Leng Tch’e – Marasmus

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Style: grindcoreAnnee de sortie: 2007Label: Relapse

Le dernier album de Leng Tch’e débutait par un sample sûrement extrait d’un nanard de kung fu (NDKrakou : honte sur toi Hororo, c’était un sample de Ken Le Survivant!!!!) pour ensuite enchaîner sur un énorme blast efficace plaçant l’album dans un registre comico gore grind. Excellent du début à la fin mais très unidimensionnel car placé sous le signe du blast. Le fan de grind de base devait être satisfait par cette orgie de vitesse mais les riffs souffraient assez de ce manque de respiration. C’est donc une décision salvatrice que d’avoir ralenti un peu le tempo sur ce nouvel album et de ne pas avoir poursuivi dans une voie trop simple et directe. Le choc est tout de même important car une fois le premier titre écoulé, ma mâchoire a tentée de toucher le sol quand j’ai entendu ce riff groovy me débarquer dans la tronche au début de « 1 -800- apathy ». Le revirement n’est pourtant pas aussi catégorique que l’on pourrait le penser à la première écoute. En effet, ce n’est pas comme si Leng Tch’e avait tellement appuyé sur le levier de vitesse qu’ils étaient descendus jusqu’en première pour ne plus jamais savoir remonter à la vitesse de Ferrari qui caractérisait The process of elimination. Mais le fait est que les blasts ne sont plus de rigueur sur les 16 titres de l’album et que même avec un nombre de plages typique d’un album de grind, seuls quelques titres passent sous les deux minutes.

Marasmus n’est toutefois pas la transformation complète d’un nouveau monstre. La production est identique et tout aussi puissante que sur The process of elimination. Lourde et gonflée de basse pour permettre aux riffs de résonner encore plus dans vos tympans, elle lie chaque instruments efficacement, laissant de coté la subtilité, mais gonflant l’enregistrement en férocité. Vocalement, nous avons encore a faire à une alternance entre des hurlements gras, voir porcins, et aussi hardcore. Ce qui a vraiment changé ici c’est ce côté rock n’ roll qui était présent sur certains riffs du dernier album qui a pris encore plus de place sur Marasmus. Sans jamais tomber dans un tempo doom, la batterie flirte souvent avec des passages plus punk et n’hésite plus à alterner entre différentes vitesses pour procurer le relief nécessaire aux riffs puissants et efficaces qui auraient été bien perdus dans une foret d’explosions de double grosse caisse. Contrairement aussi à ce que l’on pourrait penser, Leng Tch’e en devient plus menaçant et l’étiquette comique qui leur était associé dans mon esprit en a pris un coup d’une seule traite. Les titres des chansons laissent aussi présager une bestiole un poil plus virulente que la dernière fois puisqu’à la place d’un « Scene scenery » ou d’un « Icone resizer » ce sont des « Social disgust » ou « Submissive manifesto » que l’on trouve dans le tracklisting.

Marasmus, sans être un monstre de violence imparable, comme les publicitaires des labels aiment le clamer à l’approche d’un nouvel album de cette catégorie, est un disque véritablement agréable sur la longueur, qui s’ouvre à un plus large panel d’oreilles tout en ne sacrifiant absolument rien. Bien au contraire, les chansons sont deux fois plus efficaces qu’auparavant grâce à de très bons riffs mais aussi à des petits détails un peu plus mélodiques et accrocheurs. Ce disque respire et vient vous souffler dans le cou avec l’air de ne pas plaisanter. Mieux encore, chaque écoute se révèle être encore plus agréable et intéressante que la précédente et bien que je trouve cet album très bon, je pense que je le ferais tourner avec encore plus de plaisir au fur et à mesure des mois à venir. En ouvrant leur musique a des rythmes plus variés et plus uniquement à la vitesse survitaminée de rigueur sur les albums de grindcore, Leng Tch’e a trouvé un nouveau souffle bien plus prenant que sur The process of elimination. Reste encore ce son de batterie très synthétique, seul détail qui aurait pu être corrigé, et qui était déjà présent sur l’album précédent. Mais avec un disque aussi efficace que celui-ci, ce serait du chipotage de ma part que de m’attarder dessus. Marasmus est, contrairement a sa signification dans le vocabulaire médicale, un disque lourd, très lourd, témoignant de la vitalité d’un bambin prêt à en découdre avec le monde entier.

  1. lucid denial
  2. 1-800-apathy
  3. tightrope propaganda
  4. nonsense status
  5. tainted righteousness
  6. marasmus
  7. confluence of consumers
  8. the white noise
  9. obsession defined
  10. abstained
  11. the sycophant
  12. social disgust
  13. the divine collapse
  14. submissive manifesto
  15. pattern
  16. trauma and scourge

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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4 Commentaires

  1. Fratricid says:

    Ouais bon disque mais en dessous des autres à mon avis.
    Trés sympas mais pas exeptionnel.

  2. quelqu'un says:

    en tout cas la pochette a un air de jane doe … la comparaison s’arrette là, l’album est vachement sympa, ca m’a permis de découvrir un groupe qui m’intriguait et dont je n’arriverais jamais à retouver l’orthographe, le myspace donne envie !

  3. krakoukass Krakoukass says:

    Bien bon album, meilleur que le précédent pour ma part.

  4. pearly says:

    Leng Tch’e perd en folie, LT perd en grindcore, LT perd en approximations, LT est devenu plus « arrondi », plus pro, plus carré, plus « technique », peut-être plus effiace.
    bref un album qui m’a d’abord déçu, dans la lignée du précédent mais mieux foutu, puis qui finalement se révèle être très bon.
    à voir sur scène !

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