Guns N’ Roses – Chinese Democracy

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Style: hard-rockAnnee de sortie: 2008Label: Geffen

Joss : En commençant à écrire cette chronique et en particulier le titre de l’album, j’ai l’étrange impression de m’atteler à un roman de science-fiction. Pensez donc, une chronique de Chinese Democracy ! Un album annoncé depuis si longtemps, mainte et maintes fois repoussé jusqu’à devenir LA blague récurrente de tous les médias traitant du rock. Sans doute la plus grande arlésienne de toute l’histoire du disque. A vrai dire, je pense que plus grand monde ne l’attendait réellement, et moi le premier. Pourtant il s’agit du groupe qui (avec Iron Maiden) m’a mis le pied à l’étrier, en 1991 lorsque les deux Use your Illusions (que nous appellerons UYI pour plus de commodité) sortirent et que « Don’t cry » cartonnait sur les ondes.

17 ans ont donc passé depuis les derniers vrais albums des Guns (The Spagetti Incident était un album de reprise). 17 ans pendant lesquels la musique a changé, les fans aussi. 17 ans pendant lesquels le groupe a changé lui aussi. En effet, du line-up original il ne reste qu’Axl Rose, ainsi que le clavier Dizzy Reed qui avait intégré le groupe lors de la période UYI. Exit donc Duff McKagan, Izzy Stradlin et surtout Slash qui étaient responsables d’une grande partie de l’identité Guns.

Est-ce donc bien légitime d’appeler Guns n’ Roses le groupe qui nous intéresse aujourd’hui ? Probablement non. Mercantilement oui. L’honnêteté aurait été d’appeler ça : « The Axl Rose band », ou « Axl Rose and friends »… A ce propos, lorsque l’on jette un oeil sur la page des crédits afin de voir qui a participé à ce fameux disque, c’est une vingtaine de musiciens qui sont listés. Entre les membres actuels, les membres passés, les « special guest » (Sebastian Bach par exemple) ou les simples musiciens additionnels, ça fait du monde qui se bouscule au portillon. On comprend alors la complexité qu’a pu être l’enregistrement de cet album, déjà désigné comme « l’album le plus cher de toute l’histoire de la musique ». Avec tous ces facteurs extra-musicaux, difficile donc d’appréhender cet album comme on le ferait avec n’importe quel autre groupe. Le Guns n’ Roses d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celui qui en 1987 sortait le sulfureux Appetite for destruction.

Attaquons nous donc au contenu, si possible en faisant abstraction de tous les à-côtés. Les premières écoutes sont forcément déroutantes et c’est en toute logique que l’on se raccroche à la voix d’Axl, seul élément familier avec le Guns d’antan. On reconnaît tout de suite son timbre si particulier et unique. L’album est long, très long même (une habitude ces derniers temps, lorsque l’on prend en compte – par exemple – les derniers Metallica et AC/DC) avec ses 71 min au compteur. On ne sera pas surpris d’entendre dans le Guns 2008 beaucoup d’éléments électroniques, Axl ayant toujours souhaité en incorporer à sa musique (en partie une des causes des nombreuses mésententes avec les ex-membres, bien plus attachés au rock traditionnel). De là à dire que GNR donne dans le rock-electro, il y a un pas que je ne franchirais pas. Le ton général est résolument rock, et fait la part belle aux guitares. Axl ayant recruté récemment le guitariste virtuose Ron Thal alias Bumblefoot, il aurait été dommage de ne pas exploiter son talent (et encore, l’homme à la guitare-gruyère ne l’exploite pas à 100% ici). Mais que l’on se comprenne bien, lorsque je dis que le ton est rock, il faut admettre que l’on est tout de même aux antipodes de l’urgence et de la spontanéité que beaucoup considèrent comme des aspects indissociables du rock. Ici on tape dans le grandiloquent, le complexe, le megalo et le surproduit. Une seule solution pour s’en sortir lorsque l’on a choisi cette voie : savoir composer, et plutôt deux fois qu’une.

