Summoning – Oath Bound

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Style: Black Atmosphérique TolkienienAnnee de sortie: 2006Label: Napalm

Eh beh on l’aura attendu celui là. Il aura fallu 5 ans, 5 longues années pour que le duo autrichien le plus célèbre de la planète black nous offre le successeur de l’excellent Let Mortal Heroes sing your fame. Et ca n’était certainement pas le ridicule EP Lost Tales de 2003, proposant des ébauches de morceaux de l’époque de Dol Guldur qui allait rassasier nos envie de promenade sur la Terre du Milieu. Ce Lost Tales avait d’ailleurs alimenté les rumeurs les plus folles à l’époque sur un éventuel abandon des guitares sur l’album suivant creusant encore un peu plus le désespoir des fans déjà secoués par la sortie de LMHSYF (!!). Secoués par le manque d’évolution du groupe pour certains, secoués justement par le retournement de situation par rapport à un Stronghold bien plus basé sur les guitares, secoués pour bien peu de choses quand on y pense…
Mais là où le génie de nos deux amis se fait sentir c’est dans la capacité qu’ils ont à enchainer les monstres depuis 10 ans déjà (depuis un Dol Guldur devenu un objet de culte), en sachant évoluer, lentement mais sûrement et intelligemment. C’est donc toujours avec fébrilité qu’on attend un nouveau Summoning. C’est d’autant plus avec fébrilité que le groupe, même après 5 ans d’attente, même avec une horde de fans prêts à bondir sur l’album dès sa mise en bacs, reste mystérieux, peu médiatisé il aura réussi à profiter au maximum du contenu de ses disques plutôt que de se baser sur ses géniteurs. J’en veux pour preuve, outre la discrétion du groupe dans les médias, l’absence de martelage de leurs visages, Protector et Silenius allant même jusqu’à se cacher le visage depuis LMHSYF.

Oath Bound donc, Summoning cuvée 2006 sent bon le connu. Tout le Summoning du passé se trouve en quelque sorte synthétisé dans ce petit dernier, une sorte de méga-mix de tout ce qu’a été Summoning depuis ses débuts atmosphériques (on ne comptera pas les albums de black typiques qui n’entrent pas tout à fait dans la même catégorie). On y retrouve donc des guitares, toujours en arrière, peut-être un chouilla moins que sur LMHSYF, et les désormais classiques claviers, trompettes et tom-toms qui font qu’on reconnait Summoning entre mille. D’ailleurs pas tout à fait entre mille puisque justement il se trouve que le morceau « Beleriand » débute exactement comme un morceau de Die Verbannten Kinder Evas : « Cease Sorrows Now » (trouvable sur le fabuleux In Darkness let me dwell que je conseille d’ailleurs à tous). Je dirais donc que la marque Richard Lederer (Protector) est, ELLE, reconnaissable entre mille (est-il utile de préciser que Die Verbannten est le projet darkwave de Lederer ?).
Comme à l’accoutumé les deux protagonistes Protector et Silenius se partagent la galette en ce qui concerne le chant. Et même si par le passé j’avais du mal à distinguer l’un de l’autre clairement, cet album (ou alors est-ce juste mon oreille qui s’est habituée ?) marque une très nette différence entre le chant typiquement black de Silenius et le chant plus « étranglé » de Protector. Toujours est-il que le chant est toujours aussi spectral, ultra saturé, à la limite du compréhensible ce qui a toujours été le cas chez Summoning.
Comme d’habitude aussi, la batterie n’est pas une batterie mais une boite à rythme, remarquablement programmée, avec un son légèrement plus en retrait que par le passé il me semble. Je noterais aussi un brin moins de reverb sur les tom-toms que sur LMHSYF.
Je ne voudrais surtout pas oublier de parler d’un point de détail qui me tient particulièrement a cœur. Souvenez-vous, sur LMHSYF, la dernière piste, « Farewell », apportait une énorme nouveauté à Summoning. Je parle évidemment de ces chœurs qui ont le don de me faire mouiller mon pantalon de plaisir quand je les entends. Et bien c’est avec joie que j’ai vu le concept légèrement élargi sur ce Oath Bound puisque ca n’est plus un, mais deux morceaux qui incorporent ces chœurs : « Might and glory » et « Land of the dead ». Alors certes je n’aurais pas craché sur un peu plus, mais ils sont encore une fois si bien placés que mon pantalon va recommencer à se faire tremper…

En tout cas une chose ne change pas, et ne changera surement pas de si tôt le concept de l’album est une fois de plus centré sur le travail de JRR Tolkien et de son anneau. En témoigne ce « Mirdautas Vras », chanté exclusivement dans le langage du Mordor avec ses cris terrifiants d’orcs, résultat garanti. Impressionnant exercice de style qui malgré tout, n’apporte que peu de changement dans la musique tant les paroles restent difficilement compréhensibles avec cette saturation constante. Les samples de discours ont encore une fois la part belle dans cet album, et inutile de me demander s’il s’agit de samples du film Le Seigneur des Anneaux, je n’en ai aucune idée.
Autre chose qui ne changera manifestement pas chez nos autrichiens préférés, c’est cette guitare « bruit de fond ». Ici toujours là même note gratouillée, un peu à la façon d’un Limbonic Art à l’époque, toujours ce fond sonore qui sert à positionner le reste.
Notons également la présence du « Land of the Dead » complet, morceau qui, je le rappelle, était disponible en téléchargement en version « short » depuis un moment. Ce long morceau de prêt de 13 minutes nous offre exactement le même genre d’enchantement que « Farewell » sur LMHSYF avait pu nous offrir. Encore une fois le morceau qui clôt l’album est un des plus complets jamais créé par Summoning. On y trouve tout : un accord de guitare tenu, la voix de Protector surfant sur des parties de clavier épiques à souhait, des flûtes, du piano et des chœurs (évidemment mortels…). Quelle grande idée de finir un disque de cette façon, on en sort sur le cul.

