Redemptus est un trio portugais fondé en 2014 contenant en ses rangs Paulo Rui, aussi chanteur chez Besta (grind) et Verdun (sludge/doom de Montpellier). De ce background assez large, le groupe a choisi de s’inscrire dans un tempo similaire à ces derniers, jouant lui aussi un sludge/doom baigné d’une atmosphère bien crépusculaire, comme le veut le style. Every Red Heart Fades To Black est leur second album, un album idéal si vous êtes amateurs de lourds riffs rampants et de lumière éteinte.
C’est en effet un peu un retour aux fondements du style que nous offre ici Redemptus, tel un bond au début des années 2000. Et cela se vérifie dès l’album lancé: suite à une courte intro « In A Deep Hole » annonce la couleur via son titre: les riffs sont lourds et lents tandis que le vocaliste nous abreuve de hurlements incisifs collant parfaitement au reste. Le titre évoluera ensuite vers quelque chose de plus atmosphérique via les guitares aux mélodies envoûtantes lorgnant du côté d’un Panopticon ou d’un Salvation. Un puissant titre d’ouverture qui va être suivi par huit autres titres tout aussi excellents.
Par exemple « Opossable Guilt » qui fait un peu varier le tempo via des breaks et accélérations bien senties tandis que les guitares oscillent toujours entre aérien et pénombre. Mais plutôt que de ne faire que de la redite d’un style, Redemptus y apporte sa patte, ajoutant d’inattendus spoken words scandés pendant « A Grim Reminder » (contrastés par les vocaux parmi les plus profonds que le chanteur ait à nous offrir), même chose pendant l’éthéré « At The Altars Of Competition » où les vocaux désespérés (et plein d’écho) font leur effet au milieu de notes de guitare, de piano et d’effets étranges créant un décor mi serein/mi tragique.
« Across This Ocean Of Grief And Beyond » revient à du postcore plus typique: de son intro post-rock avec lente montée, quelques samples vocaux puis c’est parti ! L’ambiance est particulièrement épique sur celle-ci, récupérant l’aspect émotionnel des premiers Rosetta. Une chouette sensation qui se renouvellera ensuite sur « Unravelling The Garden Of All Forking Paths » dont l’atmosphère se révèle tout aussi renversante (avec un contraste « voix chuchotée/grosse voix » assez saisissant), ultra épique. « Pile Of Papers » tranche clairement ensuite avec sa rythmique et son groove dans une optique plus rock’n roll, avec une accélération bien rugueuse. Les deux derniers titres dénotent eux aussi, « Peered Into Everyone’s Fate » qui joue sur l’ambivalence éthéré/nerveux (comme une réponse à « At The Altars Of Competition ») puis surtout le final dépressif « May This Chamber Of Secrets Enclosure My Heaviest Burden » débutant par des enregistrements vocaux de gens parlant d’un décès de proche sur fond de post-rock auquel vient ensuite s’ajouter la voix claire de Paulo Rui, ajoutant une dose d’émotions aux histoires venant d’être entendues. La suite de ce titre fait revenir les atours post du groupe avant de conclure avec un retour de ces enregistrements.
Réussissant à récupérer les meilleurs éléments du postcore école « Cult Of Neurisis » tout en parvenant à prendre des libertés, d’où la naissance d’un sentiment de nostalgie mêlé à cette tonalité dramatique intense, ce second album de Redemptus est au final une très jolie réussite. Chaudement recommandé !
- Faint And Distant Whispers
- In A Deep Hole
- Opossable Guilt
- A Grim Reminder
- At The Altars Of Competition
- Across This Ocean Of Grief And Beyond
- Pile Of Papers
- Unravelling The Garden Of All Forking Paths
- Peered Into Everyone’s Fate
- May This Chamber Of Secrets Enclosure My Heaviest Burden
Pour moi un des meilleurs groupes de l’underground Portugais en ce moment