Refused – The Shape of Punk to Come

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Style: punk hardcoreAnnee de sortie: 1998Label: Burning Heart

Somath :

Pour ma première incursion dans cette section Anthologik, quel disque mériterait plus d’être présent ici que ceThe Shape of Punk to come de Refused ? Cet album reste la meilleure chose que j’ai pu écouter en punk hardcore, faisant d’ailleurs partie des albums que je prendrais sur une île déserte pour siroter des noix de coco.

Sorti deux ans après Songs to fan the flames of discontent, ce troisième disque des Suédois les voit persévérer dans la veine Hardcore strait-edge tout en ajoutant de grosses doses d’originalité et de folie. Ce n’est donc pas un pur hasard si le titre de l’album nous ramène au Shape of jazz to come d’Ornette Coleman, disque fondateur et incontournable du free jazz qui marqua tout un style d’une empreinte indélébile. Les Refused ne se sont donc pas trompés en donnant un titre pareil à leur disque.

Parlons musique un peu, à quoi ça ressemble cet album ? Prenez un chanteur enragé à la voix criarde, mettez-le avec un batteur bûcheron néanmoins bourré d’idées, ajoutez guitare et basse balançant des riffs qui ne cessent d’évoluer au cours des chansons et vous n’aurez qu’une faible idée du résultat. En effet, ce qui fait la force de ce disque est la capacité du groupe à évoluer vers des contrées inattendues au sein du même morceau construisant ainsi une mosaïque d’idées tant bien au niveau du son que de la structure même du morceau. Un petit exemple, le maintenant classique et tubesque « New Noise », tout commence par quelques notes tournoyantes de guitares, on sent que ça monte et là ben non, un break cosmique puis…Bam! Le groupe déboule en une avalanche de guitares acérées comme des lames de rasoirs, le reste de la chanson naviguant entre explosions et phases de calme relatif où la tension est omniprésente. Ce qui est d’ailleurs incroyable, c’est que malgré les structures alambiquées, le groupe n’a pas oublié de composer des chansons imparables affûtées de mélodies qui restent dans la tête, pourtant on sait tous comme le compromis parfait entre originalité et efficacité n’est pas la chose la plus facile à atteindre. Avec tout ça, le groupe s’éloigne définitivement du Hardcore originel pour finir sur une musique hybride comme le témoigne les deux derniers titres de l’album ouvrant des perspectives passionnantes sur ce qui aurait pu être le quatrième album de Refused.

On tient donc là un disque exceptionnel qui a pour seul défaut d’avoir entraîné l’implosion d’un groupe qui ne pouvait conjuguer ses convictions politiques et sa reconnaissance grandissante. Depuis, Dennis Lyxzen, chanteur ici exceptionnellement puissant et intense, a décidé de retourner aux fondamentaux avec The international Noise Conspiracy, groupe qui rend un bel hommage au rock des 70’s mais à qui il manque sûrement cette folie et ce côté touche à tout de l’époque Refused. Et si ce Shape of Punk to Come vous branche, je vous conseille d’aller jeter un coup d’œil au disque The Tiger Flamboyant des suisses de Houston Swing Engine, sûrement les meilleurs héritiers de ce Punk Hardcore fiévreux et puissant.

Krakoukass :

Pour moi ce disque est un gros bras d’honneur fait à l’industrie de la musique, une incarnation criante de l’esprit punk qu’on pourrait grossièrement résumer par le leitmotiv suivant : « je fais ce que je veux, si ça te plaît pas va te faire foutre!! ».

C’est cet esprit qui fait de cet album à la fois un bordel très varié, mais aussi un disque incroyablement vivant et libre. Refused semble hurler qu’il fera ce qu’il veut, exactement comme il l’entend. Mettre des boucles électro sur un disque de punk hardcore ? Impensable! Et pourtant les suédois le font. Sur le ton de la déconne d’abord sur le « refused party program hardcore techno megamix » à la fin du premier titre, puis sur un ton tout ce qu’il y a de plus sérieux sur le presque Aphex Twinien « Bruitist Pome #5 » qui introduit le tube « New Noise » et ses boucles technoïdes qui amènent le chaos…
Un plan jazzy peut-être ? Non ? Et ben si, avec le break sur « The Deadly Rythm » (qui annonçait la couleur avec ce saxo introductif) qui n’empêche pas le titre d’être un brulot d’efficacité et d’intensité… Et je n’ai pas parlé des cordes sur les deux derniers titres de l’album…
Bref les Refused se foutent des conventions, vous sourient par devant avec leurs gueules de premiers de la classe, pour mieux vous claquer un gros coup de latte dans les roustons deux minutes plus tard…

Ce besoin de liberté qui les conduit finalement à innover, n’empêche pas le groupe de revendiquer son attachement pour la scène hardcore en balançant un hymne dans la plus pure tradition du genre (à l’exception de la boucle technoïde bruitiste à la fin) avec « The Refused Party Program ».

On pourrait en parler longtemps, mais cet album est clairement un monument d’insolence et de créativité, qui se doit de figurer en bonne place dans toute discothèque digne de ce nom!
« Refused are Fucking Dead »… RIP!

  1. worms of the senses/faculties of the skull
  2. liberation frequency
  3. the deadly rhythm
  4. summerholidays vs. punkroutine
  5. bruitist pome #5
  6. new noise
  7. the refused party program
  8. protest song ’68
  9. refused are fucking dead
  10. the shape of punk to come
  11. tannhäuser / derivè
  12. the apollo programme was a hoax
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4 Commentaires

  1. 1ternot2baz says:

    Botch, Coalesce, Refused ! Les trois plus grands groupes hardcore de la création ont quitté la scène beaucoup trop tôt en nous laissant le souvenir impérissable de leur caractère d’exception !
    Très bonnes chroniques soulignant parfaitement l’aura de ce chef-d’oeuvre de subversion et d’ingéniosité !!!

  2. Rémi says:

    ouais, quoique Coalesce nous revient à nouveau… et pour Botch, entre These Arms Are Snakes et Narrow, on est plutôt bien servis!

  3. Craipo says:

    Le disque qui aura foutu une branlée au hardcore. Refused, seuls sur le toit du monde…

  4. Angrom angrom says:

    La sortie du dernier est l’occasion de ressortir ce bijou. Indémodable

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