Ulver – Blood Inside

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Style: neoclassical/low keyAnnee de sortie: 2005Label: Jester Records

Accrochez vos ceintures, parés au départ du train fantôme qu’est l’univers d’Ulver?
Complètement à part de n’importe cliché du métal, dont ils se sont éloigné au fur et à mesure de leur évolution depuis 10 ans, les norvégiens d’Ulver avec ce Blood Inside risquent d’en bluffer encore plus d’un.

Le groupe a débuté par plusieurs albums alternant folk et black metal pour passer à une musique ambiante faite de sons électroniques mais gardant une ossature rock/metal. Depuis leur dernier album, Perdition City (2000), déjà très ambiant et expérimental, le groupe s’est essayé à quelques bandes originales instrumentales pour le cinéma, leur univers atmosphériques et leur travail sur les bruitages les en rapprochant logiquement.
On retrouve sur ce nouvel album cette ambiance cinématographique flippante et on reconnaît rapidement la « patte » Ulver mais leur musique a évolué vers quelque chose d’encore plus personnel, laissant beaucoup de place aux voix, et qui prend la forme de vrais morceaux.

Ulver triturent les sons, ils manipulent les samples, dans de longues nappes, grincements de violons, pianos dissonants en accords plaqués et notes descendantes, extraits de trompettes jazz ou de cordes, le tout marié aux rythmiques grâce à une production idéale permettant de bien discerner tous les sons. Le résultat rappelle autant la musique industrielle des années 80 que le trip hop des années 90 (certaines ambiances éléctro sombres me font penser à l’album Supermodified d’Amon Tobin) mais avec une influence du black métal symphonique et de la musique classique en général.
Même si cet album n’est pas métal, il en garde un fond, et un esprit épique qui rappelle leur passé black. Quelques titres sont sans rythmiques, très ambiants et apaisants, en particulier un « Blinded by Blood » excellent, mais la majorité possèdent une rythmique mi-électronique mi-organique, soit légère et apaisante, soit pesante et martiale, avec des cymbales claquantes (« Dressed in Black ») qui n’hésite pas à s’exciter et à marteler les temps. Le tout baigne dans une schizophrénie parfois délirante comme sur « Operator » où des cordes dissonantes sont associées à une rythmique folle et une voix plaintive qui finit en déluge de décibels.

Les guitares ne sont pas non plus totalement inexistantes, sur certains passages plus rock elles ressortent comme sur « It Is Not Sound » où elles sont mélangées à des sons de synthés tous aussi spéciaux les uns que les autres, il y a même plusieurs solos de guitare comme sur « For the Love of God » où l’ambiance est funéraire, limite doom.
Ce côté froid et fantomatique est accentué par les voix assez changeantes, tout à tour de ténor limite baroque ou en chœurs d’opéra dramatiques, parfois crooner ou très rock, limite Pink Floydienne sur « For the Love of » par exemple.

Les voix font bien sûr penser à du Arcturus, ce qui se comprend aisément, le leader d’Ulver, Kristoffer Rygg – Garm – était encore le chanteur d’Arcturus sur leur dernier album. Ulver partage une certaine théatralité avec la musique d’Arcturus et cette voix est tout bonnement superbe, limpide et précise, même si elle part parfois dans des emphases grandiloquentes peut-être un peu pompeuses.

On pourrait aussi reprocher à ce Blood Inside quelques titres un peu longuets et certains choix de sons de clavier plutôt douteux et vieillots, mais Ulver pose au final une ambiance qui colle parfaitement à notre époque, à la croisée de styles contemporains comme plus anciens, et ces égarements sont réduits.

Définitivement à écouter pour se faire une idée, Ulver est une expérience à vivre. Même s’il risque de ne pas plaire à tout le monde de par sa bizarrerie, Blood Inside est certainement un des albums les plus originaux de l’année, mais c’est surtout un album prenant, aux mélodies inspirées, porté par des voix magnifiques.

  1. dressed in black
  2. for the love of god
  3. christmas
  4. blinded by blood
  5. it is not sound
  6. the truth
  7. in the red
  8. your call
  9. operator
jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 528 articles sur Eklektik.

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2 Commentaires

  1. Candiria-Thon says:

    Je m’y mets doucement, et cet album me plaît de plus en plus…Je suppose qu’après plusieurs écoutes, ça prend toute son ampleur…

  2. Dun23 says:

    Un grand, très grand disque. Ebouriffant!

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