Dance Gavin Dance – Afterburner

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Style: Math/Post Hardcore meets PopAnnee de sortie: 2020Label: Rise RecordsProducteur: Kris Crummett & Drew Fulk

Cette année 2020 sera malheureusement évidemment marquée pour toute l’humanité par cette saloperie de COVID 19 et tout le bordel autour.  Sur un plan beaucoup plus léger et personnel, musicalement cette année 2020, peu importe ce qu’elle nous réserve d’autre jusqu’à son terme, sera pour moi l’année de la découverte de Dance Gavin Dance. Un groupe au patronyme ridicule que j’ai assimilé aux horribles Panic at the Disco, et que j’ai donc pris soin d’éviter au maximum depuis 15 ans (le groupe s’est monté en 2005). Et voilà que Dance Gavin Dance est depuis quelques mois devenu de loin le groupe que j’écoute le plus et l’objet d’une passion aussi étonnante que sincère.

C’est ce nouvel album, Afterburner, écouté sans attente particulière (évidemment) qui m’aura totalement fait plonger dans l’univers du groupe. Pour ceux qui ont comme moi passé toutes ces années sans écouter une seule note du groupe, une petite présentation s’impose. Créé en 2005 donc, ce groupe américain est à classer dans un post-hardcore très mélodique (et de plus en plus) brassant également des influences de math-rock, ou post-rock. Les caractéristiques majeures du groupe sont à mon avis de deux ordres. Le premier a trait au guitariste et compositeur principal du groupe, Will Swan, fondateur du groupe, et qu’on pourrait définir comme une sorte de geek génial, véritable surdoué de la six cordes et dont le jeu très identifiable (et très math rock) participe ÉNORMÉMENT à l’identité du groupe. Sans lui Dance Gavin Dance ne pourrait plus être Dance Gavin Dance. A tel point que chaque album du groupe sort en deux versions : avec chant et instrumentale, et on imagine que Will Swan a pas mal d’adorateurs qui aiment se délecter de son jeu particulier sans avoir à « subir » les particularités du chant chez Dance Gavin Dance qui contrebalance les tricotages math-rock assez étonnants (et qui m’ont ponctuellement rappelé The Mars Volta, en particulier sur le titre « Something New » qui figure sur Instant Gratification).

Car la deuxième caractéristique majeure tient en effet au fait que le chant soit partagé entre deux chanteurs : l’un hardcore et l’autre émo/pop, sachant que si le premier chant a (presque) toujours été porté par Jon Mess, le deuxième a fait l’objet de plusieurs changements de casting au fil des années pour voir arriver en 2013, Tilian Pearson (chanteur du groupe Tides of Man), qui semble aujourd’hui bien installé à son poste (et tant mieux).

Parmi les 3 chanteurs voix claire du groupe, sans surprise, on compte plusieurs écoles chez les fans du groupe, certains défendant la période Jonny Craig (en fait uniquement sur deux albums, Downtown Battle Mountain I et II enregistrés à plusieurs années d’intervalle, avec un départ/retour/départ de Jonny Craig), d’autres lui préférant son successeur Kurt Travis (chanteur sur l’album éponyme et sur Happiness, ce dernier album étant le seul sur lequel Jon Mess ne figure pas, ayant temporairement quitté le groupe et étant suppléé pour le job de hurleur par Will Swan), tandis que les fans les plus récents sont attachés à Tilian Pearson arrivé en 2013 donc et chanteur du groupe présent sur les 5 derniers albums du groupe en incluant Afterburner. Après avoir bien creusé les différentes périodes du groupe, j’en suis arrivé à la conclusion que Tilian Pearson est de loin mon chanteur préféré parmi les 3. Il est certainement celui qui a le chant le plus clivant, et on n’a aucun mal à comprendre pourquoi certains peuvent ne pas (ou plus) apprécier le groupe du fait de sa présence. Son chant très pop et assez aigu est en effet particulier (rappelant parfois celui du chanteur de Coheed & Cambria, ou moins connu celui du chanteur d’Opia), il n’hésite d’ailleurs pas à accentuer ses caractéristiques, assumant complètement sa sensibilité pop en usant ponctuellement d’un vocoder voire même de l’auto-tune sur « Demo Team » (sur Acceptance Speech).

