Chroniques de l’usine à peur, chapitre 3 : la claque !
Alors que ses compères Herrera et Wolbers se vautrent dans la médiocrité et la redite avec Arkaea (cf chapitre 1), que le gros Dino tente avec plus ou moins de réussite d’extérioriser sa frustration chez Divine Heresy (cf chapitre 2), on avait toutes les raisons de douter également du projet de Burton C. Bell, monté avec le renfort de son compère Byron Stroud et de trois illustres inconnus canadiens, Sho Murray (qui jouait alors de la guitare dans… Shocore, pas bien rassurant déjà), Bob Wagner (batterie) et Ian White. Jugez plutôt : un patronyme clichesque et pourri (« City of Fire », apparemment en hommage à Vancouver et ce alors que les paroles semblent plutôt majoritairement traiter de sexe et de relations homme/femme… ??), un visuel atroce et encore une fois d’une platitude incroyable, sans parler du site internet hideux à l’évidence réalisé avec Dreamweaver (dans une version probablement très ancienne du logiciel) par un débutant à l’avenir de webdesigner d’ores et déjà compromis. Et puis il y a aussi l’expérience peu concluante du groupe solo de Burton, Ascension of the Watchers… Il faut reconnaître que les casseroles commençaient à s’entasser dangereusement derrière l’ami Burton…
Et puis il y a… l’écoute. Et là tout s’éclaire, comme dirait l’autre. Les affaires débutent avec l’incendiaire « Carve your Name », titre le plus agressif de l’album, pas du tout représentatif de l’album et à peu près le seul qui puisse faire un peu penser à du (très bon) Fear Factory, direct, ultra puissant, un bon uppercut d’entrée. Mais la bonne idée de City of Fire sur le reste de l’album, c’est d’abord de ne pas chercher à faire du Fear Factory. L’album est à la fois rock, métal, mais très aéré, et finalement pas très agressif. Ca pourrait sembler décevant quand on est fan de Fear Factory, mais ce n’est pas du tout le cas, car le groupe a parallèlement la lumineuse idée d’exploiter au maximum la merveille de voix de Burton C. Bell. Encore une fois, ses prestations live laissent souvent à désirer, on ne le niera pas, mais en studio, l’homme prouve une fois de plus son talent et sa patte vocale monumentale. Que ce soit avec les très mélodiques « Gravity », « Rising », ou « A Memory » et leurs refrains monstrueux, ou avec un titre rampant et inquiétant comme « A Spirit Guide » (qui fait presque penser à du Sludge) sur lequel Burton alterne les passages vocodérisés et hurlés, avant de prendre complètement aux trippes avec un final renversant, le bougre est à l’aise et n’a pour ainsi dire jamais chanté aussi bien, son registre dominant étant ici celui qu’on lui connaît le mieux avec Fear Factory (cette voix hurlée mais pas trop, mélodique mais pas trop). La suite de l’album est bien heureusement à l’avenant, avec notamment un surprenant duo vocal masculin/féminin sur le très rock « Coïtus Interruptus » et un superbe « Hollow Land » rappelant le groupe australien Alchemist avec ses lignes mélodiques du meilleur effet.
Allez, pour chipoter je veux bien concéder que l’instrumental (et heureusement très court) « Emerald » est assez inutile et guère palpitant, et que d’autre part, il est dommage que l’album se clôture sur deux balades : « Dark Tides » d’abord qui rappelle le travail de Burton avec son très moyen projet Ascension of the Watchers (mais sur un titre ça passe plutôt bien) puis « Rain » jolie ritournelle quasi-acoustique réussie, et idéale pour prouver que Burton chante bien dans un registre clair.
Finalement, City of Fire les mal nommés accouchent avec cet album éponyme d’une petite bombe de métal varié et puissant, dont le seul défaut est finalement d’être bien mal marketée et malheureusement pour le moment, bien mal distribuée (l’album est vendu exclusivement en ligne sur le site internet du groupe et à des prix exagérés pour qui ne réside pas au pays du sirop d’érable). Heureusement, renseignements pris, un deal est en cours de négociation et on devrait donc prochainement retrouver cet album à la vente dans les distros habituelles. Ce serait dommage de passer à côté d’un aussi bon album, alors que la bouse d’Arkaea est presque trouvable chez Auchan…
Fin (des chroniques de l’usine à peur)…
- carve your name
- gravity
- rising
- a memory
- spirit guide
- coitus interruptus
- hanya
- emerald
- hollow land
- dark tides
- rain
…dommage que tout l’album ne soit pas comme le premier titre, il défonce…