Venetian Snares – Rossz Csillag Alatt Szuletett

19 Commentaires      2 210
Style: breakcore/classiqueAnnee de sortie: 2005Label: Planet Mu

Rossz csillag allat szuletett, nouvelle langue oulipesque, hommage posthume au feu Drukqs d’AFX, problème de clavier?
Rien de tout ça, simplement : »Né sous une mauvaise étoile » en hongrois,le douzième album de Venetian arrive comme un cheveu dans la soupe pour compléter le pannel breakcore du maestro du drill et des escapades à torsions de synapses.
C’est dans le rayonnement sombre de cette mauvaise étoile qu’Aaron Funk nous convie à une de ses fêtes sonores les plus abouties.

La légende veut que ce soit en se balladant en Hongrie et en visitant un chateau que le canadien s’est tapé le trip du disque, dont on retrouve sur « Masodik Galamb » les prémices de pistes nous expliquant pourquoi l’ami Venetian se prend pour un pigeon survolant le monde, du trip dur, à se demander si les gouttes pleuvent en Hongrie autant qu’en Californie à une certaine époque.
C’est ce qui a certainement amené notre joyeux zig à opter pour cette pochette sobre et riche en pigeons,la métaphore filée par excellence…
Mais l’étoile filante, c’est bien ce disque, dédié à une approche moins souterraine où les codes breakcore, toujours vivaces, sont entichés d’une parure moins extravagante dans leurs sonorités (dans un premier sens de lecture), l’attaque globale se fait sur le front de la fraicheur sous les cyclonesques rafales du laptop de l’athée des structures binaires.

 

Rossz Csillag Alatt Született est à la fois plus organique et sensible que ses prédécesseurs, là où la granularité et la frappadingue touche hardcore propulsait un Meathole ou un Doll Doll Doll à l’instar d’un Doormouse ou d’un Otto Von Schirach dans des sphères plus brutales, l’ami Aaron trie sur le volet samples et Fx, s’autorise quelques add au niveau instrumental notamment au violon et aux claviers pour aboutir à une bibliothèque très homogène de samples bien loin de la seule école électronique :
musique contemporaine et classique pour un regain solennel d’atmosphères sombres, aux magnifiques cordes pour ces nappes naturelles qui propulsent l’album dans un paysage jusque là jamais esquissé par Funk.
Musique Jazz et quelques arrangements trip hop pour ces breaks et ces interludes contrastant avec l’orientation « classique » du disque,une touche de flûte traversière par ci, un cuivre par là pour contrebalancer la symétrie imparfaite et fondatrice de cet équilibre nuancé, ouvert par un « Sikertelenség » qui met dans le bain et un « Szerencsétlen » qui n’a plus qu’à enfoncer le clou, la technique du breakcoreux saute alors aux oreilles…

N’allez pas vous réjouir trop vite (pour certains),pour la simple et bonne raison que le disque n’est pas une simple galette ambient qui ravira les adorateurs de musique concrète car il s’agit bien d’une oeuvre « concrète » de Venetian, c’est à dire que la seule implication du nom du canadien dans un disque suppose une rythmique digne de ce nom, bien « foutraque » et quintessenciée dirait l’ami Rollin.
La patte solide de Funk est directement identifiable, piste, contre-piste, flux, reflux, sur plusieurs lignes à la vitesse grand V de l’alphabet drum’n’bass de tout adorateur de jungle et de syncopes Jazz, sous l’effet de bonnes basses, discrètes, mais idéalement placées pour arrondir la charge subtile du puzzle acoustique.

La sauce prend, tout se monte en strate, le classique, le jazz, le trip hop d’un « öngyilkos vasárnap » (suicide le dimanche) et avec une fluidité déconcertante, tout s’assemble, prend forme, vit, sans qu’à aucun moment l’œuvre semble bancale à cause d’une proposition anachronique, tout a du sens ou s’en donne; l’ambition de Funk de faire cohabiter les genres porte les 11 titres de bout en bout, on se prend à penser à Kronos Quartet et l’ami Clint et leur BO de Requiem sur « felbomlasztott mentoekocsi » puis à réfléchir à ce que disait Squarepusher quand il parlait du breakcore, son implication dans la création et la gratuité de l’acte artistique moderne par la machine, un disque épique à la mélancolie sous-jacente; une orchestration prodigieuse et un résultat impressionnant. Intouchable.

 

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19 Commentaires

  1. Maxime says:

    Sublime album!

