La voix ; Cet élément qui peut, selon différents cas, vous faire adhérer immédiatement à un groupe ou alors le rejeter en bloc à jamais, même si la musique avait pourtant tout vous plaire. Souvent c’est tout l’un ou tout l’autre et si je commence ma chronique en abordant ce sujet c’est que Coheed and Cambria fait partie de ces groupes qui créent d’emblée deux camps. Le mien je l’ai choisi dès la découverte de ce groupe avec leur album précédent. Une voix unique, celle de Claudio Sanchez grandiloquente, généralement aiguë et s’aventurant régulièrement dans des intonations improbables. Cette voix elle me remue les tripes comme elle en fera hurler d’horreur certains. Ça, c’est dit.
Avec No world for tomorrow, les ricains nous livrent la seconde partie de Good Apollo, i’m burning Star IV (pour toute explication relative aux épisodes de la saga, je vous invite à relire la chronique de l’album précédent par mon collègue Jonben). Seconde partie et donc continuité dans le concept comme dans le style musical. Je dirais même qu’on peut parler d’albums jumeaux dans leur structure générale : Courte intro mélancolique suivie de 2 bombes hyper efficaces, la petite ballade acoustique du milieu (qui s’avère toutefois bien moins niaise ici que sur l’album précédent) et un titre décomposé en plusieurs parties (oui ça semble symptomatique chez C&C cette obsession des épisodes) pour le final. Musicalement, les new-yorkais nous balancent toujours leur savant mélange d’émo, de pop, de rock, de prog et de métal. Une musique qui se veut généralement enjouée, génératrice de sentiments positifs et exaltants mais pas pour autant simpliste. En effet le groupe se fait un malin plaisir à multiplier les plans, autour de structures complexes et alambiquées. Enfin toute proportion gardée ne serait-ce que pour le nouveau batteur, Chris Pennie, ex-Dillinger Escape Plan qui a ici moins fort à faire qu’avec ses anciens petits camarades de jeu. Forcément. Cela dit, ce n’est pas lui qui joue sur cette album pour d’obscures raisons contractuelles mais Taylor Hawkins des Foo Fighters, sur des idées de Pennie.
Si un virage plus métallique avait été amorcé sur l’album précédent par rapport à leurs premières réalisations, il s’en voit ici encore appuyé. Je dirais même pour être précis que c’est vers les grandes heures de la NWOBHM que le groupe lorgne par moment, à travers certains soli (qui font clairement référence à ceux de la désormais culte Vierge de Fer) ou sur carrément un titre entier avec “Gravemakers & Gunslingers” qui jongle habilement avec le caricatural (cf le solo très typé balancé en intro) et une efficacité implacable. Un mid-tempo absolument jouissif pour quiconque éprouve une attirance pour le heavy pur et dur (mais je suis conscient que cette espèce est en voix d’extinction, on la verra bientôt dans les livres aux cotés de l’ours blanc et de l’orang-outan).
En plus de ces aspects très directs, le groupe se montre encore une fois très à l’aise dans l’élaboration de titres progressifs en concluant, comme sur le vol.1, avec un modèle du genre : “The End Complete V” qui démarre sur des notes de guitares knopfleriennes (et hop un nouveau mot pour le petit larousse) pour aboutir à un final majestueux aux guitares plaintives, non sans être passés par des chemins tortueux faits de claviers et de chœurs. Du lyrisme à outrance oui, mais c’est ça Coheed and Cambria. Une audace qui voit le groupe frôler le kitsch à plusieurs reprises mais qui s’en sort toujours habilement.
Prolongement direct et logique de Good apollo, I’m burning Star IV, ce second volet a toutes les chances de séduire ceux qui avaient craqué sur le volume 1 mais aussi de rallier de nouveaux adeptes à la musique de Coheed and Cambria. Et un bon gros « Yeah » dans la petite case en haut à droite.
Ps : Un petit mot sur l’artwork ? On va éviter, sinon je risquerais d’être malpoli. Sachez toutefois qu’une édition double digipack est disponible avec un DVD comprenant un reportage studio, quelques titres en live et des version démo de certains titres mais uniquement en audio pour celles-ci. Sympathique mais pas indispensable.
- the reaping
- no world for tomorrow
- the hound (of blood and rank)
- feathers
- the running free
- mother superior
- gravemakers & gunslingers
- justice in murder
- the end complete i: the fall of house atlantic
- the end complete ii: radio bye bye
- the end complete iii: the end complete
- the end complete iv: the road and the damned
- the end complete v: on the brink
Surprenante cette histoire pour Chris Pennie.
Je les avais découvert avec le précédent album (comme beaucoup je pense) et les extraits de ce « No World For Tomorrow » me plaisent beaucoup donc ça sent l’achat.
Dans le même genre le nouveau Three, « The End is Begun » est très réussi également…
Bon album malgrès quelques morceaux au rebut comme toujours chez Coheed malheureusement ! Opus comprenant à la fois le meilleur « gravemakers & gunslingers » (totalement jouissif) et le pire « the road and the damned » (ignominieux) des titres de toute la discographie du groupe. La voix du Claudio SANCHEZ s’accorde pourtant très bien aux nombreux riffs catchy et heavy dont regorge le disque mais devient limite insupportable quand ce dernier s’aventure dans ses élucubrations pop-rock mielleuses pour ados acnéiques !
Plaisant mais vraiment frustrant pour ma part, en éspérant une galette plus aboutie pour leur dernier jet.