Luror – Cease to Live

Internet comme trompe l’ennui a ses enseignements. J’ai constaté un matin récent qu’il n’y existait aucune chronique de ce qui est l’un des meilleurs albums de black metal sortis l’an passé. Pas une. Stupéfaction, réparation.
Le groupe est allemand. Cela s’entend. Le riff allemand trompe rarement. Surtout lorsqu’il forme une rugueuse charnière avec des percussions affûtées pour l’assaut, filant à la baguette d’une métrique disziplinée. Cease to Live est un album plein, un roc, la tentation de zapping est nulle. Tout en restant pensionnaires d’un classicisme doctrinal – dont la scène “orthodoxe” nous abreuve d’exemples – Luror trouvent le [...]

The Appleseed Cast – Sagarmatha

Le post-rock a tué le rock. Ne cherchez pas le point d’interrogation. C’est dit et ça ne sera pas repris – au même titre que des vérités comme “Steven Wilson a tué Opeth” qu’il serait vain de contester. Le post-rock a accompli sa révolution oedipienne, et le linceul est jeté.
La belle formule “less is more” est venue au secours de maints albums géniaux qu’hors des “milieux autorisés” on taxait d’arnaque. Et puis le concept a supplanté la forme, comme c’est dans l’ordre des choses. L’adage devenu dogme, il est venu tragiquement donner bonne presse à une multitude de [...]

Vrolok – Void (the Divine Abortion)

En vérité je vous le dis : Vrolok ne sont pas sous contrat chez Napalm Records, ni Century Media. Précision utile, en ces temps où pullulent comme au clapier les émules de Korpiklaani et autres Eluveitie, tous plus navrants les uns que les autres, et où la présence de dulcimer, de harpe et d’harmonica au générique d’un album peut facilement enduire d’erreur un esprit dont l’innocence tomberait en épluchures sous le scalpel du divin avortement.
A présent que nous sommes entre nous, prière de baisser les stores, de peur que la lumière ne chope le virus et s’en aille [...]

Fen – The Malediction Fields

Je n’attendais pas monts et merveilles de ce groupe, dont la première production, l’EP Ancient Sorrow, faisait doucement la planche dans la vague d’Agalloch et multiples consorts. De monts ni de merveilles il n’est d’ailleurs question sur leur premier album, emballé avec amour par Code666. On se contentera de feeling et de qualité, choses qui suffisent à une musique copieusement arpégée, et enrichie de nappes limpides (claviers, backing guitar) pour autant de fuites au couchant en des refuges tapissés de feuilles mortes, qui ne sont pas sans évoquer le modus operandi de Negura Bunget. Les charmantes natures sépia de [...]

Kalisia – Cybion

Matt Moussiloose : Je n’ai pas peur de le dire, mes trompes d’Eustache n’ont pas été dépucelées par les accessoires d’usage. Mon hennissement natal ne fut pas Metallica, mon premier flirt avec le riff ne fut pas Iron Maiden, mon Virgile ne fut pas Death, ni Kiss, ni Bathory, encore moins Gojir… euh, arrêtons les frais. Non, l’instant avec l’ampoule qui fait “tilt” au-dessus de la pastèque, c’était Kalisia, ni plus ni moins, avec leur désormais presque mythique démo Skies, édité par Adipocere Records à l’été 1996. Pour un coup de foudre j’aurais pu plus mal tomber. Aux oreilles [...]

Stille Opprør – S.O2

Stille Opprør revient sans faire de bruit avec un album au nom ouvert à toutes les spéculations. Stille Opprør c’est Christer André Cederberg, caresseur de six-cordes sur le tard dans In The Woods… et surtout tête et âme de Drawn, émule scandaleusement ignoré de la jadis effervescente et très incestueuse scène de Kristiansand – même si lui habite à Oslo.
Bref, après un premier album aux escapades acoustiques séduisantes mais au tirage bien confidentiel, Stille Opprør revient – on l’a dit – avec un contrat sous le bras, chez Karmakosmetix, le label de Jan Transeth (ex-In The Woods…). Tout [...]

Bilan 2008 somath

Ah, l’exercice épineux du bilan de fin d’année est arrivé, c’est l’heure de se creuser la tête pour départager des albums ou des films qui n’ont rien à voir pour déterminer qui fera partie du fameux Top 10 ou qui va sombrer dans les limbes de l’inconnue pour ces prochaines années.
Parlons musique tout d’abord, avec une année qui m’a un peu déçue, surtout après l’avalanche de chef d’œuvres de l’année dernière (petite piqûre de rappel : Dillinger escape plan, 108, The bad plus…), mais qui n’est pas pour autant dénuée d’intérêt. Pour résumer, un paquet de bons albums [...]

My Sleeping Karma – Satya

Je ne vais pas essayer d’installer de faux suspense : le nouveau My Sleeping Karma ne confirme pas les espérances nées du premier My Sleeping Karma (chroniqué ici). Fondamentalement le groupe n’a pas jugé nécessaire de relooker sa formule, ce qu’il serait bien déplacé de condamner. On navigue toujours en plein trip stationnaire où fusionnent socle stoner à basse dominante et saillies méditatives alimentées par l’utilisation constante de synthés new age que n’aurait pas reniés Popol Vuh. Jusque là je souscris.
Mais mes bonnes dispositions tournent court, où plutôt restent lettre morte lorsque je me réveille au bout de [...]

The Kings Of Frog Island – Ii

Certains groupes semblent fonctionner comme des lavandières de la mémoire. On leur confiera volontiers nos vieux blousons effrangés et les souvenirs qui vont avec, on sait qu’on les retrouvera dégueulasses et impeccablement froissés ; et imbibés des arômes moites et sauvages de nos premières orgies de fuzz braguette à l’air aux bons soins des doyens de la garde, Kyuss, Monster Magnet, Fu Manchu, you name them…
Allez j’arrête d’écrire comme Philippe Manœuvre sinon je ne parlerai jamais de l’album. Car même si la tentation est forte de le ramener à ce qu’il évoque, ce second effort du trio de [...]

Raison D’etre – In Sadness, Silence and Solitude

Raison d’être n’est jamais une expérience facile. En bientôt dix-huit ans d’existence, ce fleuron du dark ambient géré en solitaire par Peter Andersson a suscité pas mal de perplexité chez les mélomanes et les journalistes. Certains y voyant un génial travail de fond dans l’apprivoisement d’ambiances sombres et ésotériques, d’autres un amas de collages sonores de valeur inégale, mais pratiquement tout le monde s’unissant pour reconnaître à la bête des allures de mystère insondable. In Sadness, Silence And Solitude offre une synthèse améliorée de l’œuvre de Raison d’être première époque, contenant certains des titres les plus aboutis d’Andersson.
A [...]