Bring Me the Horizon – Amo

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Style: néo rock popAnnee de sortie: 2019Label: RCA / Sony MusicProducteur: Oliver Sykes & Jordan Fish

Peut-être l’album qui fera couler le plus d’encre numérique en ce début d’année 2019, ce nouvel album des anglais de Bring Me the Horizon va (fort logiquement) diviser. Le groupe s’y éloigne en effet encore plus drastiquement de ses racines metalcore pour proposer quelque chose de radicalement différent. Vraiment radicalement différent…

Ce n’est pourtant pas comme si on n’avait pas pu prédire ce changement de style déjà perceptible partiellement sur Sempiternal, mais surtout sur That’s the Spirit, album sorti en 2015, et qui voyait déjà le groupe se rapprocher globalement du style d’un Linkin Park pour faire simple. Mais avec Amo, les anglais mettent désormais les deux pieds dans la pop, à grand renfort d’électronique, et évidemment ça ne va pas plaire à tout le monde. Rien qu’en écoutant les deux singles ci-dessous, vous serez sans doute fixés sur le grand écart stylistique proposé par le groupe, à la fois comparativement à ses œuvres passées, mais aussi au sein même de l’album. « MANTRA », comme d’autres titres de l’album, est en effet certainement le titre le plus proche de ce que l’on trouvait sur le précédent album du groupe. C’est donc sans aucun doute la raison pour laquelle ce titre a été choisi comme premier single histoire de ménager les fans… en attendant le coup de grâce qui allait venir notamment par le (pourtant) excellent « nihilist blues ». Un titre qui surprend en faisant la part belle au synthétique, flirtant complètement avec la techno voire la dance, avec le renfort collaboratif de la miss Grimes dont on connaît (et apprécie) l’excentricité et le goût pour les effets de style. Les allergiques aux sonorités synthétiques en seront immédiatement pour leurs frais, d’autant que l’album lui-même démarre par un titre faisant déjà très largement la part belle à l’électronique, « i apologize if you feel something » étant une gentille intro éléctro, sur laquelle la voix de Sykes est complètement trafiquée. Le chant de Sykes est d’ailleurs un élément-clé dans la métamorphose du groupe puisqu’il est régulièrement noyé sous les effets, au point d’en devenir méconnaissable comme sur « Ouch » (titre qui démarre sur un énigmatique « tu as tué mon bébé » en français dans le texte) ou « Fresh Bruises » qui apparaissent comme de purs titres électro sans le moindre aspect rock.

Les titres sur Amo font donc selon les cas, plutôt écho à la facette néo-métal pratiquée par le groupe récemment (« medicine », « mother tongue »), tandis que d’autres creusent encore le sillon de cette pop électronique.

La volonté de changement est donc clairement affichée, et avec elle la prise de risque évidente de s’aliéner une grande partie de la fan-base du groupe, même si on imagine que beaucoup de fans des premiers albums ont déjà du faire sécession avec le groupe sinon depuis Sempiternal, certainement sur That’s the Spirit. Et tant pis pour eux… Car au lieu de nous proposer un metalcore générique et redondant, ce que propose Bring Me the Horizon sur Amo, s’avère finalement plutôt intéressant et même rafraîchissant, quoiqu’encore imparfait (le pompeux et trop long « i don’t know what to say » qui tente le coup de l’orchestration outrancière). Evidemment il vaudra mieux s’intéresser un minimum à la pop et avoir une certaine sympathie pour des groupes comme Twenty One Pilots (un titre comme « in the dark » n’étant pas très éloigné du registre du duo)… Ressentir une certaine nostalgie pour le néo-métal de notre jeunesse aidera peut-être aussi à cerner et savourer le côté presque Limb Bizkitien (normal puisque le titre est issu d’une démo qui devait voir BMTH collaborer avec Fred Durst et sa bande) d’un titre comme « Wonderful Life » (sur lequel Dani Filth vient poser sa voix sur quelques couplets).

L’album est prenant, très varié et parvient à maintenir l’attention durant toute sa durée, avec quelques fulgurances et en particulier ce « Heavy Metal » dont j’ai beaucoup de mal à m’empêcher de l’écouter en boucle. L’ironie du titre du morceau, et l’honnêteté avec laquelle Sykes fait part de sa crainte de ne plus être « aimé » du fait du changement de style de son groupe, couplés au riff principal proprement jouissif et à la participation de Rahzel (The Roots) qui vient faire profiter de ses talents de beatbox, en font un moment fort particulièrement jouissif.

J’ai beau être bien conscient qu’il ne s’agit en rien d’un album génial ou particulièrement marquant globalement, rien n’y fait : c’est clairement l’album qui revient le plus souvent dans mes oreilles ces derniers temps et je prends un pied pas possible à l’écouter. Il marquera donc en tout cas à n’en pas douter mon année musicale. Coup de cœur personnel donc!

Tracklist :
1. i apologize if you feel something
2. MANTRA
3. nihilist blues (feat. Grimes)
4. in the dark
5. wonderful life (feat. Dani Filth)
6. ouch
7. medicine
8. sugar honey ice & tea
9. why you gotta kick me when i’m down
10. fresh bruises
11. mother tongue
12. heavy metal (feat. Rahzel)
13. i don’t know what to say

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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Commentaire

  1. jonben jonben says:

    C’est dans l’air du temps, je remarque que les gens la vingtaine que je connais qui écoutent du metal (enfin metal facile/gentillet) ne sont pas dérangés par la pop actuelle, electro dance comme trap qu’on entend en boite et que perso je trouve insupportable. Du genre de ce BMTH le deuxième titre ou le « Heavy Metal » que je suis allé écouté je trouve ça insupportable. Le riff de Mantra encore le fait bien mais j’aime pas pour autant la voix/diction, j’ai jamais apprécié quoique ce soit de ce groupe en meme temps.

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