The Dillinger Escape Plan + Poison the Well + Stolen Babies – 27 mars 2008 – Elysée Montmartre – Paris

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Annee de sortie: 2010

The Dillinger Escape Plan, après plus de 10 ans de carrière, finissent enfin par jouer dans des salles de bonne taille, mais ce soir-là l’Elysée Montmartre en petite configuration n’était même pas remplie, la faut a priori au fait que les dernières productions du groupe ont laissé pas mal de fans des débuts de côté, faute à trop d’auto-caricature, trop de pattonismes ou trop d’éparpillement hors du carcan mathcore, hardcore chaotique hyper rapide et technique, qu’ils ont participé à créer et dont ils restent le représentant le plus renommé. Enfin si je cite cet avis, ce n’est évidemment pas le mien, pour moi The Dillinger Escape Plan est un groupe qui réussit à maintenir une qualité constante dans sa musique, et je n’ai jamais cherché à retrouver dans leurs 2 derniers albums la folie créatrice de « Calculating Infinity » que je trouve encore toujours aussi indigeste que génial.
Quoiqu’il en soit, Dillinger ont toujours été renommés pour leurs shows explosifs, pour la faculté à déchaîner une énergie comme rarement vu sur une scène tout en reproduisant leurs morceaux avec précision.

Le groupe entretient un certain attachement à la France, et d’ailleurs à l’Europe où j’ai l’impression qu’ils sont plus connus et reconnus qu’aux Etats-Unis. Ainsi après un passage en 1999 suite à la sortie de l’album qui a consacré leur musique, Calculating Infinity, ils étaient revenus en tant que première partie de System of a Down, relativement incompris par le public de ces derniers, puis pour quelques festivals en 2004, ainsi que sur une date au Trabendo à Paris avec déjà leurs potes de Poison the Well (où Burst, sur la tournée, n’avaient malheureusement pas pu jouer suite au plantage de leur bus). En 2005, pour la tournée Miss Machine, on les avait déjà vu faire 5 dates en France pour une tournée qui avait marqué les esprits, et donc cette année, c’était 7 dates dans toute la France dont ce soir à l’Elysée Montmartre qui ont été jouées et ont apparemment comblé partout, en tout cas, c’était clairement le cas à Paris.

Le groupe était accompagné de Poison the Well et Stolen Babies, ce dernier groupe étant le groupe d’origine de leur nouveau batteur, Gil Sharone, qui joua donc 2 fois dans la soirée. Pour ce premier concert, il était fardé en blanc comme tous les membres de Stolen Babies, aux looks de personnage de Tim Burton, qui jouent une sorte de néo métal façon carnaval. Je trouve leur 1er album, There Be Squabbles Ahead, relativement anecdotique, pas vraiment original, malgré quelques rythmiques audacieuses mais leur court set était tout de même plaisant, malgré un son de guitare un peu faiblard. En fait l’élément le plus marquant est la voix de la petite chanteuse, habillée façon clown/cabaret années 30, affublée d’un accordéon, qui passe facilement d’une voix chantée de façon assez théatrale à une voix criée rauque, elle sort naturellement une voix bien dingue et puissante sans faire d’efforts. C’était un peu court et le son pas assez bien travaillé pour vraiment apprécier, mais je suis quand même bien rentré dedans sur scène, je connais assez bien l’album pour reconnaitre certains morceaux qui furent assez bien rendus.

Poison the Well arrivent alors sur scène et n’ont pas grand chose à voir, que ce soit musicalement ou scéniquement, c’est un groupe emo/hardcore mélodique qui écume la scène hardcore américaine depuis maintenant 10 ans, et sont devenus une influence évidente de toute la scène metalcore qui a suivi, avec des riffs metal/hardcore bien acérés caractéristiques, une grosse voix hardcore, mi parlée mi gueulée, et quelques incartades mélodiques avec un chant emo réussi. J’ai les 4 albums du groupe que je connais plutôt bien étant donné que c’est un des premiers à m’avoir initié au « hardcore » (enfin donc pour les puristes un hardcore mélodique des plus metalisés version années 2000) et c’est donc toujours un plaisir de les revoir sur scène, d’autant qu’ils jouent généralement une sélection des titres les plus marquants de chacun de leurs albums depuis The Opposite Of December jusqu’au dernier album, Versions. Celui-ci, sorti après une paire d’années d’incertitude quant à l’activité du groupe qui a vu le départ de certains membres, m’a agréablement surpris l’année dernière avec une orientation intéressante, de la maturité on peut dire, mais avec une musique toujours aussi agressive tout en intégrant des côtés bluesy avec l’utilisation de slide sur quelques riffs de guitare et de sonorités country bien intégrées. Un concert bien mais sans plus, le groupe a toujours une belle énergie sur scène mais le son brut de décoffrage et un set écourté vu leur position de première partie ne l’ont pas rendu remarquable, d’autant que c’était pas ça niveau public, contrairement au défoulement général qu’avait été leur dernier concert à la Boule Noire en tête d’affiche. Comme d’hab’, Jeffrey Moreira est impressionnant en chant hardcore et un peu faiblard en chant clair, qui sortent forcément avec moins de puissance, un peu fluets dans le mix. Il faut dire qu’on ne s’attend pas vraiment que sorte d’une telle carcasse les chants clairs un brin « à fleur de peau » qui parsèment de plus en plus fréquemment leurs albums. Sympa quand même de les voir interpréter avec classe les titres du dernier album.

