Pink Floyd – Wish You Were Here

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Style: rock progressifAnnee de sortie: 1975Label: EMI

Il était inévitable que ce groupe arrive tôt ou tard dans cette rubrique. Un groupe qui a considérablement changé la face de la musique populaire de la seconde moitié du 20e siècle. J’emploie le terme « musique populaire » au sens large, bien au-delà du rock et de la pop dans sa signification la plus restreinte.
On ne compte plus aujourd’hui le nombre de musiciens qui avouent, allongés sur leur divan, l’influence immense qu’a eue la bande à Waters dans leur vie, voire même le rôle que Pink Floyd a eu dans leur choix de se lancer un jour dans la pratique musicale.
Pink Floyd n’a pas été le groupe qui m’a fait aimer la musique. Il a même longtemps été le groupe dont les titres qui passaient en radios (« Money », « Another Brick in the wall », « High hopes »…) étaient fondus dans la masse et non dignes d’intérêt pour le jeune fan de heavy métal que j’étais alors (qui a dit jeune con ?).
Et puis un jour, je décide quand même d’écouter un album du début à la fin pour voir ce que le groupe propose en dehors de ses tubes. Je choisis donc un album au hasard dans la disco de la frangine (qui s’était mise en tête d’acheter tous leurs albums depuis peu). J’évite celui avec le triangle qui contient « Money » déjà trop entendu, et j’évite aussi celui avec les briques blanches (même sanction à cause de la chanson titre, matraquée sur les ondes). Je prends donc celui avec le type qui sert la main à son double en feu… Je ne connais que vaguement « Wish you were here » dont les paroles ornent les cahiers de chants pour guitaristes de feu de camp. Aux premières notes de « Shine on you crazy diamond », je me dis que je suis sans doute passé à côté de quelque chose…

Effectivement, encore aujourd’hui, près de 10 ans après la découverte du titre introductif de l’album, je pense que l’on tient là un des plus beaux morceaux de la musique pop du siècle dernier. Les premières notes de synthé nous invitent de suite à décoller pour un autre monde (non pas celui de Jean-louis Aubert). Puis arrive la guitare inimitable de David Gilmour, musicien au touché si particulier, que de nombreux guitaristes tentent encore d’imiter… en vain. Si Roger Waters se défend d’avoir fait de « Wish you were here » un album concept, il faut quand même admettre qu’une trame se dessine autour du business musical et du système qui transforme l’artiste en star du show bizz (« Welcome my son, welcome to the machine / What did you dream ? / It’s alright we told you what to dream » extrait de « Welcome to the machine »), en gros ce que devait redouter Syd Barret et ce qui allait expliquer son départ prématuré du groupe. Mais concept ou non, ce qui est certain c’est que l’on est en face de l’archétype de l’album progressif avec ses multiples formes, couleurs et paysages. Je suis loin d’être un connaisseur en la matière mais je pense que « Wish you were here » marque l’apothéose d’un genre apparu 6 ans plus tôt avec le premier album de King Crimson (lui aussi digne d’une présence dans cette rubrique). Soli divins, saxophone bluesy, balades acoustiques, expérimentations sonores, bref un panorama de tout le savoir faire de Pink Floyd mis en place ici dans une grande cohérence et sans aucun faux-pas, captivant du début à la fin. La voix de Gilmour n’a jamais été aussi prenante, parfois désespérée, mais toujours juste. Elle s’écarte juste le temps de « Have a cigar » pour laisser la place à un certain Roy Harper, chanteur folk anglais resté relativement anonyme (mais à qui Led Zeppelin rendit hommage avec sa chanson « Hat off to (roy) Harper » sur leur 3e album). Le caractère progressif de WYWH, outre les différentes textures de l’album, prend toute son ampleur avec le titre « Shine on you crazy diamond », scindé en 2 parties afin d’introduire et conclure l’album. Ce titre légendaire fut composé en hommage à Syd Barret, musicien visionnaire, membre fondateur du Floyd avec Roger Waters et parti dès le second album dans un monde qui n’appartient qu’à lui (et décédé il y a peu, dans l’indifférence quasi-générale). Une façon pour Roger Waters de montrer que lui seul connaît réellement Syd, en réaction à tous les « on-dit » et ragots relayés dans la presse de l’époque. Personnellement, je considère « Shine on you » comme le meilleur titre jamais écrit par Pink Floyd. Tout leur talent explose au cours de ce titre épique fabuleux, ses deux parties jumelles qui se répondent et exploitent le thème principal chacune à leur manière. La première partie est le décollage, la seconde est l’atterrissage. La première est sereine, la seconde est perturbée et montre des guitares plus incisives qu’à l’accoutumée avant de repartir dans une ambiance plus posée et laisser aux claviers le soin de conclure. Fabuleux.

Ce serait enfoncer les portes ouvertes que de porter aux nues une fois de plus l’excellence du morceau titre « Wish you were here », chanson folk intimiste, limite simpliste au premier abord (en comparaison des arrangements poussés des autres titres) mais porteuse d’une grande mélancolie. Il est alors surprenant de savoir que « Wish you were here » traite du probable manque d’inspiration du groupe et de la disparition de la magie qui les unis. Selon Waters le groupe peine en studio, ne se parle quasiment pas et se demande comment il va renouveler l’exploit Dark side of the moon qui fait au même moment un succès planétaire. La mission est largement accomplie et en ce qui me concerne, Wish you were here est le vrai chef d’œuvre du Floyd. Une œuvre intemporelle, qui n’accuse pas du tout ses 30 ans et restera quoiqu’il arrive une référence absolue du rock et tous ses dérivés.

