Subarachnoid Space – Eight Bells

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Style: post metalAnnee de sortie: 2009Label: Crucial Blast

Aux origines, le metal était le club des garçons. Les filles n’avaient pas le droit de s’en approcher. De toute façon, à quoi ça servait les filles? On n’était pas bien entre potes? Et puis, certaines jouèrent de la guitare, de la basse et de la batterie et on les retrouva au sein de certaines formations. Plus généralement à la basse. Parfois même au chant. La transformation s’était faite lentement mais naturellement. Puis, on décida qu’il fallait se servir de cette présence féminine comme d’un angle d’attaque promotionnel. Faire couler un peu d’encre. Rajouter un peu de glamour. Les femmes devinrent alors des êtres à part que l’on opposait à l’agression masculine. Les voix suaves et sensuelles de certaines contrastaient avec les growls d’autres qui n’avaient rien à envier à leurs équivalents masculins.

La féminité dans le metal est devenue un gimmick. Une manière de vendre ou d’attirer l’attention. D’atteindre un public féminin ou plus réceptif aux mélodies qu’à l’agression. La femme du groupe c’est le visage que l’on pose devant la scène avec un micro dans la bouche. Mais la femme derrière une guitare qui ne s’exprime qu’avec des cordes c’est une toute autre histoire. Sa féminité, car il faut bien parler de cela quand on ne trouve aucune trace de riffs musclés derrière la distorsion, n’est pas une collection de clichés. Elle s’appelle Melynda Jackson et conduit ce mélange de rock et de metal psychédélique chargé en distorsion vers de nouvelles dimensions.

Instrumental et composé de trois guitaristes (dont un est aussi aux percussions), un bassiste et un(e) batteur (que l’on appelle ainsi à défaut d’avoir un mot féminin pour la désigner), SubArachnoid Space porte bien son nom car sa musique est cérébrale. Les instruments s’expriment tel les organes d’une même entité élevée dans un univers où le Mahavishnu Orchestra croise Mogwaï dans une combinaison organique d’échanges constants autour d’une même trame mélodique consistante.

Différents et à la fois pleins de repères, les chemins suivis par ce quintet sont ceux d’autres artistes rock mais la sensibilité qu’ils apportent est bien la leur. Huit cloches mais seulement cinq morceaux aux structures variées. Les crescendos commencent, s’arrêtent, puis la musique redémarre ensuite sans prévenir. Imprévisible car autant constitué de gènes masculins que de gènes féminins, l’enfant que l’on nomme Eight bells, né de l’union des cinq membres de SubArachnoid Space, ne connait pas de sexe ou de territoire. Elle/Il connait déjà tout et vous demande maintenant de l’apprivoiser.

La femme, celle de la couverture, est à l’image de la musique qu’elle abrite. Fantasme dans un monde onirique, elle n’invite ni ne tente. Elle ne représente pas, elle exprime par elle-même et pour elle. SubArachnoid Space n’est pas qu’un groupe mené par une figure féminine. C’est une énigme pour le rock, cette culture si masculine qui a toujours demandé aux filles de faire un peu comme eux pour ne pas trop brouiller les cartes. En cela, SubArachnoid Space déjoue totalement les règles et prouve qu’il y a encore beaucoup à dire dans ce domaine que l’on appelle maintenant, peut-être enfin à juste titre, le post-metal.

  1. lilith
  2. hunter seeker
  3. akathesia
  4. haruspex
  5. bird signs

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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Commentaire

  1. drommk says:

    bon ben je vais me le tenter alors

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