Disillusion – Gloria

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Style: metal mouvantAnnee de sortie: 2006Label: Metal Blade

Il serait un peu facile et vaseux de profiter de la sortie de Gloria pour taxer cet album de « désillusion ».
Pourtant il est vrai que la tentation de céder à ce jeu de mots pourri est grande à la première écoute de ce nouvel album. La déception sera en effet probablement le premier sentiment ressenti par 90% de ceux qui connaissent le précédent album du groupe, le merveilleux Back To Times Of Splendor, l’un des meilleurs albums de l’année 2004.
Car pour être déroutant ce nouvel album l’est. Mais il est aussi très loin d’être mauvais, et les écoutes successives devraient en convaincre même les plus résistants. Et tant pis pour les autres.
Oui Gloria est un album ambitieux. Peut-être trop même. Car on est en droit de se demander si un tel album avec le cul coincé entre plusieurs chaises parviendra à trouver son public. Rien n’est moins sûr.

Terminée donc l’orientation très death progressive à la Opeth, qui avait régalé les amateurs du premier album, et place à… Place à quoi au fait ???? Là est toute la question finalement.
Ce que l’on peut tout de même constater, c’est la tonalité beaucoup plus moderne de ce nouvel opus : là où tout (jusque dans la pochette) semblait avoir une coloration presque heroic fantasy, donc plutôt passéiste, le ton est ici plutôt futuriste avec un recours omniprésent à l’électronique.
L’album démarre d’ailleurs avec « The Black Sea », sur des battements électroniques qui rappellent fortement le démarrage de « Deadwing » sur le dernier album du même nom de Porcupine Tree. Quelques secondes plus tard pourtant un riff énorme (ouh putain le son !) s’abat sur l’auditeur et le chant de Vurtox démarre peu après, un chant trituré par les effets. Grosses surprises en chaîne donc, et pas terminées puisque le « refrain » est appuyé par des espèces de chœurs townsendiens ou ayant même une coloration world à la VAST (premier album).
Vous l’avez compris, c’est un mélange détonnant que nous propose Disillusion.
Un peu plus loin « Don’t Go Any Further » abat ses riffs massifs pour un titre assez simple et direct, presque martial, à la Rammstein. Et encore ce chant robotisé (sauf sur le refrain), détraqué. C’est certainement lui qui sera responsable de la surprise et de la déroute des anciens fans du groupe. Pourtant il sied plutôt bien à la nouvelle direction musicale de Disillusion, qui n’a vraiment, j’insiste, plus rien à voir avec ce qui était pratiqué auparavant.

J’évoquais des chœurs townsendiens tout à l’heure, ce n’est pas par hasard car au-delà de cela je trouve qu’on retrouve cette emphase et cette façon de démultiplier les sons pour occuper l’espace, si chère à Devin.
Par ailleurs, qu’on ne se méprenne pas, cette nouvelle direction musicale ne peut et ne doit en aucun cas être résumée par le terme « simplification ». Car certains titres emploient même des structures ou même des phrasés vocaux très surprenants et originaux : c’est encore une fois ce qui conditionnera l’adhésion ou le rejet en bloc. Exemple avec l’un des titres les plus surprenants et déroutants de l’album « Aerophobic », qui outre des chœurs opéresques fameux, présente une rythmique presque dansante, qui ne manquera pas de donner la nausée aux sclérosés du bulbe. « Avalanche » quant à lui est très original dans sa construction vocale, à tel point même que la première impression peut être que tout y est de travers et pas du tout comme il faudrait, avec un phrasé tantôt parlé tantôt chanté. Il n’en est pourtant rien et après quelques écoutes, l’efficacité se révèle et tout cela semble au contraire bien intéressant, sans parler de cette belle montée en puissance à la fin du titre.

Certains titres tirent davantage leur épingle du jeu comme l’excellent « Save The Past », mais dans sa globalité, l’album forme un tout très cohérent dont l’écoute même répétée s’avère très agréable. Et finalement on s’aperçoit que les tics vocaux qui nous dérangeaient au départ s’accordent parfaitement bien avec le reste.
On mentionnera tout de même « Too Many Broken Cease Fires » qui est le seul titre qui rappellera un peu le Disillusion progressif du précédent album, mais c’est vraiment le seul répit que trouveront ceux qui ne se feront pas au changement.

Bon alors ok j’ai personnellement réussi à adhérer à cet album et à cette nouvelle donne. Est-ce à dire que je vais tenter de vous convaincre que cet album vaut son prédécesseur ? Que nenni. Même si je reconnais de réelles qualités à Gloria qui est incontestablement un album bien plus intéressant qu’il n’y paraît de prime abord, il ne fait aucun doute que Back To Times of Splendor lui était largement supérieur et reste le meilleur album du groupe.
En tout cas on ne peut que saluer la décision du groupe de proposer quelque chose de nouveau pour éviter la redite : car contrairement à un groupe comme The Haunted dont l’évolution laisse plutôt perplexe, on sent bien que Disillusion choisit une voie certes délicate, mais en tout cas très intéressante et plutôt réussie.
Les plus aventureux et ouverts d’esprit trouveront donc certainement un réel intérêt à découvrir ce nouveau visage du groupe allemand…
En tout cas un bon conseil : essayez d’aborder cet album avec un regard neuf, en oubliant ce que vous savez du groupe, et surtout ne vous arrêtez pas à la première écoute.

  1. the black sea
  2. dread it
  3. don’t go any further
  4. avalanche
  5. gloria
  6. aerophobic
  7. the hole we are in
  8. save the past
  9. lava
  10. too many broken cease fires
  11. untiefen
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2 Commentaires

  1. Monster says:

    Je l’ai pas beaucoup écouté mais au-delà de la surprise, ça m’a semblé plutôt interessant. Faut juste le temps de s’y plonger…

  2. guim says:

    Un album qui fera crisser en calisse les extrêmistes et qui ravira les néo-fondateurs futuristes;ceux qui n’ont pas d’à priori vis à vis de la direction que peut prendre un groupe pourront apprécier l’effort louable de ne pas se perdre dans la redite,d’autres criront au sacrilège tout en faisant passer ce qu’il y a sur l’album pour de la musique fade et sans intérêt,heureusement tous les goûts sont dans la nature,comme Krakou (et beaucoup) mon préféré reste « back to the time… » mais ce « Gloria » est novateur et éclairé,bref je trouve encore qu’ils ont fait fort…

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