Justement, sur les deux UYI, Axl a prouvé plus d’une fois qu’il était un compositeur de talent. « November Rain », « Breakdown » ou encore « Estranged » (sans parler des nombreux titres co-écrits), c’était lui et en toute logique, le Guns n’ Roses nouveau est dans la continuité de ces titres. Donc pas vraiment de titres rentre-dedans mais plutôt du mid-tempo entre pop-rock et hard FM. Avec une moyenne de 5 minutes par titre, les structures s’avèrent plutôt évolutives (on évitera de parler de progressif pour autant), et même une dizaine d’écoutes ne vous livrera pas tous leurs secrets. Entre les différents soli (5 guitaristes crédités sur l’album), les arrangements électro, les arrangements symphoniques ou encore les différents samples, ça fait de la matière à décortiquer. Il est clair qu’à ce niveau on est plus du tout dans le coté artisanal de la musique mais carrément dans la superproduction et ce n’est qu’une fois que l’on aura accepté ce postulat qu’on pourra se laisser porter par la musique sans ressasser les éternels argument brandis par les adeptes de l’underground.

Chinese Democracy est une véritable fresque rock, exubérante, baroque et lyrique dont les points d’orgue sont « Better » (même si le refrain est un poil agaçant), « Street of dreams », « If the world », « This Love » et évidemment le magnifique « Madagascar ». « Madagascar » et son travail de sampling qui voit se mêler pendant la moitié du titre, une succession de dialogues tirés de films (Braveheart, Seven, Mississippi Burning…) ou des extraits de discours de Martin Luther King. Au milieu de tout ça, en guise de clin d’oeil, le fameux  » What we’ve got here is…  » qui introduisait « Civil War » sur UYI II. Beaucoup de titres de qualité qui n’effacent pas pour autant quelques faux pas comme un « Scraped » bancal ou un « Sorry » un peu mièvre et son refrain respirant la facilité.

Je ne me fais pas d’illusions, cet album sera hué par beaucoup et afin de relativiser mon enthousiasme, je laisse la parole à mon collègue AlCheMist, grand fan des Guns de la grande époque et plutôt amer aujourd’hui.

AlCheMist : Après le pavé fort bien documenté (et argumenté) de mon illustre collègue, je vais tâcher de faire court. Car oui grand fan des GNR qui ont bercé mon adolescence, oui culte rendu à Axl Rose et oui moult souvenirs liés aux chansons de ce groupe mythique. Est-ce pour autant que je devrais avoir tourné sourd ? Évidemment que non.

Car dès l’intro du titre éponyme, j’ai senti le vent venir. Et vas-y que je te fais monter la sauce, du genre « Attention c’est moi que v’là, ça va être énorme, vous allez prendre une leçon les mecs ! ». Et le soufflé de retomber aussitôt. Le père Rose s’est fait plaisir c’est certain, mais le bilan est bien maigre.

Ca cabotine à tour de bras mais ça tourne à vide. Mis à part les trois très bons titres que sont : « If the world », « This I love » et « Prostitute », j’ai été au gré de l’album : agacé par les tics que l’homme au bandana nous ressert à longueur de temps pour bien nous montrer que c’est SON album, amusé par sa faculté d’auto-parodie (Écoutez donc les parties de chant de « Street of Dreams » et de « Madagascar », vous m’en direz des nouvelles) et enfin ennuyé par des arrangements électro-symphoniques au service de compositions bien plates.

L’équation est simple. Avant de vous l’énoncer, je tiens à préciser qu’il n’y a aucune once de nostalgie dans mon propos. J’ai toujours trouvé qu’il manquait à Velvet Revolver la folie et la mégalomanie d’un Axl. Et bien il manque au GNR d’aujourd’hui la gouaille et le blues/rock d’un Slash. Constat facile me direz-vous, mais ô combien cruel à l’écoute de cette grande fanfare inutile menée, il faut bien le reconnaître, par un chanteur qui sait encore faire parler de lui.

