Follow The White Rabbit – Endorphinia

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Style: hardcore/metal expérimentalAnnee de sortie: 2012Label: Autoproduit

Alors que Mitt & Barack se battent pour savoir qui sera le prochain détenteur de cigare du bureau ovale à pouvoir faire reluire le bouton de l’arme atomique, je prends conscience à quel point le temps de la guerre froide semble lointain. Pourtant, même si l’empire soviétique s’est effondré, le rideau de fer culturel semble, lui, toujours d’actualité. Même si la barrière est loin d’être aussi étanche qu’à la grande époque, la perméabilité semble être à sens unique. Car si nos amis russes ont pu comme nous autres se gorger de Coca Cola, de Marlboros light et de blockbusters holywoodiens depuis deux décennies, la réciproque semble, et c’est peu dire, moins efficace. On ne peut cependant en aucun cas imputer ce fait à leur régime si critiquable, mais plutôt à notre solide propention à ne nous intéresser qu’au cercle culturel occidental, attitude naturellement issue d’un demi-siècle de communautarisme hémiplanétaire. Quel que soit le sens qu’on donne à ce terme et dont je ne débattrai certainement pas ici, la « contre-culture » ne fait évidemment pas exception à cette triste règle, et il est rare que les musiques alternatives russes dépassent les frontières imaginaires auxquelles nous les avons soumises. Un grand dommage, quand l’on sait à quel point celle-ci est riche et créative…

Les niches musicales ont cependant ceci d’intéressant qu’elles ont plus de facilité à faire tomber ces remparts, de par la volonté des passionnés qui cherchent inlassablement à trouver leur bonheur sans se satisfaire de ce qui est à leur portée. Bon exemple de ce phénomène, la scène matchore russe a ainsi réussi à faire doucement parler d’elle en dehors de ses frontières par le biais de groupes comme For You. Earth, Shibo ou Equal Minds Theory. D’une part grâce à la qualité de sa musique, mais surtout car cette dernière n’a pas suivi les tendances occidentales et représente d’une certaine façon pour les puristes (à tort ou à raison), le cap qu’aurait dû maintenir ce genre.

Au sein de ce vivier, Follow the White Rabbit est probablement l’un de ceux qui a le plus tiré son épingle du jeu. S’éloignant sensiblement de cette ligne dure du fait de leur richesse sonore et de leur approche plus progressive que purement mathématique, le jeune groupe sortait en 2008, après une seule année d’existence, un EP éponyme qui sonnait comme la jonction des différentes scènes mathcore. Se basant de surcroît sur une large diffusion active et gratuite de leur oeuvre via Internet, le groupe a rapidement fait parler de lui. Et puis plus rien ou presque pendant quatre longues années, jusqu’à l’arrivée en ce mois de novembre de ce premier full-length qui va une fois de plus, j’en suis certain, faire parler de lui.

Endorphinia ne reprend pas du tout les choses là où l’EP les avait laissées. Les orthodoxes du mathcore en seront d’ailleurs pour leurs frais, puisque c’est à peine si l’on peut évoquer cette composante à l’écoute de cet album. Exit le chaos coreux de la précédente décennie, FTWR a grandi et décidé de se construire un univers bien à lui. S’inscrivant plus dans une démarche de metal expérimental teintée de hardcore (et non l’inverse). Tout est permis et l’on se noie dans cet océan qui évoque sans scrupule The Mars Volta, Neurosis, Gojira, deftones, Hunab Ku, Radiation 4, Opeth, et tant d’autres, aucun n’étant assez présent pour être réellement reconnaissable. Aucune imitation ici. A l’instar du premier album d’Exotic Animal Petting Zoo, on trouve ici un aquarium musical riche et complexe ou les différentes espèces colocataires se mêlent et démêlent sans complexe ni heurt.

Loin de l’album qu’on attendait tant, Endorphinia n’en est pas moins une réussite absolue, servie par une superbe production. Serait-ce en faire trop que d’ajouter que l’ensemble est de plus entièrement gratuit au téléchargement ? (voir liens en fin d’article)

Si vous passez à côté, je vous défonce. Sérieux.

