Acid Bath – When the Kites String Pops

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Style: sludgeAnnee de sortie: 1994Label: Rotten Records

C’est fatal. On finit toujours par rire du politiquement correct, de ceux qui voudraient que l’on passe notre temps à dire bonjour à la dame. De la même façon, on peut s’amuser des faux- semblants. Personnellement je les fuis. Ces sourires aiguisés, cyniques comme un poignard, ils me rappellent toujours le cirque et ces enfoirés de clowns. Pas étonnant dans ce cas que je cultive une profonde aversion pour ces guignols. Trop grotesques. Trop maquillés. Leur nez rouge pue le sang. Leur fond de teint blanc la poudre que ces cons s’envoient par cargo entier pour oublier leur minable existence. Quand en plus, la conscience collective se traîne des histoires aussi sordides que celles du « clown tueur » aka John Wayne Gacy, serial killer de son état… Trente trois gamins violés, tués et passés à l’acide chlorhydrique pour faire taire les odeurs des affres de sa conscience en putréfaction. Pour un citoyen modèle, un palmarès plus qu’honorable. Le clown Pogo aimait à faire rire les enfants hospitalisés paraît-il… Quels rapports avec Acid Bath ? Plusieurs indiscutablement. Les peintures du sieur tout d’abord, réalisées durant son séjour dans le couloir de la mort qui ornent l’artwork de ce When the kite string pops. Le nom d’Acid Bath ensuite qui prend toute sa dimension à la lumière de cette biographie. Enfin ces titres et ces textes qui suintent le maladif, l’obsession de la folie, du sang, de la foutre, de l’alcool, de la dope et de tout ce qui fait que l’homme est un loup pour l’homme. Acid Bath est un mythe de la scène metal. Voilà en partie pourquoi.

Mais il y a aussi Dag Riggs, la voix de Acid Bath (ex-Agents of Oblivion et aujourd’hui Deadboy and the Elephant Men) qui se fait le colporteur, la pute qui balance à qui veut bien l’entendre ces histoires dégueulasses, de déviances infâmes pour qui même le diagnostic de la folie se fait la malle devant la justice de peur de discréditer tout le corps médical. Dommage pour toi Gacy. Il fallait bien que toi aussi tu finisses par te dissoudre dans le létal. Riggs chante ces passions, hurle la rage et ces multiples petites morts, pleure cette violence et ces repentances sans fin et sans fond. Il est une des voix de cette Louisiane étouffante et brumeuse où quelques arpèges de guitare surnagent encore, mélancoliques et désincarnés alors que tout est chaos, que le reste des soixante dix minutes qui composent cet album ne sont que puissance et riffs assassins, que la musique de Acid Bath se nourrit du metal le plus malsain qui soit, de ces résurgences death comme du harcore ou du punk le plus crasseux, nourrit à l’héro et aux amphètes. Du doom et du stoner il ne reste que l’agonie. Marie Jeanne s’est fanée. Ne restent plus les larmes. Si le sludge est bien plus qu’une étiquette marketing, alors la musique d’Acid Bath doit en être une de ces plus belles incarnations. De celles qui se roulent dans la merde, dans la fange psychotique des psychés maladives et dépressives. Comme le fait si bien cette scène NOLA et des protagonistes tels que Eyehategod ou Crowbar.

Quoiqu’il en soit When the kites string pops est de ces monuments de la scène metal, de ces albums cultes qui auront trouvés enfin la lumière à titre posthume, alors que le grunge tombait en déliquescence et que les esprits chagrins acceptaient enfin ce metal instable et violent, rampant ou totalement furieux. Ecoutez Acid Bath c’est se délecter de ce groove malsain, c’est suffoquer au cœur de la chaleur de ces riffs, c’est vivre cette nausée qui monte et vous habite durant plus d’une heure, c’est s’y perdre et y prendre un plaisir non feint tant les morceaux de cet album sont imparables d’efficacité et de créativité. Chaque nouvelle écoute révèle cet album. Chaque fois ressurgit cette sensation de première rencontre le jour de son enterrement. Chaque fois ce sourire tout de cynisme qui apparaît, naît à la commissure des lèvres et donne encore ce que l’on vient y chercher : un abject exutoire. Et si cet album est sorti en 1994 il possède toujours cette force et cette arrogance qui font les grands albums.