Qui aime bien, châtie bien dit-on. Et j’ai adoré ce groupe. Un beau gâchis, vraiment.

Verdict :
Joss : Yeah !
AlCheMist : A jeter !

  1. chinese democracy
  2. shackler’s revenge
  3. better
  4. street of dreams
  5. if the world
  6. there was a time
  7. catcher in the rye
  8. scraped
  9. riad n’ the bedouins
  10. sorry
  11. i.r.s.
  12. madagascar
  13. this i love
  14. prostitute
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10 Commentaires

  1. booboo29 says:

    Avec la sortie effective de cet album (oui pincez moi je dois rêver…), la blague la plus longue et la plus coûteuse de toute l’histoire vient de s’achever. Et on se rend compte au final que la chute n’est même pas drôle !
    Verdict: A CHIER

  2. SeB "D" says:

    Moi je partage l’avis de Joss. Yeah !
    ça fait plaisir de lire enfin une chronique enfin objective sur la valeur de ce disque !

  3. pearly says:

    Tiens, la chronique objective est la positive. Donc les négatives sont les subjectives ?
    C’est hyper-objectif comme raisonnement ! :)

  4. Polaton says:

    Les Guns And Roses, je n’aime pas ça! Par contre, je rendrais justice au grand oublié de votre chronique: le geniallissime Buckethead qui a participé à cet album! Pour les gens qui ne le connaissent pas, allez écouter Siege Engine, Soothsayer, Big Sur Moon, Machete et Angel Monster en live sur youtube!

  5. adrien says:

    L’album Appetite For Destruction (un putain de grand disque qui recyclait l’héritage Raw Power des Stooges et le premier New York Dolls, avec une rage hard rock rarement égalée) est toujours est de mes disques de chevet. Mais ce Chinese Democracy… Je le trouve particulièrement raté. En fait, je trouve qu’il sonne très souvent comme un mauvais pastiche de Faith No More période Angel Dust.
    Ceci dit ce n’est que mon opinion et je trouve les deux chroniques plutôt bien argumentées.

  6. Chaos says:

    Ben moi, je le trouve tout simplement génial ce skud. Créatif, ambitieux, éclectique, inspiré, c’est vraiment une très très grande réussite. Bien sûr, les guns ne sont pas ac/dc, et ceux qui ne voudraient jamais voir évoluer le rock à papy risquent de faire la grimace. Pour les autres, un chef-d’oeuvre.

  7. deathlikeshit says:

    Euh.. 13/20 pour moi… ya que Sorry qui m’accroche… mais quand je dis ça, c’est que c’est variment un grand titre, tout en emphase limite stoner…
    autremant bof bof, on n’entend pas trop la basse sur certains titres, la prod est inégale, toutes ces guitares pour qu’elles soient toutes en retrait.. et ce batteur qui utilise trop rarement ces symbales… 13/20

  8. hamish says:

    4/20 album à chier

  9. jéjé says:

    Franchement, à part le nom du groupe, il n’y a pas grand chose à reprocher à ce disque. On peut trouver que Axl Rose miaule, on peut trouver que c’est parfois mou, larmoyant, mais je trouve ce disque grandiloquant, et inspiré. Les Use you illusions laissaient entrevoir cette évolution ( ces deux disques contenaient bcp de morceaux plus calmes, plus progressifs).

  10. patrice668 says:

    probablement le meilleur album de gunsN roses a ce jour!!! axl nous montre son grand talent de compositeur .le guns des années 80 etait bon mais ca sonnait rock pour gonzesses musique de poupounes los angeles (motley crue la guns) une evolution normal apres 17 ans d’absence axl ne pouvait pas faire use your illusion p3 ou appetite for destruction p2 en 2008 ca n’aurait pas de sens!!! excellent album a part quelques chansons un peu plus faibles

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