Extreme – Saudades De Rock

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Style: Funky Hard RockAnnee de sortie: 2008Label: Frontiers Records

Alchemist : Mon cher collègue, puisque nous voilà réunis pour débattre courtoisement, je commencerai par citer Pierre Desproges : « La caractéristique principale d’un ami est sa capacité à vous décevoir ». Cette maxime correspond en tous points avec le sentiment que j’éprouve à la découverte de ce SAUDADES DE ROCK qui célèbre la réunion d’Extreme, groupe que j’ai tenu (et tiens toujours) en très haute estime. A ce jour, je ne compte plus les écoutes des trois premiers albums des 4 de Boston. J’en conserve de bien bons souvenirs : le pied monumental devant les prouesses de Nuno Bettencourt, guitar-hero toujours funky et jamais emmerdant, les splendides envolées vocales de Gary Cherone, l’émotion au détour d’un refrain. Eh oui… PORNOGRAFFITI, sa section cuivre pétaradante, ses titres débordant d’énergie positive… III SIDES TO EVERY STORY, son concept ambitieux, sa dernière partie symphonique, son « Tell Me God Isn’t Dead » poignant… Bien loin tout ceci…

Angrom : Bien loin, bien loin comme vous y allez, cher ami, pas si loin en fait car dès les deux premiers titres, on se retrouve en terrain connu, celui des riffs qui groovent, des harmonies vocales et des chœurs en pagaille, et d’une section rythmique solide et inspirée. Le premier single « Star », sorte d’hommage à Queen, la principale influence d’Extreme n’aurait pas déparé sur PORNOGRAFFITI, quant au second titre, « Confortably Dumb » (admirez le jeu de mots !), il semble tout droit sorti du dernier album d’Extreme, l’incompris – par le grand public – WAITING FOR THE PUNCHLINE. Une bien belle entrée en matière, vous ne trouvez pas ?

Alchemist : Hélas, je dois dire que non. Si tous les éléments que vous mettez à juste titre en exergue sont bien présents, j’avoue faire partie de ceux qui sont passés à côté de l’album que vous sus-nommez. Et une fois encore le groupe a chaussé ses semelles de plomb. Ainsi équipé, il ne lui est certes pas aisé de faire décoller l’ensemble. J’en veux pour preuves « Run » ou encore un « King Of The Ladies » bien plan-plan qui à l’image de pas mal de titres s’installe et déroule ses riffs dans une routine décevante. Même le rock-a-billy de « Take Us Alive » ne m’arrache pas un sourire. Le gimmick des coups de grosse caisse, véritable fil conducteur, marque au fer rouge cet opus que j’ai trouvé pour tout dire dépourvu de vivacité et de fraîcheur.

Angrom : Mais enfin monsieur avez vous un cœur de pierre ? N’avez vous pas été séduit par la magnifique ballade « Ghost » qui perpétue avec brio la tradition des slows magnifiques écrits par Extreme, sans pour autant être une copie de « More Than Words » ? Dans le même ordre d’idées, on peut signaler le splendide « Interface », déjà présent sur LOVE de Dramagods, le dernier projet solo de Nuno en date, réenregistré ici avec Gary au chant. Et que dire de ce « Slide », groovy en diable ? Non il y a décidément du très bon sur ce disque. Le seul bémol que je mettrais, c’est que certains titres sont plus proches des projets solos de Nuno (« Flowerman », « Run », « King Of The Ladies »). Pas vraiment que ça me déplaise, je suis grand fan de l’œuvre solo du bonhomme, mais il manque sans doute à ces titres l’alchimie qui fait d’Extreme ce groupe unique.

Alchemist : De pierre point n’ai je le cœur… Mais puisque vous évoquez « Ghost », j’admets avoir entrevu une lueur d’espoir à cet instant précis. Les violons et le piano font leur apparition, accompagnés de chœurs Floydiens… mais tout retombe bien vite dans le commun et le balourd. Qu’on ne se méprenne pas sur mon propos, SAUDADES DE ROCK n’est en rien un ratage. Extreme a tourné une page musicale et je respecte ce choix. Cependant, force est de constater que l’ennui est le maître mot de mon ressenti. Témoin ce « Flowerman » qui lorgne du côté des Galactic Cowboys par exemple et qui n’a suscité chez moi que l’indifférence la plus complète, état de fait que je suis le premier à regretter. Point d’amertume donc mais la déception que seul peut nous procurer un rendez-vous manqué avec un être cher. J’emprunterai pour conclure cette formule tirée du titre « Interface » : « I’m loosing you and you’re loosing me ». Ce constat dressé, il me semble bien injuste de terminer cette chronique sur un argumentaire défavorable et je vous laisse donc clore le débat en faveur de nos amis communs.

