Aethenor – Deep in the Ocean Sunk the Lamp of Light

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Style: experimentalAnnee de sortie: 2008Label: Vhf

J’ai récemment lu une citation d’un artiste appelé Ashley Wood. En l’espace de quelques phrases bien senties il y résumait son aversion envers l’art conceptuel en expliquant que si une image avait besoin d’un livre pour être appréciée alors ce n’était pas une image qui avait de l’intérêt. Une image fantastique est une image qui ne s’explique pas, elle s’apprécie par elle-même. C’est à peu près le sentiment que je ressens par rapport à des albums conceptuels tournés vers l’expérimentation sonore mais qui perdent leur temps à frotter des bouts de métal les uns contre les autres. C’est bien marrant de créer de la résonance et de secouer des bouts de ficelles mais, si le morceau ne provoque rien, aucune émotion, pas même une image mentale, alors ça ne vaut pas le temps que je passerai à l’écouter.

Aethenor est un nouveau projet de Stephen O’Malley (SunnO)))), Khanate …). Accompagné de membre de Guapo et de Shora il a composé un disque de musique ambiante d’une demi heure, le tout écrit en une seule soirée d’expérimentation commune. Chansons composées, enregistrées, sorties sous un nom et un titre de disque approprié et chroniqué aujourd’hui par mes soins après une écoute qui m’a laissé impressionné par la qualité de cette collaboration au fruit si spontanée. Il faut vraiment avoir une attitude et un ressenti particulier pour engendrer quatre titres comme ceux-ci avec des musiciens d’horizons aussi variés. Pour ce que je connais de la discographie des trois membres de ce groupe, aucun ne produit une musique identique à celle-ci. On pourra toujours dire que O’Malley aime les sonorités lourdes et les ambiances sombres et que ce disque ne déroge pas à la règle, et on n’aurait pas tort, mais Aethenor propose une musique qui n’est pas la somme de ses membres mais tout autre chose.

D’un point de vue conceptuel, le titre du disque explique très bien l’atmosphère. Plongé au fond de l’eau, perdu dans une combinaison de scaphandrier, les quatre plages de ce disque sont un condensé de ce que pourrait entendre un homme perdu dans les abysses dans un costume fait de toile et de métal. Fort en image, les assemblages de samples de cris perdus au fond de la pièce, de métal que l’on frotte et que l’on entrechoque, de grésillements et vrombissements sombres doivent paraitre horriblement pompeux et prétentieux sur le papier mais, se rencontrent pour former un décor dense et en mouvement .

Deux plages de plus de dix minutes, comme il se doit pour un album expérimental et deux autres d’un peu moins de cinq minutes, tout aussi efficaces en terme d’ambiance et de créativité. Contrairement à SunnO))) où la répétition des riffs crée une masse de son hypnotique, les sons crées par les trois musiciens privilégient le mouvement et l’interaction constante à tel point que l’esprit ne peut se laisser aller à d’autres rêveries pendant ce disque et que l’on est constamment attiré par le développement du morceau. Autant les sonorités crées ne sortent pas toute d’instruments traditionnels, il s’agit bien d’un travail de composition et non d’expérimentation à tout va qui fait la magie de ce disque. Les plages ne sont pas des chansons mais, elles ont un début et une fin, ouvrant tour à tour la porte pour la plage suivante jusqu’à ce qu’au bout d’un peu plus de demi heure l’auditeur se repose et ait envie de refaire le tour du propriétaire. Et alors que se conclut Deep in the ocean, sunk the lamp of light, les derniers fredonnement aigus évoquent le chant de sirènes, perdues dans l’obscurité, dont les voix aussi attirante que repoussante exprime le sentiment d’attirance mélangé à la crainte que l’on ressent en parcourant ce disque. Un album qui ne mérite pas d’être décrit pour être compris mais d’être écouté.

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  2. ii
  3. iii
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Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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4 Commentaires

  1. guim says:

    C’est dans l’air du Temps KTL rejoint aussi ces kult bands qui par le biais de ce que l’on a eu tendance à appeler l’école drone se redirige vers les racines campées par le Krautrock et l’ambient pour y développer de nouvelles pistes avec ce qu’enseignent 40 années de fossée entre ces générations,finalement le lien est bel et bien là avec somme toute une vison plus contemporaine et donc nécessairement effacée de la possibilité d’un futur fantasmé à l’époque,le fond reste le même,bonne review Oro,bien apprécié ton intro,par contre le disque est beaucoup plus vieux,il était pas sorti l’année dernière?

  2. Hororo says:

    Pas a ma connaissance, j’aurais bien aimé te répondre avec plus de précision mais je ne retrouve plus mon exemplaire du disque chez moi …

  3. le singe vert says:

    Cet album est sorti en 2006.
    http://www.discogs.com/release/908950
    Un nouvel album, Betimes Black Cloudmasses, devrait sortir dans le courant de l’année.
    source : http://aethenor.blogspot.com/

  4. Nocturnalpriest says:

    J’aime beaucoup ce disque. Pas le genre ce trucs qu’on s’envoie tous les jours, c’est glauque, mais quand le moment s’y prête et que la létargie s’installe, c’est que du bonheur !

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