Blackfield + Pure Reason Revolution – 18 février 2007 – Vosselar – Belgique

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J’ai finalement trouvé la recette pour passer un bon moment. C’était pas si dur que ça, en fait, suffisait d’avoir les bons ingrédients : une première partie dont on apprécie moyennement le travail studio et qui se révèle bien plus intéressante en live qu’on ne l’espérait et une tête d’affiche dont les mélodies, qui accompagnent vos journées depuis plusieurs semaines, provoquent une envie irrépressible d’être reprises à tue-tête par un public conquis. Vous voyez que c’était pas dur.
Revenons à la première partie donc : The dark third de Pure Reason Revolution réussit aussi bien à m’enchanter qu’à m’ennuyer, voire à m’agacer ; les passages kitsch, psychédéliques couplés à un travail vocal quasi théâtral (limite BO de Grease sous acide à mon goût…) m’ont laissé penser que j’aurai à subir 45 min de rock mou du slip et irritant avant de voir mes chouchous du moment. Que nenni. Les 3 lascars (2 gratteux, 1 batteur) et la lascare (bassiste, synthé) m’ont agréablement surpris en mettant l’accent sur l’aspect énergique, saturé (parfois limite noisy) de leur musique et en proposant des harmonies vocales étonnamment maîtrisées (les 2 gratteux et la donzelle). Ça gratouille, ça bidouille (samples), ça frapouille, ça chantouille, ça prend du plaisir, ça en donne. Très peu de communication verbale avec le public mais pourtant quelque chose passe dans les regards. Assez classes les jeunes anglais, pour tout dire.
Et puis ils connaissent leur classique : on termine le set avec un titre très dansant et groovy où les 3 voix ne sont accompagnées que de la batterie et de samples électro ; j’y ai personnellement vu un hommage humble à la période disco de Claude François (RIP Claude). Classes et non dénués d’humour. Des anglais en somme. Je n’achèterai pas l’album mais les reverrai avec un réel plaisir et cette fois sans aucune appréhension.

Le public se rapproche s’il était dans le fond, ceux qui étaient devant ne bougent pas. Y’a du fan qui veut en prendre un max dans les neurones ce soir. Après 30 minutes d’installation, le batteur débarque derrière son kit et entame le tempo immédiatement reconnaissable de Once, titre d’ouverture de leur récent 2ème album. Puis Steven Wilson pieds nus comme d’habitude ; puis le clavier (pas le même que 3 ans auparavant lorsque je les avais vus dans un pub belge sur une scène plus modeste) ; puis le bassiste ; puis Aviv Geffen. Pendant que ce tout ce petit monde investit la scène salué par le public, Wilson semble rencontrer quelques soucis techniques avec sa guitare. On comprend le souci lorsqu’il s’écrit « je me prends des putain de chocs électriques ! ». Il fait signe au batteur de s’arrêter et se voit contraint d’enfiler une paire de godasses qui ne le ravissent pas vraiment puisqu’il affirme que c’est la première fois qu’il doit jouer avec des chaussures ! On imagine que le gus ne sera pas à son aise pendant le set, surtout lorsque ce dernier est flingué dès les premières secondes et que pendant les 3 premiers morceaux le leader de Porcupine tree se plaint du retour. C’est sans compter sur le professionnalisme des gaillards et leur capacité à rapidement délivrer un maximum d’émotions. Chaque moment procure une variété de plaisirs mais il y eut quand même quelques moments particulièrement forts : le public s’égosillant sur Pain, End of the world et Cloudy now (jouissif de pouvoir hurler « We are a fucked up generation »), Aviv Geffen seul derrière son clavier pour une version intimiste de Glow immédiatement rejoint par Wilson pour continuer sur le même registre avec une reprise d’Alanis Morissette (Thank you). Comme prévu à l’écoute de l’album, My gift of silence s’avère un bijou parmi les bijoux et donne le frisson. Le rappel donne l’occasion au groupe de se « rattraper » sur Once (qu’on pourrait alors requalifier de Once again, ahah!) puisqu’il était prévu dès le départ de le rejouer. Ils donnent toutes leurs tripes et le subliment.
La dernière note a à peine fini de résonner que les sentiments de béatitude et de mélancolie se mélangent pour faire émerger une envie : les revoir le plus tôt possible. Vous ne m’en voudrez donc pas de vous fausser déjà compagnie, j’ai des places à réserver moi pour le Café de la danse moi !

Bon ben re. Finalement j’ai choppé mes places pour Paris donc je rajoute une bafouille comparativo-comparative.
Coup d’oeil rapide sur l’assistance venue assister sans insistance au concert : quelque chose me dit qu’on a moins affaire à des fans de Wilson qu’en Belgique et qu’un certain nombre de personnes sont plus là pour découvrir que pour soutenir corps et âmes. Confirmation tout au long de la soirée : même si l’accueil est chaleureux, les manifestations de satisfaction sont moins expressives en France, on chante moins, on trépigne moins : Belgique 1 – France 0.
Je gardais un bon souvenir de l’acoustique de la salle que j’avais pu tester pour la tournée Damnation d’Opeth. Les 2 groupes de la soirée vont indéniablement profiter de cet atout technique. France 1 – Belgique 1.
Avec PRR, on a ainsi accès à un surplus de finesse des harmonies et le travail sur les voix est particulièrement mis à l’honneur. Par contre, j’ai trouvé la prestation moins énergique, le trio de gratteux m’a paru plus intimidé et concentré sur sa prestation. Beau mais moins intense.
Avec Blackfield, on a eu droit aux pieds nus de Wilson, donc à un démarrage moins chaotique. Là aussi, son plus clair (que j’aurais préféré plus puissant par contre) ; contrairement à leurs compatriotes, une présence sur scène moins empruntée et une réelle complicité entre les 2 principaux protagonistes sans doute due au rodage de la troupe. Quelques pains (Wilson se plante de parole sur le refrain de My gift of silence, des approximations de Geffen sur Glow, notamment) d’autant plus facilement remarquables que la technique assure. Belgique 2 – France 1.
Pourtant Geffen, lors du premier rappel, met les burnes sur la table après un petit speech d’introduction annonçant une reprise en hébreu de l’une des plus belles chansons de tous les temps de l’univers : Avec le temps. Passé l’effet de surprise on ne peut plus… surprenant, je me prends à apprécier la prestation en décidant rapidement d’occulter l’ombre du père Léo (condition sine qua non à l’évitement de lynchage). Moins sur les rails que la voix d’Ferré (mouais…), la voix de Geffen est tout de même « habitée » et ne sombre pas dans le ridicule. Fallait oser, surtout en France. Le public ne s’y trompe pas et acclame le duo voix/clavier avec plus d’intensité qu’une simple politesse. France 2 – Belgique 2.
En-dehors de son aspect consensuel, le score final reflète bien mon sentiment : 2 prestations différentes pour les 2 groupes avec, pour chacune, ses bons et ses mauvais côtés. Chuis pas mécontent moi !

Set list Blackfield
once
miss you
blackfield
christenings
the hole in me
1000 people
pain
glow
thank you
epidemic
someday (à Paris)/this killer (en Belgique)
open mind
my gift of silence
where is my love ?
end of the world

Rappel :
reprise de Avec le temps (à Paris)
hello
once
cloudy now


Photos de Dark Hyp

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

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