Basement – Everything Gets Distorted

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Style: noise rockAnnee de sortie: 2006Label: Interference

Retrouver Basement c’est un peu comme retrouver une ex et ses douces mélopées. C’est bon, c’est chaud, emprunt d’une certaine nostalgie un rien mélancolique. A une différence près, mais de taille. Cette salope aura toutes les chances de continuer à vous les briser… Alors autant s’en priver et retourner directement écouter Basement ! Car s’il faut bien que je reconnaisse le plaisir un rien nostalgique qui m’envahit à chaque écoute de ce Everything gets distorted, il squatte néanmoins ma platine depuis quelques temps pour la simple et bonne raison que Basement n’est pas revenu sucrer les fraises d’une scène noise aux souvenirs ébahis de ces putains de 90’s. Ces putains de 90’s et sa scène rock où l’énergie et la rage fondaient le terreau d’une créativité et d’un son hors norme. Non, Basement revient sur le devant de la scène après une dizaine d’années d’absence avec un album sombre et puissant. Il rappelle bien évidemment leurs deux premières productions – les EPs Head On sorti en 1997 et Underneath datant de 1998, tous deux produit par Fred Norguet – mais affirme un nouveau tempérament, le souhait d’investir l’avenir en nous jetant à la gueule des compositions relevant autant des vices de la noise que des vertus du rock.

Dès les premières mesures de « Release me », le ton est donné. Un riff de guitare en embuscade, une basse plombée et une batterie nerveuse pour lancer le morceau sur lequel viennent surnager cette voix étouffée, tour à tour susurrée ou hurlée et ces mélodies où l’acide se mêle à la mélancolie pour vous charmer et vous emprisonner au cœur d’une addiction des plus fatales. Oui l’acide coule dans les veines de ces compositions. A l’écoute de ces compositions, le spleen s’insinue doucement, calmement en vous puis vous envahit et vous possède sans aucune rémission possible. Vous plongez au cœur de cet univers froid, vous vous retrouvez face à vous-même, vos peurs, vos regrets, vos remords, votre dévastatrice colère… Et pourtant le désespoir inéluctable de cet univers n’est en rien irrémédiable. A l’image du superbe visuel – signé Jean-Michel Gimenez des Tantrum – vous savez que vous êtes au cœur d’une renaissance. En écoutant l’instrumental « Maelström », vous savez que l’aube se lève. Votre esprit embrumé, vos sensations, votre vue percent ce clair-obscure. La résurrection est proche. Ce cri est un cri de libération ! Et cette musique vous accompagne, vous berce et vous anime.

Résolument basée sur des rythmes mid-tempo, la basse se taille la part du lion au cœur de cette musique, comme chez un certain Unsane. Elle vous hypnotise avec son groove et un son froid, sec au sein de ces morceaux où le temps se pose, l’ambiance se développe sans céder à la grande cavalerie épique d’un certain post-rock. Non, ici les morceaux conservent l’accroche du rock, son format – les compositions oscillent majoritairement entre trois et quatre minutes – et sa dynamique. Et c’est ce qui fait la grande force de cette musique, cette dynamique. Que ce soit dans le jeu des questions-réponses entre les deux guitares mais aussi avec la voix ou la basse venant jouer les troubles fêtes, dans les rythmiques percutantes, alternatives, triturant les rythmes, les construisant et les déconstruisant sans cesse, les mouvements s’enlacent et s’entrelacent et le rock se tape sa cure de jouvence. La noise, elle, vient jouer le mélodrame de ces mélodies belles à en crever, la saturation du son ne parvenant pas à étouffer la débauche de larmes et d’énergie, les brûlures de la colère comme la rage d’en découdre. Reflet d’une solitude, d’une violence, d’espoirs déchus, cette musique n’en possède pas moins l’énergie et une force inextinguible, de celles que l’on pouvait vivre en écoutant les Drive Blind, Sleeppers, PortoBello Bones.

Et comme si ça ne suffisait pas ainsi, la voix en rajoute une couche, s’impose, surtout durant « Train Fantôme » et « In the Backroom », où bien que toujours mixée en retrait, elle se dévoile, cesse de se cacher derrière les delays pour nous ensorceler, nous fasciner tel un Perry Farrel à la grande époque du Jane’s Addiction. L’acide devient alors hallucinogène, on s’envole, on rêve, on délire et ce n’est certainement pas la production froide mais puissante de Nicolas Dick des Kill the Thrill qui nous fera toucher terre. Seuls les huit uniques compositions de cet album magistral le pourraient. Alors à défaut, j’ai programmé le mode repeat de ma platine, et ce jusqu’à ce que mort s’en suive !

  1. release me
  2. negative land
  3. maelström
  4. sonar
  5. slow waiting
  6. train fantôme
  7. about your behaviour
  8. in the backroom
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6 Commentaires

  1. zurb says:

    mmmmmmmmm me réjouit de jeter une oreille là-dessus. Basement de retour, ça faitplaisir!

  2. kollapse says:

    Yep Basement c’est du tout bon, faut que jme trouve ça (je sais où…) ! Nicolas Dick des grands Kill The Thrill à la prod, c’est étonnant je ne le savais pas producteur. Groupe aussi à écouter au fait :-)

  3. Florent says:

    Il va aussi produire le prochain Overmars et le prochain Membrane ;-)

  4. kollapse says:

    Outch °-°. Le bonhomme n’a pas bon gout que dans sa propre musique à ce que je vois !

  5. jéjé says:

    c’est bon et chaud de retrouver une ex, Neurotool?

  6. Neurotool says:

    Il est où le pb?

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