Katatonia – Night Is the New Day

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Style: doom metal/rock dépressifAnnee de sortie: 2009Label: Peaceville

« Vendu » un peu pompeusement comme le meilleur album de metal de ces dernières années, par leur ami de longue date Mickaël Akerfeldt, ce nouvel album de Katatonia arrive enfin trois ans après le précédent et très réussi The Great Cold Distance.
On ne s’attardera pas sur la déclaration du leader de Opeth, qui ne doit visiblement plus écouter beaucoup de disques pour en arriver à une telle assertion pleine d’excès. N’allez pas pour autant croire que ce nouvel album des suédois n’est pas à la hauteur. Loin s’en faut.

On retrouve en effet immédiatement ce qui fait la force du métal mélancolique du groupe, ces mélodies ciselées, soutenues ponctuellement par de bons gros riffs bien lourds (on est d’ailleurs saisi d’entrée par les premiers riffs aux accents meshuggiens de « Forsaker ») et littéralement habitées par la voix magnifique de Jonas Renkse.
Il est évident que contrairement à ce que laisse présager l’ouverture de l’album, le groupe s’est quelque peu assagi et on sent rapidement à l’écoute de Night is the New Day que Katatonia a énormément travaillé les arrangements du disque qui sont juste extraordinaires de précision et de beauté. Les mélodies sont toujours aussi travaillées, mais les compositions ont clairement gagné en richesse et en profondeur, acquérant presque une dimension orchestrale ( les claviers, synthés ou mellotrons sont légion, et on a même droit à du violon sur « Inheritance »), dimension accentuée par cette production à la fois claire et énorme qui rend justice à l’intégralité des instruments présents.

Cette richesse rend les compositions passionnantes sur la durée, mais revers de la médaille, il faut peut-être un peu plus de temps qu’autrefois pour être happé par les compositions de ce nouvel album, là où un « My Twin » avait il y a peu, la faculté de s’incruster illico dans le crâne.
Qu’importe, après quelques écoutes attentives, on succombe comme d’habitude, et la plupart des titres, comme « Forsaker », « The Longest Year », « Onward into Battle », « Liberation », « Day and then the Shade » et j’en passe, apparaissent finalement dans toute leur splendeur comme de nouveaux hymnes à la mélancolie. On ressort de ce nouveau conte musical émerveillé et rêveur, empreint de la même douce torpeur qu’on ressent blotti près d’un feu de cheminée, lorsque l’hiver fait son œuvre à l’extérieur.

Ce perfectionnisme toujours plus poussé dans les arrangements est-il à mettre sur le compte d’influences nouvelles ? Il est clair que de nombreux passages rappellent désormais les titres les plus mélancoliques de leurs compatriotes suédois d’Opeth sur les albums récents ce qui n’est pas étonnant compte tenu des vraies relations d’amitié qui unissent ces deux groupes (sans compter la collaboration de deux membres de chaque groupe dans Bloodbath).
Mais au-delà de cette filiation évidente, on a également l’étrange sentiment que le leader de Porcupine Tree a aussi été source d’inspiration notamment dans les arrangements et dans cette tendance à mêler douceur et gros riffs, contraste encore plus appuyé que par le passé et certains passages n’auraient vraiment pas démérité sur un album de PT. Steven Wilson n’ayant (autant qu’on sache) rien eu à voir avec Katatonia
Est-ce à craindre que Katatonia ait perdu son identité dans la manœuvre ? Pas du tout, puisque même enrichi (c’est bien le mot) de ces nouvelles influences tout sauf encombrantes, le groupe reste identifiable immédiatement et nous offre même une sorte de retour vers son passé doom, avec un « Nephilim » bien lent et lourd comme il faut. On notera aussi pour la première fois depuis Brave Murder Day, la présence d’un guest vocal sur « Departer », relativement inconnu (Krister Linder chanteur du groupe Enter the Hunt) mais très réussi néanmoins qui apporte son timbre encore plus fragile que celui de Jonas.

Bref vous l’aurez compris, ce n’est encore pas aujourd’hui que vous me verrez dire du mal de ce groupe qui nous livre encore en 2009 un superbe album, continuant à tracer un chemin sans le moindre faux pas.

A noter que l’album est sorti dans une édition dite « suédoise » en digibook, qui outre une finition esthétique incontestablement supérieure à la version jewel, présente le grand intérêt d’offrir un titre bonus, dont la qualité est (une fois n’est pas coutume avec les bonus tracks) à situer au niveau des autres titres, sa mélodie entêtante en faisant même à mon avis l’un des hits de l’album. A ne pas rater donc si vous comptez judicieusement faire l’acquisition de cet album.

Tracklist :

  1. forsaker
  2. the longest year
  3. idle blood
  4. onward into battle
  5. liberation
  6. the promise of deceit
  7. nephilim
  8. new night
  9. inheritance
  10. day & then the shade
  11. ashen (bonus track édition suédoise)
  12. departer
krakoukass

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krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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Commentaire

  1. Corwin says:

    Je serais plus sévère, tant le plagiat est proche sur « idle blood » qui me rappelle furieusement « Harvest » d’Opeth assaisonnée de quelques lignes vocales directement claquées de PT. Même sentiment désagréable sur la piste suivante ou j’entends les mêmes nappes et progressions que sur Fear of a Blank Planet… Connaissant très bien la discographie des trois groupes concernés, je trouve que Katatonia a trop perdu de son identité et que cet album n’apporte rien de neuf au genre.

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