  1. shine on you crazy diamond (part one)
  2. welcome to the machine
  3. have a cigar
  4. wish you were here
  5. shine on you crazy diamond (part two)
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18 Commentaires

  1. Earthy51 says:

    J’ai moi même souffert du syndrôme du jeune con ignorant saoulé au Floyd par les parents les dimanches de pluie…quelle erreur, en effet, rien que pour Shine On ou Crazy Diamond cet album est un incontournable de la musique (au sens le moins restrictif). Un groupe qui ne cessera jamais de laisser sa marque sur les générations de musiciens à venir (enfin si on pouvait se passer de massacres comme la reprise par Korn d’Another Brick in The Wall)

  2. Firecat says:

    Ah, LE voilà l’autre album de Floyd que j’achèterai. J’ai assez écouté Dar Side of the Moon et je n’ai pas totalement accroché à Atom Heart Mother (meme si la chanson eponyme est assez incroyable).
    Merci *_*

  3. Patmos says:

    il faudrait inventer une rubrique les « Antologiks des Antologiks » pour cet album. LOL Un must ttes catégories confondues!

  4. darkantisthene says:

    bonne kro mais groupe surfait je trouve
    m

  5. Cactus says:

    album divin…tout es parfait…surement l’un de mes favoris du Floyd

  6. jéjé says:

    il m’a fait peur, Darkanthistène….
    Il a souvent été dit, ici, que pour tel ou tel album, aucune note n’était à jeter, j’en ai souvent douté (mêm pas une?), mais pour cet album, aucune note n’est à jeter…
    Même pas une? me demandera-ton…
    Même pas une!

  7. guim says:

    Un des meilleurs Floyd,l’histoire d’un type qui regarde derrière lui,le regard lysergique perdu dans les plaines vertes se rappelant des gouttes et des cartons qui ont distendu les courbes et relancé l’histoire de ce groupe légendaire,un disque d’une maturité et d’un cynisme hallucinant,Waters au top qui tourne une des nombreuses pages du rock psychédélique pour se concentrer sur une nouvelle direction,incontournable et bon boulot pour la doc,la kro est vraiment intéressante

  8. damien luce says:

    Pas mon favori de la discothèque trés fournie des floyd, Je suis plutot attiré par « Meddle », mais « wish you were here » a le mérite d’être une bonne entrée en la matière pour une personne désirant découvrir ces génies.

  9. Joss says:

    pour la documentation, je remercie particulièrement mon collègue pour m’avoir preté ses archives et ITW découpées dans des rock n’ folk d’époque. ça m’a permis de mieux comprendre certaine chose :-)

  10. AlCheMist says:

    Le seul et unique album des Floyd que je possède. Enorme ‘Welcome to the Machine’. M’en vais le ré-écouter avec une oreille et un point de vue enrichis, merci Joss !

  11. Dun23 says:

    Grand album et oui, nom de Zeus, wish you were here, l’album, est à tomber. Meilleur que son prédécesseur, qui, à mon goût, possède quelques trucs dispensables. Ceci étant dit, wish you were here, la chanson me file des frissons, j’adooooôooore la jouer sur ma gratte, mal, d’accord, mais j’essaie. J’adooooooôooooooore jouer Have a cigar, mal, d’accord, mais j’essaie. Et j’adorerais jouer welcome to the machine, mal, d’accord, mais j’essaierai. et ….(refrain connu)

  12. Angrom Angrom says:

    Très bon disque. Pour ma part Pink Floyd restera plus dans ma mémoire pour « The Wall » et « Dark Side Of The Moon » mais il est clair que ce wish you were here, au même titre que « Meddle » par exemple, restera dans les classiques. Par contre, je ne suis pas un fou de « Shine On You Crazy Diamond » par exemple…

  13. ellestin says:

    « en ce qui me concerne, Wish you were here est le vrai chef d’œuvre du Floyd »
    Je serais entièrement en phase avec toi s’il n’y avait « Animals », « Atom Mother Heart », « The Wall », « The Division Bell » et Meddle ».
    Très sympa ta chronique.

  14. Joss says:

    The division bell ? vraiment ?

  15. ellestin says:

    Ha oui carrément :o)

  16. kaoslynn says:

    perso je préfère « Dark Side Of The Moon », mais « WYWH » est un « putain » d’album également !

  17. Chris K says:

    Les mots ne suffisent pas ^^ tout simplement le meilleur hommage musical de tous les temps… 3 morceaux parfaits, entourés des deux parties du long monument (25 minutes !) Shine on You Crazy Diamond !

  18. Noohmsul says:

    « Wish you were here est le vrai chef d’œuvre du Floyd. Une œuvre intemporelle, qui n’accuse pas du tout ses 30 ans et restera quoiqu’il arrive une référence absolue du rock et tous ses dérivés. » Tout est dit. Cet album contient l’essence même de la Musique, mais les mots sont trop pauvres pour le décrire. Un de ces rares albums qui vous change la vie…

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