Indépendamment du chanteur d’ailleurs, j’ai également une nette préférence pour les 5 derniers albums du groupe (même si Happiness contient de très bons moments malgré un chant clair et hurlé moins à mon goût) moins adolescents et plus fignolés (ce que certains fans de la première heure déploreront certainement) et qui sont tous (contrairement à ce que prétendait mon camarade Beunz avec son indigne (lol) « mouais » attribué à Artificial Selection) très réussis. On signalera juste que la production d’Acceptance Speech, premier album sur lequel apparaît Tilian Pearson en 2013, pour une fois confiée à un autre producteur (Matt Malpass), dessert malheureusement un album par ailleurs très bon. Cette production ratée faisant l’unanimité jusque dans le groupe, ce dernier a décidé de remixer l’album, et cette version revue intitulée Acceptance Speech 2.0 est sortie en 2019 (disponible uniquement en digital). Et le résultat est parfaitement conforme aux standards de production du groupe, l’album gagnant en clarté et devenant encore meilleur grâce à ce lifting salutaire.

En dehors de ça, soyons honnêtes les albums se suivent et se ressemblent chez Dance Gavin Dance à la fois dans le style et dans la qualité, toujours au rendez-vous, même si on trouvera toujours quelques morceaux un peux moins bons dans les tracklists. A noter tout de même quelques petites touches de nouveautés qui viennent légèrement faire varier l’expérience : les couplets rappés sur « Acceptance Speech » (Acceptance Speech évidemment) ou sur « Eagle vs. Crows » (Instant Gratification), le vocoder ou la flûte jethro tullienne sur Mothership par exemple. La petite touche de nouveauté sur Afterburner, outre la présence de deux invités sur les derniers morceaux de l’album (on retiendra particulièrement l’excellent « Nothing Shameful » avec la participation d’Andrew Wells), c’est surtout ce titre chanté en espagnol par Tilian, le biennommé et surprenant « Calentamiento Global ».

Il s’agit comme indiqué de petites différences cosmétiques qui ne modifient pas fondamentalement le style DGD, et tant mieux. Corollaire de ce qui précède, il est évident que ceux qui connaissent le groupe et ne l’aimaient pas avant Afterburner, ne l’aimeront clairement pas davantage avec ce nouvel album. Je n’ai aucun mal à comprendre qu’on puisse ne pas accrocher à la musique et aux tonalités (notamment vocales comme déjà dit plus haut) particulières du groupe, et s’agissant d’Afterburner en particulier, je pense que l’album n’est pas forcément même meilleur que les précédents albums, même s’il est peut-être plus homogène en qualité. On retrouve cette alternance de moments très pop et d’autres très agressifs (« Say Hi » et « Night Sway » étant probablement à ranger à côté de « Carve » ou « Philosopher King » parmi les morceaux récents du groupe les plus violents) et parfois la transition est brutale (l’enchaînement « Say Hi » et « Nothing Shameful » peut en effet surprendre). Le groupe est cependant à mon avis toujours aussi admirable pour brouiller les pistes, alterner agression et mélodie avec un talent assez monumental, et franchement cette capacité à pondre des tubes  d’une efficacité juste surhumaine est à saluer. Je l’ai déjà écrit mais Will Swan a vraiment tout du nerd surdoué, jusque dans ses talents de composition surnaturels (surtout que le bonhomme est productif).

Bref, cette chronique en forme de déclaration d’amour assumée visait d’abord à faire partager cette découverte très importante et marquante pour moi. En terme de notation Afterburner n’a rien à envier à ces grands frères, complétant une discographie assez remarquable à mon avis. Un très gros coup de cœur donc, et la notation de l’album est à l’avenant, dépassant sans doute la perception et l’appréciation que la raison imposerait certainement, mais je confesse assumer complètement ce choix !

Tracklist :
1) Prisoner
2) Lyrics Lie
3) Calentamiento Global
4) Three Wishes
5) One in a Million
6) Parody Catharsis
7) Strawberry’s Wake
8) Born to Fail
9) Parallels
10) Night Sway
11) Say Hi
12) Nothing Shameful (feat. Andrew Wells)
13) Into the Sunset (feat. Bilmuri)

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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Commentaire

  1. Marbaf says:

    Me fais penser à Enter Shikari dont la première chronique date de 2007… Mon dieu que l’temps passe !
    Merci pour la découverte.

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