Deathspell Omega – Paracletus

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Style: (Post) Black Metal Annee de sortie: 2010Label: Norma evangelium diaboli

Mon Diable que cet album est bon… Si les superlatifs vous donnent la nausée, je vous invite à passer votre chemin dès maintenant tant qu’il est encore temps, parce qu’il est probable que vous gardiez la tête au-dessus de la cuvette tout au long de la lecture de cette chronique…

C’est que la nouvelle œuvre que signent les poitevins dépasse tout ce qu’on pouvait espérer et explose gentiment toute la concurrence (si l’on imagine un instant qu’il en existe une).

Le cas de DSO divise pourtant depuis la précédente sortie des maîtres du chaos. Fas – Ite, Maledicti, In Ignem Aeternum était, il est vrai, un album aussi compliqué à appréhender que son titre le laissait supposer. Complexe, peu accessible, revêche même, mais pourtant également diablement obsédant et, n’ayons pas peur des mots, envoûtant, il représente une étape importante pour le groupe, qui a vu une partie de ses supporters jeter l’éponge, capitulant devant une musique devenue trop chaotique et hermétique pour eux. Cette réaction fort compréhensible, montre à quel point DSO s’est éloigné depuis quelques années des traces, des repères, voire des poncifs du black metal, ne faisant pas le moindre effort pour se montrer accessible, même aux plus téméraires des habitués des musiques extrêmes.

Paracletus ne fera probablement pas revenir toutes les brebis égarées dans la pâture maléfique des mystérieux français, mais il n’est pas non plus impossible que certains parviennent tout de même à raccrocher les wagons avec ce 3ème volet de la trilogie initiée en 2004 par le cultissime Si Monumentum Requires, Circumspice. Sans renier son goût affirmé pour le chaos et la dissonance, le groupe réussit en effet l’exploit de présenter une œuvre néanmoins plus accessible, voire même ponctuellement mélodique et accrocheuse (si si), toutes proportions gardées.

On ne s’attardera pas -faute de temps- sur la portée et la signification des textes de Paracletus (signalons quand même qu’ils sont encore une fois brillamment écrits et que suivre le déroulement de l’album paroles à l’appui représente plus que jamais une expérience particulièrement forte et prenante) mais on ne manquera pas de signaler que ce bijou est en fait plutôt à prendre comme un titre unique découpé en plusieurs plages qui présentent le bon goût de ne jamais être trop longues. D’ailleurs la durée fort raisonnable de l’album (à mon avis parfaite pour ce type d’album, là où Si Monumentum me semblait trop long et difficile à s’enfiler d’une traite) renforce ce sentiment d’accessibilité (relative je le répète), couplée à une alternance plus vraie que jamais, et surtout plus intelligemment amenée que jamais, de passages de pure violence chaotique et de respirations mélodiques à l’ambiance incroyable (ce superbe « Dearth » en écoute ci-dessous par exemple ou le final magnifique de « Phosphene »). Les déclinaisons du thème mélodique de l’album (incarné par les deux « Epiklesis » et prolongé sur le faramineux final « Apokatastasis Pantôn ») sont à couper le souffle et font superbement écho les unes aux autres offrant un rappel inédit, qui permet de garder un fil conducteur tout au long de l’oeuvre, oeuvre par ailleurs une fois encore parcourue de véritables moments de bravoure à inscrire au panthéon de la musique du groupe (« Abscission » ou « Malconfort » au hasard).

Au plan vocal, on retrouve toute la rage putride de Mikka Aspa (cette voix rauque tirant sur le death), cette fois agrémentée de passages en français parfois parlés (« Dearth » encore) ou scandés de façon glaçante (« Aboyeurs de Dieu! Aboyeurs de Dieu! »). Ces passages renforcent l’immersion dans l’oeuvre, appuyés qu’ils sont par une ambiance toujours aussi travaillée.

Paracletus est simplement -à mon avis- le meilleur album de l’année tous genres confondus, un chef d’oeuvre dantesque, immersif, prenant, envoûtant une fois encore, le genre d’œuvre qui vous possède, vous obsède, ne vous lâche plus et vous rappelle à elle à chaque instant, comme le fait l’illustration scotchante de la pochette…

Précisons pour finir que si vous ne connaissez pas encore Deathspell Omega, Paracletus représentera une bonne clé d’entrée dans leur univers. Si vous êtes un habitué des précédents albums du groupe découragé par l’hermétisme de Fas Ite, une tentative d’écoute de ce nouvel album peut potentiellement se solder par une vraie réconciliation avec DSO. Le jeu en vaut largement la chandelle…

Tracklist :

1. Epiklesis I (01:42)
2. Wings of Predation (03:43)
3. Abscission (06:07)
4. Dearth (03:47)
5. Phosphene (07:03)
6. Epiklesis II (03:06)
7. Malconfort (04:57)
8. Have You Beheld the Fevers? (02:59)
9. Devouring Famine (05:09)
10. Apokatastasis Pantôn (04:01)

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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Commentaire

  1. drommk says:

    « Paracletus from Deathspell Omega is the best Black Metal album of the last decade ».

    Davide Tiso (Ephel Duath).

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