« Americana metal », voilà une étiquette que je pense n’avoir jamais croisé auparavant. Huntsmen l’a adoptée en sortant le surprenant American Scrap (2018) avec comme justification leurs inspirations folk et country ainsi que leur goût pour raconter des histoires. Des histoires (ici illustrées dans un véritable roman graphique lisible avec l’album physique, signé Danny White) qui mélangent donc tradition et influences sci-fi dans une musique très riche, quelque part entre prog et doom/post-metal.
L’histoire contée est celle d’un soldat déployé pour la première fois avec un focus sur les conséquences de la guerre sur sa personne avec ses nombreux traumatismes. Et tel un film, la musique de Huntsmen complète cette narration avec des morceaux très variés. L’ouverture « Ride Out » donne le ton de cet album, passant de guitares acoustiques (avec un joli boulot sur les harmonies vocales, avec l’apparition furtive de celle d’Aimee Bueno, désormais membre à part entière du groupe bien que sous exploitée sur cet album) à des passages post-metal bien appuyés.
Une diversité dans cet excellent titre d’ouverture qui va donc se poursuivre tout au long de ce Mandala Of Fear. Passant d’instrumentaux atmosphériques à la manière d’un Russian Circles (« Atomic Storms », « Pirates Of The Waste », bien groovy) à du post-metal bien imposant avec voix hurlée de rigueur (« A Nameless Dread », avec quelques blasts bien sentis), en passant par des moments plus calmes comme « Loss » (instrumental minimaliste) ou « God Will Stop Trying » (avec la voix angélique de Bueno sur l’intro, un titre qui finira par s’assombrir par la suite), Huntsmen dessine de nombreux paysages, souvent désertiques ou plus tempétueux. Entre tristesse et désolation, et renforcés par un sens de la mélodie émotionnelle totalement en phase avec la thématique (bien que le côté americana se soit réduit par rapport à l’album précédent), le groupe parvient aussi à se montrer plus catchy sur l’immédiat « Bone Cathedral » ou « The Swallow », titre-fleuve entre groove et retenue.
Fort de son concept très original, Mandala Of Fear demande une attention particulière pour en déceler tous les détails, ce qui sera assez fastidieux à apprécier d’une traite. Car avec une heure vingt au compteur, il est assez délicat de conserver toute son attention au maximum tant il est dense. Peut-être un peu trop ? Sûrement que ces nombreux instrumentaux nuisant un peu à la conservation du sentiment épique général auraient mérité d’être un peu raccourcis (ou bien auraient-ils donné autre chose avec des vocaux ?). Un défaut qu’on pourrait peut-être qualifier d’excès d’ambition ? Peut-être. Sans atteindre la majesté d’American Strap, ce nouvel album contient de nombreux moments forts qui devraient agripper sans problème l’oreille des amateurs de sludge atmosphérique.
- Ride Out
- Colossus
- Atomic Storms
- God Will Stop Trying
- Pirates Of The Waste
- Hill People Drugs
- Bone Cathedral
- A Nameless Dread
- Awake At Time’s End
- Loss
- The Silver Lining
- The Swallow
- Clearing The Sand