Le moins que l’on puisse c’est que le Finlandais est travailleur. Enfin, disons que le moins que l’on puisse dire c’est que le black metalleux finlandais est travailleur. Bon ok pour être vraiment précis, on va dire que le black metalleux finlandais officiant dans Horna n’est pas fainéant. C’est le moins que l’on puisse dire.
Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter rapidos un coup d’œil sur la discographie du groupe et constater que régularité et prolixité se disent sans doute « Horna » en finnois. Sans compter les différents projets auxquels la plupart des membres prêtent main forte ou la gestion du label Grivantee.
Certains esprits chagrins pourraient s’empresser de faire la remarque (caustique monsieur Mortez) suivante : ils feraient mieux de se concentrer sur la qualité plutôt que sur la quantité.
Bon déjà, c’est un peu court jeune homme, on pouvait dire, ô diable, bien des choses en somme en variant le ton, par exemple tenez :
Agressif : moi messieurs si j’avais une telle discographie, il faudrait sur le champ que je m’amputasse les bras ;
Amical : mais votre musique a tendance à boire la tasse : pour l’avaler, il vaut mieux se faire prescrire de la citrate de bétaïne ! »
Descriptif (et un tantinet Jean-Pierre Coffien) : « C’est une crotte !… C’est une crotte de bique !… C’est une chiasse !… Que dis-je, une chiasse ?… C’est dla meeeerde ! ».
Bon, voyez le topo, tout le monde ne voit pas forcément d’un bon œil (pas celui qu’on a jeté sur la discographie, l’autre) la sempiternelle offrande de la bande à Shatraug. Personnellement, ça ne me dérange pas voire me détend à l’occasion. Ce groupe fait désormais partie du paysage, n’atteindra jamais de hauts sommets artistiques mais sa compagnie n’est jamais foncièrement désagréable. La présence de très bons titres n’est d’ailleurs pas absente sur la plupart des sorties (oui là c’est un tantinet Steevy Boulien).
Alors problème : des groupes qui remplissent le cahier des charges du black scandinave froid mais mélodique y’en a quand même à la pelle. Et puis le risque de lasser en répétant année après année les mêmes réflexes de composition ne plane-t-il pas au-dessus de l’ineffable intransigeance de l’ignominieuse infamie dans ce qu’elle a de plus ignoble et infâme – tout en étant intransigeante ?
Pas vraiment. Car il faut dire qu’Horna sait varier les plaisirs (et les line up). En effet, et pour ne citer que les plus récents, les points communs entre le mélodique et torturé Aania Yossa (2006) et le fort raw et old school Sotahuuto (2007) n’ont pas de quoi remplir une encyclopédie en 10 volumes.
Et ça n’est pas ce double album qui viendra contredire cet état de fait. Les Finlandais reviennent à un black que je qualifierais de plus ambitieux, plus complexe, moins brut de décoffrage que Sotahuuto.
Mais attention quand je dis moins rentre dedans ça ne signifie que c’est mou du slibard ou qu’on a droit à des intros ou des breaks interminables à la sauce arpège des bois. Le chant est quant à lui beaucoup plus varié et la production vraiment efficace. Sèche mais puissante comme il se doit.
La première partie de l’album fait la part belle aux mélodies glaciales et écorchées déjà présentes sur l’EP de 2007 Pimeyden Hehku. Sans transcender le genre (on s’en doute), ces 10 premiers titres sont clairement parmi les meilleurs du groupe.
La seconde – et plus intéressante selon moi – partie de l’album laisse présager d’une évolution plus atmosphérique que ne renieraient pas certains de leurs compatriotes à l’âme moins pourfendeuses de chrétienté et plus empreinte à la mélancolie ou de groupes à l’aura moins maléfique comme par exemple sur le titre « Ruumisalttari » à la touche un tantinet Agallochienne. De leurs côtés, « Liekki da voima » et « Musta rukous » ne manquent pas de rappeler la patte Baptismienne.
Horna développe alors des talents qu’on pouvait deviner çà et là à l’écoute de Envaatnags Eflos Solf Esgantaavne ou de Aania Yossa .
En tout cas, y’a pas à tortiller du cul pour chier droit, c’est le meilleur album de Horna. Et, accessoirement, un très bon album de black.
- muinaisten alttarilta
- verilehto
- mustan kirkkauden sarastus
- katseet
- askeesi
- sanojesi Äärelle
- orjaroihu
- risti ja ruoska
- wikinger (pest cover)
- merkuriana
- liekki ja voima
- ruumisalttari
- musta rukous
- baphometin siunaus
p’tain je viens d’avoir un trip mystique en lisant ta kro. Bon en tout cas ça m’intéresse, j’ai un Horna quelque part (oublié le titre) que je me ressers parfois non sans déplaisir.
PS : faut trouver un truc pour le code anti-spam, c’est gonflant là
un trip mystique ??
Putain, excellent la chronique! Surtout la petite dédicace à Monsieur Edmond Rostand et son Cyrano De Bergerac! Bravo!!!
‘rci