Quoi une chronique d’une compilation sur Eklektik ?
Eh oui, mais pas n’importe quelle compilation, une compilation essentielle
Revenons en à l’objet du délit : Chronicles of the Cursed de ces dégénérés de Frisco.

Je ne vais pas vous bassiner avec les origines du death metal ou du thrash disons que si vous voulez situer Insanity c’est simple, vous prenez des groupes aussi reconnus que Morbid Angel, Possessed, Master ou Death, la liste est longue, vous placez Insanity au milieu, devant, derrière, vous faites ce que vous voulez, mais le nom a juste intérêt à y figurer !
Insanity c’est un peu comme Necrovore, le cousin ou la cousine éloignés dont on a entendu parlé, toujours en bien, en se disant que ce serait bien de se voir et une fois la rencontre faite on se prend une baffe et on regrette le temps que l’on a passé à ignorer sa présence.
Chronicles of the Cursed est un témoignage, une remontée magique dans le temps digital qui nous fait retourner directement au début des années 80, la NWOBHM a déjà formé des coqs et des roquets, les a dressés pour le combat des décibels, ceux qui arriveront derrière n’auront qu’une idée en tête faire plus violent, plus crade, plus technique. La douce histoire de la vie des musiques amplifiées extrêmes en somme.
C’est dans ce climat chargé de saturations qu’Insanity se lance dans le grand bain.

En 1985 plus précisément, et c’est ce que cette compilation va vous faire revivre, une décennie de riffs joufflus, d’attaques de refrains au poignard, et de claques d’acier rotatives le tout servi sur un gros groove pandémoniaque et une envie gargantuesque d’en foutre plein la tronche.
Au programme des réjouissances : Death After Death, leur album phare, et la démo de 1985, ajoutons quand même à ça pas mal d’inédits pour bien remplir le second disque, faut bien faire les choses. Disons que dans une moindre mesure beaucoup trouveront ça anecdotique, mais une telle sortie, avec du vrai matos quasi introuvable sur le marché à moins de vendre un œil c’est quand même plus que sympathique.
Bien plus que ça, c’est avec ce genre de témoignage que l’on voit que des groupes comme Possessed ou Insanity ont fait avancer les choses dans leurs scènes respectives.
Les riffs alambiquées qui contrastent férocement avec le thrash d’alors, la puissance d’Insanity, son caractère bien trempé, sa générosité en font un groupe clairement à part, quand on sait l’attrait que des groupes comme Slayer, Exodus, Sodom ou Metallica ont su générer à la même période on sent à quel point Insanity a su se forger une personnalité singulière, et ça, ça n’est pas donné à tout le monde.
Groupe immense.

Belle sortie, Areadeath Productions l’a foutu sur le marché, y a juste à sortir vos deniers.
La pochette est assez spéciale pour ne pas employer de vocabulaire plus péjoratif c’est vrai, mais le coffret est plus que sympathique, avec des interviews et des photos qui même s’ils ne sont pas indispensables ont le mérite d’être là eux aussi, on ne va pas vous réciter le couplet sur la beauté intérieure mais le cœur y est.
Très certainement une de mes plus grandes réjouissances de cette année. Essentiel.