Le cas Dillinger maintenant. Eh bien pour être clair, c’est le meilleur concert que j’ai vu d’eux. Présence toujours aussi dingue, son énorme, vraiment étonnement équilibré pour une musique de ce calibre, lumières recherchées (dans la quasi obscurité par moments, avec des effets de stroboscopes), setlist bien partagée entre tous leurs albums. Bref tout était aussi bien si ce n’est mieux rendu que sur leurs précédentes tournées (5ème fois que je les voyais), avec un son assez exceptionnel pour une musique aussi touffue. Bref un set à dérider le plus râleur des déçus du groupe, quoiqu’il y en aura toujours ayant laché le groupe après Calculating Infinity (toute la suite « trop commerciale ») ou déconvertis à partir de Miss Machine (plongée dans les abimes de la soupe radio-acceptable) pour s’accrocher à leur avis sur le groupe sur la déchéance du groupe.

Ils ont joué une bonne heure, ce qui fait quand même beaucoup de morceaux étant donné qu’ils en ont pas mal d’assez courts et qu’il n’y a quasiment pas eu d’interruption entre les titres. J’ai l’impression que c’était assez équilibré entre les 3 derniers albums… peut-être plus de Miss Machine que des autres, 4 morceaux de Calculating Infinity au moins et pour Ire Works, les titres les plus chaotiques + « Milk Lizard » et le tubesque « Black Bubblegum ». Gil Sharone, le nouveau batteur, assure sans peine, il est moins démonstratif et subtil que Pennie, mais j’ai trouvé qu’il portait plus les morceaux avec un jeu d’une précision implacable, allant même jusqu’à accélérer le tempo original de quelques morceaux avec une facilité déconcertante. En même temps le son étant très bon, le son de la batterie n’empiétait pas sur les guitares, comme d’autres fois où je les ai vu, celles-ci étaient donc bien distinctes, chaque note de tapping parvenant à nos oreilles. Rien à dire sur le gratteux avec la mèche qu’on a pu voir dans le live à la télé américaine de « Black Bubblegum », il assure son rôle, c’est à vrai dire une copie conforme de Weinman niveau jeu et scéniquement. Pas grand chose à dire sur le bassiste, toujours aussi régulier et qui a l’air d’avoir en Sharone un compagnon de jeu idéal. Reste Puciato, le petit bodybuildé qui n’est plus du tout nouveau et de plus en plus balaise sur scène. Tous les types de chants sont retranscrit sans anicroches sur scène, même le chant clair à la Lenny Kravitz, et ce alors qu’il parcours la scène de long en large, escalade les amplis, saute sur les premiers rangs etc (pas de vomi cette fois quand même, la maturité!). Il rajoute toujours ses cris qui montent dans les suraigus qui m’avaient bien marqués au Fury Fest.

Un groupe au top donc, qu’on peut certes accuser de s’auto-caricaturer à forcer les traits qui ont forgés leur réputation, à continuer à bouger comme des dingues sur scène, à jouer leurs morceaux imbitables les doigts dans le nez, allant jusqu’à speeder les titres de Calculating Infinity pour montrer qu’ils peuvent les jouer encore plus vite que sur album, mais un groupe qui assure un show assez exceptionnel, à l’esprit bien rock n’roll, et je ne vois pas franchement ce qu’on pouvait attendre de plus de The Dillinger Escape Plan ce soir là, en tout cas la grande majorité est sortie bien interloquée du concert.

Panasonic Youth
43% Burnt
Fix Your Face
Lurch
Setting Fire To Sleeping Giants
Baby’s First Coffin
When Acting as a Particle
Nong Eye Gong
Milk Lizard
When Good Dogs Do Bad Things
Black Bubblegum
Sugar-Coated Sour
Party Smasher
Mullet Burden
Sunshine The Werewolf

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

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