  2. OYC says:

    Welcome. On sent que tu as aimé l’album ;)
    Je fais mon con: bibliothèque s’utilise exclusivement pour les livres ou tout ce qui a un lien avec les mots et lettres, sauf addition récente au langage informatique.
    M’en vais jeter une oreille, voire deux, à votre « BreakCore » moi.
    OYC

  3. 2nd° Decapitation says:

    Grand artiste et album monstrueux!!!!
    Rien a dire d’autre que jetez vous immediatement dessus!

  4. Faya says:

    Jolie chro, j’aime bien le style :)
    Et ouais cet album m’a l’air d’etre à écouter , ca me changera de AFX dans le genre.

  5. guim says:

    Salaud OYC ! ;) (j’en prends acte pour l’avenir)
    Au passage une traduction des titres du disque pour avoir un pannel des « sujets » traités:
    sikertelenség: unsuccessfulness.///
    szerencsétlen: unlucky.///
    öngyilkos vasárnap: suicid sunday.///
    felbomlasztott mentõkocsi: disintegrated ambulance.////
    hajnal: dawn.////
    galamb egyedül: pigeon alone. the verb is missing, so when you read is, you have some feeling too that something is missing. in such form the sequenceof words is weird too.///
    második galamb: second pigeon. the disturbance from the name of the track before is gone.///
    szamár madár: donkey bird / jackass bird. donkey could be an epithet or a noun too.///
    hiszékeny: credulous.///
    kétsarkú mozgalom: two poled movement.///
    senki dala: song of no one.///
    (source discogs)

  6. kollapse says:

    Bienvenue à toi guim, première et très jolie chro :-). Ca me donne envie d’écouter la chose.

  7. darkantisthene says:

    j’écouterai mais j’ai lu ; je regrette pas ma sugestion au boss !

  8. Rico says:

    Chef d’oeuvre, rien à redire !

  9. Kenzobz says:

    Album tout bonnement énorme, par contre mes conaissances sont assez limitées dans le style donc je ne peux pas crier au chef d’oeuvre ^^.

  10. sofarsogood says:

    je vais avoir lair dêtre pointilleux mais
    Drukqs est un album d’Aphex Twin, AFX étant un autre projet
    les 2 groupes ayant des sonorités différentes il ne faut aps les confondre
    (cest comme de dire que delirium corda est de peeping tom…)

  11. guim says:

    Exact sofarsogood,ta remarque est très pertinente.J’ai plus utilisé « AFX » comme diminutif d’Aphex Twin (flemmite aigue),ce qui prêter à confusion surtout pour les connaisseurs,je fais moi même le distinguo,dans le cas présent il s’agit plus du surnom que je lui donne plutôt que de l’entité artistique.Merci pour vos encouragements et la bienvenue,ça fait plaisir :)

  12. nolass says:

    Putain depuis le temps qu’on me parle de ce type faut vraiment que j’mi mette !!!
    Sinon en parlant de chef d’oeuvre … à quand la chro du majestueux Foley Room de Tobin ?

  13. MKHNO says:

    Yeah…A nouveau un vrai album de break, orienté recherche et pas trop dancefloor, comme trop de made in ad noiseam ces derniers temps…pas de dub….yes….
    non ne cherchez pas de pique contre squarpusher dans ce commentaire.

  14. Manumal says:

    Yeah énorme cet album de Venetian

  15. guim says:

    héhé MKHNO,c’est vrai qu’ Ad Noiseam a de plus en plus une culture hype du break ;) , et en même temps ils ont signé Drumcorps,ça les a rattrappé je trouve

  16. kat says:

    sublime album également, j’adore, merci au chroniqueur (très bonne chro qui donne envie de jeter une oreille), ça aurait été moche de passer à côté de cet album :)

  17. guim says:

    C’est vrai que cet album mérite particulièrement le détour,le seul reproche qu’on pourrait lui faire,c’est qu’il a une ambiance vraiùent pesante et qu’on ne peut pas l’écouter n’importe quand (quoique je ne me le refuse pas). @ nolass :on y pense très fort le foley room d’amon est une tuerie!

  18. DR.Jkl says:

    Je découvre ce disque grâce à cette chronique alors que je ne connais rien au style et je suis conquis! Ca faisait longtemps que je n’avais pas pris une baffe pareille, ce disque me transporte loin mais loin…Merci Eklektik!

  19. guim says:

    Je comprends la claque,ton commentaire me rappelle mes premières écoutes,ça emmène loin

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