Non dénué d’humour, à l’heure de son exécution en 1994, Gacy n’eut que ces quelques mots de repentance à la bouche : « Kiss my Ass ». Acid Bath semble aujourd’hui encore s’en amuser.

A noter la parution d’un second album Paegan Terrorism Tactics en 1996 et plus récemment en 2005 de la compilation des Demos 1993-1996 comme ultime testament. Du moins pour l’instant. Tous deux sont tous aussi recommandables.

  1. the blue
  2. tranquilized
  3. cheap vodka
  4. finger paintings of the insane
  5. jezebel
  6. scream of the butterfly
  7. dr. seuss is dead
  8. dope feind
  9. toubabo koomi
  10. god machine
  11. the morticians flame
  12. what color is death
  13. the bones of baby dolls
  14. cassie eats cockaroaches
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9 Commentaires

  1. Kenzobz says:

    J’en connais un qui va être content ! :D
    Belle chronique en tout cas, pour un album qui défonce tout.

  2. jonben jonben says:

    Album culte c’est clair. Je crois qu’on y est tous venus sur le tard à ce groupe mais plus de 10 ans après sa sortie cet album est toujours d’actualité et mérite qu’on se penche dessus. A mentionner aussi la balade absoluement sublime « Scream of the Butterfly’ sur laquelle Dax dévoile sa voix inimitable.

  3. pearly says:

    venu sur le tard oui moi aussi, il y a 4 ans seulement…
    sans aucun doute parmi les 5 albums les plus marquants qu’ils m’aient été donnés d’entendre dans la grande famille des musiques couillues…
    Absolument parfait, oui, c’est exaclement ça, une discussion avec la mort. Divin.

  4. ellestin says:

    Incontournable! Les morceaux s’enchaînent comme des uppercuts autour des hymnes vibrants « Scream of the Butterfly » et « The Bones of Baby Dolls », le tout sous un lourd ciel d’orage chargé de particules inflammables.

  5. kollapse says:

    Album culte pour un groupe tout aussi culte. Aussi découvert sur le tard, il contient des pepites de metal lourd, créatif et pour faire court tout simplement génial. Dax Riggs est un chanteur/beugleur unique de grand talent, entouré de musicos jamais à court d’idées. « Scream of the butterfly », « toubabo koomi », « the blue », « what color is death », j’en passe et des meilleurs… Une veritable tuerie absolument indispensable ! Tout comme le suivant d’ailleurs. RIP Acid Bath, un très très grand groupe.

  6. mr.hutz says:

    « DR SEUSS IS DEAAAAAAAAAAAAAAAAD »

  7. Faya says:

    Pur album c’est clair. Le seul reproche que je lui fais est d’être trop long, trop copieux, par rapport au second qui va a l’essentiel avec plus de maturité.
    Tres bonne chronique comme d’hab bien personelle (c’est marrant que Neuro arrive toujours à caser le mot « pute » dans une bonne partie de ses chros :p)

  8. Florent says:

    Jolie chro mista ! Album énorme, marquant, dégueu…. Tout ce que j’aime quoi !

  9. guim says:

    Eat my dead cock !La bande de Dax a toujours été inspirée et ce ne sont pas des projets comme Agents Of Oblivion ou Devourment qui viendront ternir sa réputation,il n’y a pas grand chose à reprocher à Acid Bath et à sa célébration du macabre,je suis en osmose avec cette chronique,when the kites string pops est une terrible entrée en matière pour qui ne connait pas le groupe et un met de choix pour tous les charognards

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