Nirnaeth – Thrown Athwart the Darkness

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Style: black metalAnnee de sortie: 2006Label: Great Dane Records

Ah le Grand Nord… c’est tout de même un abîme majestueux dans lequel les grands groupes de black metal ont pu puiser une suprême inspiration capable de les porter parmi les souffles maudits de l’infamie et de la rage. Ah le Grand Nord… Pas-de-Calais.
Car, voyez-vous, ces nouveaux venus sur la scène des pas gentils blackeux sont originaires de Lille. Et si je peux inciter quelques pelés à accorder une écoute attentive à des « ch’tis d’min coin », pourquoi m’en priver ? D’autant que je n’ai absolument pas à camper un rôle de pure composition dans la mesure où les 9 titres ici proposés sont loin, très loin d’être désagréables.

On se fait une petite présentation sympa avant d’attaquer les hostilités ? Ouais allez c’est parti : origine géographique, ça c’est fait ; pour le reste, on a une guitare, une basse, une batterie, un chant ; on a un groupe relativement jeune (premières compos en 2001) et un premier véritable album qui fait suite à une demo datant de 2004 (et de laquelle sont tirés 2 titres pour se retrouver aujourd’hui parmi les 7 autres de ce Thrown athwart the darkness) ; on a un groupe qui se réclame d’une certaine « pureté artistique » (pas trop de bidouillages techniques pour les prises de son ; une volonté de s’en tenir à une formation rock brute sans fioriture et, de facto, sans clavier) ; un patronyme (un de plus) qui trouve son origine dans le glossaire de papy Tolkien. Bon on se contentera de ça parce que personnellement je préfère laisser le lecteur aller faire ses propres recherches sémantiques et biographiques lui-même s’il est suffisamment motivé par la qualité musicale. Et de qualité musicale, ici, il est fortement question.

Pour ce qui concerne le style pratiqué allons voir du côté de l’auto qualification : « black/death dévastateur ». Pourquoi pas. J’aurais pour ma part plutôt opté pour un black/dark en ayant à l’esprit des groupes comme (last) Immortal et (old) Dissection mais il ne s’agit là que d’un débat stérile chacun voyant à peu près de quoi il s’agit. Le qualificatif « dévastateur » n’est quant à lui pas usurpé car on a bel et bien affaire à du bon gros matraquage haineux et sans concession. Le chant de bataille qui fait office de pochette pourrait d’ailleurs très bien être celui laissé par le passage de ces Attila français.

On n’a pas pour autant à endurer une déferlante de riffs et de blasts ultra soniques jusqu’à épuisement et lassitude : les morceaux sont variés, les mid tempos efficaces (belle cavalcade finale sur « Et nox facta est ») et le groupe emprunte, sans être ridicule, les sentiers de la mélodie (« Black metal wrath ») et des arpèges (« We’ll be victorious »).
L’intro de « War » me rappelle un riff de l’unique album des deatheux de Disincarnate ce qui aurait tendance à corroborer le qualificatif usité par le groupe et donnerait tort au mien (merde). Disons que ça le rappelle vaguement et dans une version plus dark (ouf voilà qui est mieux). Les 2 autres groupes dont l’ombre semble planer tout au long de ces 9 titres (dont pas un n’est à jeter) sont ceux que j’ai déjà cités plus haut à savoir Immortal et Dissection. Si j’ai pu lire çà et là le nom des premiers, celui des seconds n’a semble-t-il – et sauf erreur de ma part – pas été cité alors que rapprocher « Nirnaeth Arnoediad » d’un album comme Storm of the light’s bane ne devrait pas provoquer le courroux de quiconque. « Pentagram of flesh », et pour faire un parallèle avec la bande à Abbath, a, quant à lui, un fort relent de At the heart of winter.

Je n’irai toutefois pas jusqu’à suggérer aux nordistes de se départir de leurs influences afin d’acquérir une véritable personnalité propre car cette dernière me paraît déjà bien présente (et, accessoirement, je ne vois pas au nom de quoi je leur indiquerai une voie à suivre) ; les trouvailles sont en effet au rendez-vous : le final de « Black metal wrath », la reprise sauce black metal d’un thème de Dracula tirée de l’oeuvre de Kilar, une savante combinaison de différents tempos que le dernier titre résume à lui seul avec majesté. Lorsque, en plus, la production apporte son lot de puissance et que le chant n’est pas monotone, on se dit qu’on tient là un bel espoir pour une scène française décidément bien en verve.
Autant d’éléments qui appellent avec encore plus d’acuité à une interrogation sous forme de déception : dans une interview faisant suite à la démo le groupe affirmait avoir suffisamment de morceaux prêts pour faire 2 albums et on se retrouve avec un album qui avoisine péniblement les 33 minutes. Une question me brûle donc les lèvres : pourquoi ?
C’est pas gentil de mettre l’eau nauséabonde à la bouche putréfiée (et brûlée qui plus est) pour au final ne pas satisfaire pleinement l’attente funeste d’une débauche néfaste mais régénératrice !

  1. nirnaeth arnoediad
  2. war
  3. et nox facta est
  4. tenebres
  5. vampire hunters
  6. black metal wath
  7. pentagram of flesh
  8. nothing but ashes
  9. we’ll be victorious

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

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3 Commentaires

  1. dah-neir says:

    Putain j’ai cru que c’etait un nouveau Nirnaeth mais le Nirnaeth de Pologne. Déçu je suis. Je continuerais a attendre mes polonais, ca fait juste 6 ans….

  2. darkantisthene says:

    donne-leur tout de même une chance di diou!

  3. Avenas / Enguerran says:

    Dah-neir !
    Tes polonais restant muets peut être faut il commencer à t’inquiéter…
    En attendant le rapport du medecin légiste, pourquoi ne pas se pencher sur ce Nirnaeth là, bien vivant lui ?
    Aussi, amis metalleux, Je ne saurais que trop vous conseiller cet excellent brulôt . Les 8 titres (+ la reprise « Vampire Hunter » de Dracula) font vraiment parler la poudre , la guitare est vraiment sévère, et le « chant »…. affreusement énérvé. Et Ils n’ont pas l’air de forcer en plus.
    Depuis la déjà bonne démo « Nothing but ashes », des progrés ont été fait et surtout le son permet enfin d’apprécier de nombreuses « subtilités » (si si, ça fourmille de trouvailles) . Une fois de plus, ce qui frappe c’est l’originalité de compos ultra complexes. Concepts et lyrics sont affutés, ce qui commence a être enfin le cas pour de nombreuses formations françaises (comme quoi la scène héxagonale se porte bien et parvient à se débarasser peu à peu de son coté « franchouillard », truculant certe, mais avouons le assez peu compatible avec des prétentions internationales!) .Oui, mais là c’est un truc de névrosé… Sinon sur scène ça vaut le détour. En bref, un furieux combo qui semble vouloir mettre tout le monde d’accord . pour ma part, j’attend la suite avec impatience .

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