétante pendant plusieurs secondes. De même j’évoquais les accointances djent discrètes, elles sont particulièrement perceptibles sur « The Fragile Serene » et plus particulièrement au début de ce morceau, mais ne devraient pas perturber même les plus allergiques au style (dont je ne suis pas loin de faire partie).

Le groupe sait aussi habilement accompagner les guitares et la voix de Daniel, par des claviers, que ce soit en mode synthé d’arrière plan ou piano plus présent, claviers dont se charge d’ailleurs Daniel lui-même, conférant un côté légèrement « progressif » à la musique du groupe. Ecoutez par exemple le superbe (trop court!) interlude « To the Riverside », qui permet à la fois d’apprécier ce piano mais aussi les cordes vocales de Daniel. C’est beau à en pleurer mes amis. En faisant de ce mélange de richesse et d’accessibilité son point fort, le groupe réussit sur Ghost Mile à pondre un album sans déchet, superbe du début à la fin. A tel point qu’après avoir écouté les précédentes œuvres du groupe, je me risque sans mal à décréter que Ghost Mile est rien de moins que le meilleur album du groupe. Car les précédents, loin d’être ridicules, étaient toujours entachés à mon sens de quelques titres dispensables. C’est ainsi le cas du prédécesseur de Ghost Mile, sobrement intitulé V et paru en 2014 qui contient à la fois des petits bijoux comme « Hyperventilating » ou « Seasons of Age » mais aussi quelques titres moins réussis (l’album contient d’ailleurs 13 titres et aurait pu être débarrassé des quelques déchets pour gagner en efficacité). Je ne résiste pas à l’envie de vous coller sous le nez les vidéos youtube de ces titres :

Si l’on revient encore en arrière on constate que le groupe avait sur ses premiers albums, jusqu’à The Meaning of I, un côté heavy plus prononcé, et que la modernité du son, le côté un peu djent, ne sont finalement apparus que récemment, sur V (en 2014 donc). J’ai lu ici et là des avis considérant d’ailleurs The Meaning of I comme le meilleur album du groupe, alors que pour ma part je lui préfère à la fois les suivants mais aussi le précédent datant de 2009, I am the Revolution, qui contient lui aussi quelques pépites qui valent largement le détour et qu’une fois de plus je vous colle sous le nez :

Où l’on constate que les qualités de composition du groupe ne datent pas d’hier, même si ces compos ont un petit côté kitsch que n’ont pas les dernières œuvres du groupe. Le seul petit regret que l’on peut formuler quant à Ghost Mile, c’est la disparition des excellents solos de guitare (imputables à Simone a priori) qui parsemaient encore les compositions de V. Moi qui en général me passe facilement de solos de guitare dans le metal, j’étais étonnamment amateur des solos de la dame. Dommage donc même si l’essentiel est heureusement bien là.

Vous l’aurez donc compris, au-delà des qualités intrinsèques bien réelles de Ghost Mile, qui en font à mon sens l’un des albums de l’année, Voyager est aussi la grande découverte de l’année pour moi, un groupe que je vais suivre très attentivement à l’avenir.

Tracklist :
1. Ascension
2. Misery Is Only Company
3. Lifeline
4. Fragile Serene
5. To The Riverside
6. Ghost Mile
7. What A Wonderful Day
8. Disconnected
9. This Gentle Earth
10. As The City Takes The Night

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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3 Commentaires

  1. Equipe Eklektik jonben says:

    Effectivement un peu osée la comparaison avec Fallujah. Faudrait pas enlever seulement le death metal mais tout agressivité.
    J’avais juste vu quelques clips dans le passé et trouvé leur style un peu trop kitsch à mon gout alors que je suis pourtant fan de metal prog, la voix surtout est assez typée 80s, ils ont en général un coté pop 80s kitsch.
    J’aime plus le dernier, plus actuel, mais je préfère dans le genre Haken ou leurs compatriotes Caligula’s Horse, eux aussi à la musique assez lumineuse, ça doit être le soleil austral.

  2. shaq says:

    Très belle découverte, que je place pile au côté des danois de VOLA (le rapprochement entre les vocalistes est évident), pour ce mélange gourmand de Metal aux sonorités Djent et de Popsitive à la production léchée. Du baume pour les oreilles et de très belles compositions.

  3. Vinz says:

    Belle découverte merci… Dégaine un peu «poseur» comme au temps du hard fm 80’s… Mais la zique pop métal me botte… c’est effectivement lumineux et les analogies avec DTP me semblent de bon aloi. C’est très bon pour moi…

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