Pourtant tout n’était pas gagné d’avance et j’avoue avoir eu du mal à rentrer dans cet album, un peu à la manière d’un LMHSYF à l’époque. D’une part l’écoute d’un Summoning demande une certaine préparation du cerveau à ce qu’il va entendre. Pas question de blast beats, de riffs de dingues, de soli etc etc… Ici, le métalleux en attente de ces éléments trouvera Summoning chiant et un album comme Oath Bound, une parfaite berceuse. Evidemment, connaissant le groupe je n’ai pas eu ce problème, en revanche ce qui m’a gêné c’est que j’avais l’impression d’entendre une redite des albums passés. Alors effectivement, Summoning reste du Summoning, avec son clavier qui peut paraitre naïf et niais, et même si au départ cela peut choquer, une écoute plus attentive nous prouve que malgré cela, le talent de composition est tellement présent chez ces deux hommes que le charme opère. Le clavier se trouve avoir exactement le son qu’il faut, au moment où il faut. En gros un Summoning ne s’apprécie pas à la première écoute, ca s’affine, ca prend du caractère en bouche et ça finit par sauter à la gueule.
Finalement ce Oath Bound m’aura complètement convaincu, il aura su prendre ce qui m’avait plu dans la discographie de Summoning pour tout concentrer dans une gigantesque bombe. Contenant un des meilleurs morceaux que Summoning ait jamais écrit («Land of The Dead»), Oath Bound s’inscrit comme un des meilleurs albums du groupe si ce n’est le meilleur surpassant peut-être même Dol Guldur grâce à une richesse et une maturité musicale qui manquaient encore au groupe en 1996.
Tout simplement Indispensable.

  1. bauglir
  2. across the streaming tide
  3. mirdautas vras
  4. might and glory
  5. beleriand
  6. northward
  7. menegroth
  8. land of the dead
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9 Commentaires

  1. krakoukass Krakoukass says:

    Album complètement envoutant auquel je ne reprocherais qu’une chose : être un poil long. A part ça, je trouve la pochette sublime.

  2. AlCheMist says:

    Belle chro, qui me donne envie de découvrir ce dernier opus. Je ne connais que Stronghold pour le moment, je vais tâcher de creuser la chose. Pour les samples, je prie pour qu’ils ne soient pas tirés du film de Jackson, la vision de Summoning me semblant tout de même un tout petit peu plus sombre et moins larmoyante ;O)-

  3. Monster says:

    J’aime beaucoup Summoning mais bon faut quand même le dire hein : c’est super kitsch avec ce clavier qui trompette à tout bout de champ !!

  4. mydrin says:

    Enorme cet album, cette longue attente valait le coup, il ne me reste plus qu’à attendre la sortie du nouveau DVKE ;-))

  5. Solarfall says:

    Un gros gros feeling à la Dol Guldur sur ce disque, c’est ce qui frappe d’entrée, même si j’en suis encore plus au stade de la découverte qu’autre chose.
    Comme toujours, les Autrichiens ne déçoivent pas. Mention spéciale au premier et aux deux derniers morceaux, notamment un Land of the Dead qui figure déjà parmis les meilleurs titres du groupe à mes yeux.

  6. Garbath says:

    Il est énorme cet album! Vraiment énorme! Pour être franc, je n’avais pas aimé leurs deux précedentes réalisation, et j’avais peur d’être à nouveau déçu, mais non, ils sont revenus aux sources et ont réussi ce coup car ils n’ont pas fait que copier leur ancien style, ils ont rajouté des choses. Mention ultra spéciale pour « Land Of The Dead », le dernier morceau qui vaut à lui seul l’achat de cet album!!

  7. Sambre says:

    Summoning, on adore ou on crache dessus. Mais là…Sortez vos haches de Guerre et Partez Butter de l’Elfe dans la Lothlorien !!! Krévindiou…c’est Beau et c’est Beau…On en redemande…on Savoure, on Savoure et on en redemande… MIRDAUTAS VRAS !!!

  8. mmm says:

    Franchement, c’est vraiment relou les ambiances LE SEIGNEUR DE L’ANNEAU ça pue trop

  9. RPGsquare says:

    A peine ai-je entendu cet album chez mon disquaire à Nice, je me devais d’acheter cet album à tout prix … mmm 17€ … euh bon je l’achète quand même hein mais bon ça amaigri bien mon portefeuille enfin je suis content et j’avoue j’ai écouté en boucle le CD durant les 2 semaines suivantes.
    Vraiment un grnd album fourni par un grand groupe du genre, qui se démarque des autres groupes tolkienniens, avec la sombreur du metal que l’on peut savourer.

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