Moss – Sub Templum

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Style: doomAnnee de sortie: 2008Label: Rise Above

Récipiendaire des traditions anachroniques du doom, Moss est un ambassadeur discret qui avec le temps et la forme de ses sorties a su susciter d’abord une certaine interrogation pour ensuite provoquer une certaine attente chez l’adepte du saint ralentissement.
Voilà les cortèges qui se forment et la petite fumée de tutoyer… Le grand Air.

Moss est forcément là où on l’attend mais pas forcément avec les armes qui lui auraient assuré la victoire totale, comme à chaque fois finalement, le groupe joue avec ses propres limites pour imposer son panorama sensible.
Ça aurait pu être simple mais il faut parfois éviter l’écueil de devenir trop vite une caricature de soi pour savoir renouveler l’addiction, que ce soit auprès de l’auditeur mais très certainement aussi dans la propre interprétation formelle du genre que l’on pratique en tant que musicien.

On me poserait la question je dirais que je n’ai aucun problème avec la sécularité. Ah les paradoxes…

On ne demande pas aux anglais de se transformer en St Vitus pour prouver quoi que ce soit à quiconque, on préfère de loin gouter aux ballades acidulées que les types nous servent avec leur gouaille habituelle, de celui qui a mangé le plus de clown au dessert à celui qui saura faire passer un fil barbelé pour un bonbon à la sortie d’une maternelle, les postures du vices et du visqueux répondent à l’appel et l’oraison funèbre se décante en douce dans un marécage de figures fantomatiques en attente de leur libération.

Les sarcasmes libidineux s’étiolent pendant que les sons lents des violons s’extirpent de mon dictaphone, voilà le monde continue de tourner et Moss continue lui d’afficher de nouveaux éléments dans ses recettes, sans pour autant chercher une nouvelle voie d’accès aux pics de ses espérances sombres.

Évidemment c’est discret, il y avait déjà du monde au balcon mais les comtesses ont elles changer leur coiffe pour autant ? Les descentes de LSD ont elles donné naissance à de nouveaux objets de contemplation transitoire ?
Avec Sub Templum les forces sont ravivées avec une tellurique de l’érosion particulière.
Ah les vagues noires, ces échos qui viennent grandir les ondes calmes du lac, voilà Moss qui se trouve un sens de la progression beaucoup plus convaincant, plus structuré oserai je même.
la narration d’un disque comme Sub templum apparait beaucoup moins absraite comme poussée par une flamme inquisitionnelle constante qui pousse inévitablement vers les abîmes de l’esprit, à deux doigts de la grande Lumière.
Le funeral doom dans sa toge la plus noire vient contempler les siècles qui l’attendent et forcément selon le point de vue c’est plus ou moins vertigineux.

Quand on voit certains virages à 90° générés par certains, Asva ou Ufommamout en tête, on sent une certaine résignation de Moss à aller taquiner la Bête avec un caractère de volubile blafard qui ferait presque peur, sans atteindre la folie d’un Wormphlegm ou la déliquescence d’un Tyranny, les anglais ont opté pour la relation directe avec le carrefour des pendus, il ne s’en sont jamais éloignés me direz vous mais dans cette démarche mystique le voyage a tout d’initiatique pour les mecs qui se sont gourés sur le guide du routard acheté dans la crémerie du coin mais aussi pour les autres qui suivent le cortège par delà les brumes d’Avalon.

Associons à tout ça la réussite de Jus Osborn d’Electric Wizzard pour la production du disque qui le pousse dans ses retranchements bruts, la saturation des guitares en ciel de lit comme une mousse stagnante vient asseoir des crépitements aux sommets des pans de riffs d’une lourdeur monstrueuse, les lits de fils droniens tendus dans les entrelacs inondent la plaine d’une fluidité maladive, la rivière tranquille écrase tout dans son mouvement ralenti pendant que la scansion d’Olly Pearson ravage les derniers espaces où l’air est respirable, la patience devient un art de seigneurs, l’art noir de Moss provient de cette réserve à savoir amadouer le temps en exprimant l’oxydation de sa beauté. Du grand spectacle.

Une narration riche et un dénuement d’ascète pour amplifier le paradoxe, et nous voilà propulsé dans une des plus belles réalisation de 2008, un disque qui happe littéralement et qui met en orbite celui qui l’écoute autour de la planète Moss.
Occulte et insondable.

http://www.youtube.com/watch?v=JtKJF_aEo90

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6 Commentaires

  1. Rémi says:

    « Quand on voit certains virages à 90° générés par certains -> Ufommamout » Quoi???? Quel virage???

  2. guim says:

    Je parle de leur sonorité par rapport à pas mal d’autres band qui tapent dans le traditionnel ou le mortuaire, ne pas prendre la phrase dans le sens : « retournement de veste ».

  3. Rémi says:

    oki je comprend… merci pour la précision

  4. Adrien says:

    Je me répète, mais elle est vraiment classe cette chronique.

  5. fewz says:

    Moss est de ces groupes capables de vous faire goûter le mystère insoluble de l’outre-tombe. Les cordes chtoniennes, la batterie ralentie, et cette voix venue du plus profond des abîmes ne sont évidemment pas là pour vous ouvrir les voies de Prométhée mais celles des galeries souterraines où le temps se mesure à l’échelle géologique. la maîtrise et la densité de ce son si puissant qu’il évoque les cauchemars fantasmés des plus grandes rencontres tectoniques de la ceinture de feu.

  6. Ellestin says:

    la même :o)

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