Angrom : Au final, je reconnais qu’Extreme ne nous a pas pondu pour son retour un chef-d’œuvre dans la lignée de ses précédents disques, mais on sent tout de même sur quelques titres la mayonnaise prendre à nouveau ! Si on m’avait dit il y a un an qu’Extreme se reformerait et nous pondrait un album de cet acabit, j’aurais sans doute signé tout de suite ! La tournée qui arrive devrait ressouder le groupe, et laisse augurer du meilleur pour la suite avec, pourquoi pas, un sixième album.

Verdict :
Angrom : C’est du bon !
Alchemist : Mouais…

  1. star
  2. confortably dumb
  3. learn to love
  4. take us alive
  5. run
  6. last hour
  7. flower man
  8. king of the ladies
  9. ghost
  10. slide
  11. interface
  12. sunrise
  13. peace (saudade)
  14. americocaine (demo 1985) [bonus track]
Angrom

Chroniqueur

Angrom

Comme pas mal de gens, c'est par mon paternel que me sont venues bon nombre de mes émotions musicales. Éclectique en diable, mon daron, m'initia à la musique classique et rock essentiellement. Beatles, Rolling Stones et Elton John essentiellement furent parmi les premiers artistes à retenir mon attention. Imaginez ma stupeur quand un ami se présenta un jour chez moi avec des disques d'un groupe anglais, arborant une mascotte qui a l'époque m'avait paru horrible, mais me fascinait. Il s'agissait bien sûr d'Iron Maiden, dont je devins assez vite fan, intégrant ainsi un peu de métal dans mes écoutes, qui, à l'époque, suivaient plutôt la mode du moment. Metallica, Megadeth, Iggy Pop vinrent compléter ma collection d'artistes un peu plus péchus. Arrivé en école d'ingénieurs, un voisin de palier, voyant quelques disques de métal dans ma (encore petite) discothèque, essaya de m'entraîner du "côté obscur". Bien lui en prit, rétrospectivement. À l'époque, en 1998, Angra était au top, et c'est par ce moyen qu'il réussit son coup, me faisant sombrer dans une période heavy-speed, dont je ne garde plus grand chose aujourd'hui (mis à part Edguy et les trois premiers Angra). Une fois le poisson ferré, il passa à la vitesse supérieure en me passant des disques de Dream Theater. Coup de cœur direct pour Images And Words, un peu plus de mal avec Awake, mais la sortie de Scenes From A Memory en 1999 et plusieurs petits détails contribuèrent à faire de ce groupe un de mes groupes favoris, ce qu'il est encore aujourd'hui (une vingtaine de concerts au compteur). Suivant le groupe et tous ces side-projects c'est par Transatlantic que je m'intéressai aux groupes de rock progressif : Spock's Beard, Marillion, The Flower Kings, puis les grands anciens : Yes, Genesis (je considère encore aujourd'hui la période d'or de Genesis comme un des trucs les plus géniaux qu'on ait jamais écrit en musique), Rush (mon groupe n°1), plus récemment King Crimson. Sorti de l'école, je rencontrai sur Rennes la troisième personne à l'origine de mes grands tournants musicaux. Mon troisième maître m'initia aux sonorités plus saturées du death metal et du thrash qui pousse. L'éducation ne se fit pas sans mal, mais j'ai actuellement une discothèque de métal extrême bien fournie, que j'apprécie énormément. .J'en profitai pour découvrir un des groupes français les plus novateurs : SUP. Ou j'en suis aujourd'hui ? Sans doute un mix de tout cela. J'ai succombé également aux sirènes du rock alternatif (Tool, The Mars Volta, Porcupine Tree, Dredg). Je conserve quelques bases heavy que je ne renie pas (Judas Priest, Ozzy Osbourne, Alice Cooper), et j'écoute beaucoup de métal progressif, si tant est qu'il s'éloigne de la technique pour la technique (Pain Of Salvation, par exemple). La trentaine a été également l’occasion de s’intéresser au Jazz, plutôt les classiques « hard bop », mais je ne crache pas sur une petite nouveauté à l’occasion. Je voue également un culte sans limites à Peter Gabriel et à Frank Zappa, hommes à la personnalité fascinante et musiciens expérimentateurs !

Angrom a écrit 58 articles sur Eklektik.

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Commentaire

  1. PoidsPlumes says:

    Même si pour moi le « Mouais… » semblait bien mérité, mention chef d’oeuvre pour cette chronique ! Bravo les gars !

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