Nadja – Truth Becomes Death

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Style: ambient-drone-metalAnnee de sortie: 2006Label: Alien8

Nadja, ou de l’intérêt des bornes d’écoutes chez Gibert. En effet depuis quelques temps j’étais intrigué par cette pochette jaune et ce patronyme qui a forcément trouvé grâce à mes yeux, mais je n’avais pas encore demandé à écouter ce disque (je déteste demander à écouter un skeud). Etant en écoute depuis peu j’ai sauté sur l’occasion et 3 minutes après il était dans mon escarcelle. Voilà pour la petite histoire, passons à la grande.

Nadja c’est le bébé du Canadien Aidan Baker (guitare, voix, programmation, au CV long comme le bras, aux multiples projets parallèles à horizons vraiment différents, à la créativité multiple puisque musicien et écrivain), né en 2003. Il est rejoint plus tard par Leah Bukareff (basse, voix). Le duo s’avère productif puisqu’en un peu plus de 2 ans il a produit 5 cd, 1 Ep, pas mal de splits. Et donc cet album Truth becomes Death chez Alien8. Le duo définit sa musique comme de l’ambient-drone-metal et force est d’avouer que ça colle plutôt bien (si on considère qu’en terme de metal il convient plutôt de parler de doom). Inutile de dire qu’on s’immerge dans un océan de bruitisme et de lenteur : en témoigne la durée des morceaux puisque le disque fait 51 mns et qu’il n’y a que 3 titres.

Nadja est un concept intéressant. J’aime ce principe d’apposer un nom qui évoque beaucoup de choses douces (la sensualité orientale, la danse du ventre, les gâteaux au miel, les fontaines, et toutes ces cartes postales… rhâââ) mais dont le propos est au final extrêmement lourd, puissant, sauvage. Il s’agit vraiment d’un maelstrom de sons qui enveloppent l’auditeur : des sons électroniques, des guitares trafiquées, une batterie qui aspire à vous faire entrer en transe par son rythme lent, obsessionnel et son son vague, mal défini, cradé par la saturation. Rien n’est d’ailleurs vraiment défini dans les sons mis à part quelques parties de guitares pachydermiques, répétitives, lancinantes, écrasantes. Il faut noter qu’en plus des sons ultra gras à la base le groupe a cru bon de rajouter une couche de saturation synthétique par-dessus le tout pour envelopper et rendre maladif, pour forcer l’auditeur à écouter pour découvrir les trésors cachés derrière ce son antimusical (enfin, tout est relatif). Il y a des passages vraiment torturés, limite suicidaires (le début de « Breakpoint » est une véritable apocalypse), sans espoir, sans avenir, mais d’autres, puissants certes mais qui recèlent de belles perles derrière ce mur de non-vie. Car on est en présence d’un univers vaporeux, agressif dans le son mais non dénué de vie. Nadja sait aussi faire passer l’émotion à travers des voix écorchées mais surtout avec des nappes de sons aux mélodies parfois un poil naïves, mais douces et belles, un peu comme Justin Broadrick sait si bien le faire dans Jesu. Quelque chose de mélancolique se dégage alors. Une émotion est clairement palpable derrière cette barrière sonore parfois empreinte d’une pointe de Merzbow. Comme si tout espoir n’était pas anéanti. La fureur sonore n’est pas toujours de mise et quelques pauses permettent de respirer et de donner un contraste fort avec les parties bruitistes. Seulement alors, la voix se fait douce, parlée, la saturation omniprésente du son se tait et, comme un lever de soleil, la vie réapparaît. La fin du disque est d’ailleurs un de ces (rares) passages, la tension est retombée, la vie reprend à coup de guitare acoustique (quoique les accords utilisés induisent une certaine tension sous-jacente). Ces plages calmes, ces mélodies sont ce qui différencie le duo de groupes de même mouvance tels Khanate, Sunn O)) par exemple, bien que les fans de ces groupes peuvent se jeter sur Truth becomes death sans soucis, ils seront en terrain connu.

Nadja, c’est à écouter fort, au casque pour apprécier au mieux la spatialisation changeante des sons qui confère encore plus de mouvance et d’entrelacs autour de l’auditeur. Une expérience musicalement riche et soniquement envoûtante, tout simplement. La beauté pudiquement voilée.

3ziz 3liyya Nadja !

  1. bug / golem
  2. memory leak
  3. breakpoint
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9 Commentaires

  1. Inthese says:

    ah, enfin quelque chose en français sur ce groupe. je voulais me le payer depuis un certain temps mais sans les finances necessaires, ni retours, j’hésitais. merci bien !

  2. Florent says:

    De rien. D’ailleurs tu es plus connaisseur que moi en la matière, donc ton avis m’intéressera bcp ;-)

  3. kollapse says:

    Une bien bonne chronique qui (me) donne franchement envie de m’interesser au cas Nadja.

  4. Etienne says:

    Acheté sur un « coup de tete » cette apres midi, découverte et ecoute en ce moment même en lisant la chronique (pr la premiere fois). Et…cela fait seulement 4min que le premier titre a débuté, je suis déjà charmé!
    Pourvu qu’ca dure… :p

  5. Florent says:

    Jme permet de faire un ptit up. Cet album est une merveille, je hausse la note d’1 point. Nadja rulzzz !
    Bordel c’est boooon !

  6. fewz says:

    je m’écoute cet album pour la première fois en ce moment même………. et c’est ENORME… j’adore… ils passeront un jour en concert??

  7. fewz says:

    l’un de mes albums de 2006 à n’en pas douter…

  8. Florent says:

    Avis : depuis, il y a un live (comportant une cover des Swans), et 2 albums. Je vais essayer de récupérer ça.
    En tous cas le live déchire bien, c’est trippant as fuck.
    @fewz : donc oui ils font des live, mais bon ça reste cantonné au Canada apparemment :s

  9. Florent says:

    Up ! En concert à Bruxelles le 19/05 !!! Nouveau skeud bientôt dispo !!!

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