  1. The Eye Light
  2. Few Stories of a Deserted Forest
  3. Fakeface
  4. Fakeface: The End
  5. All Night and Day
  6. Panic Attacks
  7. The Great Worm
  8. War Song
  9. Zzz(Zzz)
  10. Endorphinia

 

Bandcamp (Album + EP de 2008, en HQ -prix libre)
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Chroniqueur

drommk

Chroniqueur instable depuis 2009, je me passionne pour les fouilles du web, en quête de groupes originaux ou/et méconnus. J'ai un faible pour les mélanges de genres. La formule parfaite est pour moi un équilibre entre originalité, technicité et émotion.

drommk a écrit 31 articles sur Eklektik.

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15 Commentaires

  1. Spirilysis says:

    Wow! Effectivement, très belle découverte! Après n’avoir écouté que les 2 premiers morceaux, je sais que tout leur album sera de qualité et que bien des surprises m’y attendent encore. Je retrouve cette magie dans tous les groupes (ou albums) exquis, où la profondeur offerte dans les 10 premières minutes ne peut qu’annoncer sa constante présence. Un grand merci et vivement les 8 prochains morceaux… ou tes prochaines découvertes de chef-d’oeuvres!

    • drommk says:

      Les deux premiers morceaux sont en effet particulièrement réussis. Ravi que ça te plaise !

  2. krakoukass krakoukass says:

    Effectivement c’est pas mal, à creuser! Ils ne le sortent pas en cd ?

    • drommk says:

      Leur objectif n’est clairement pas de faire du blé, mais ils commencent à tater un peu le terrain pour savoir si des gens seraient intéressés, et vu que l’album est en train de se répandre comme une traînée de poudre, je ne serais pas étonné qu’il soit mis à dispo rapidement (cf. leur page FB)

  3. koko says:

    Rien que pour le chant, un truc comme ça, c’est pas du chef d’oeuvre pour moi, faut aimer, c’est quand même pas terrible, le chant casse tout et le reste, c’est pas mieux, s’il y en a qui aiment, tant mieux pour eux, j’ai acheté des albums suite à ce genre de kro, mais ça reste une blague pour moi de mettre chef d’oeuvre à ce genre de vent total, je précise que je n’ai écouté que le titre en écoute ici, mais en général, c’est pas varié, plutôt avarié

    • drommk says:

      La chronique est évidemment subjective et ne reflète que mon opinion personnelle. Notons au passage qu’il n’y a pas sur eklektik de note entre YEAH et chef d’oeuvre . Donc si l’on veut signaler un album comme exceptionnellement bon, il nous est nécessaire de le passer en chef d’oeuvre.

      Bref, c’est aussi pour cela que nous mettons tant que possible des extraits dans la chronique, car nous avons bien conscience que tout le monde n’aura pas le même avis que nous.

    • Spirilysis says:

      Aurais-tu une petite référence que tu considères comme chef-d’oeuvre à nous donner? Ca m’intrigue!
      Après, c’est sur que le terme de « chef-d’oeuvre », déjà très propre aux goûts de chacun, est assez difficile à offrir. Pour ma part, il s’agit d’album qui te transperces à la première écoute, que tu redécouvres à chaque fois d’une nouvelle manière toujours plus prenante et qui ne fait que se bonifier avec le temps…

  4. Spirilysis says:

    Merci Drommk mais t’as compris que la question était directement posé à Koko, qui achète des albums sans les écouter au préalable mais ne perçoit pas la qualité là où j’en trouve à foison!? J’comprends ta possible confusion vu que le site m’affiche dans la foulée, alors que j’ai cliqué sur répondre à son commentaire. Te concernant, vu ta chronique, j’imagine qu’on à une définition sensiblement identique du chef-d’oeuvre^^

    • drommk says:

      j’avais compris que la question ne m’était pas adressée. Je voulais juste souligner mon approbation ^^

  5. Spirilysis says:

    Oui, je reviens à l’assault parce que j’en suis ma 2eme écoute de l’album complet dans de bonnes conditions et c’est tout bonnement… énormissime!!! Le genre de son dont je suis constamment en quête!! A la définition de « chef-d’oeuvre », je rajouterais osmose et voyage surnaturelle, là où chaque note minutieusement posé se doit d’être minutieusement écoutée car pas une n’est moins importante qu’une autre. Pas un passage n’est à redire, surprenant du début à la fin et varié à souhait. Tout chef-d’oeuvre ne s’écoute qu’à coeur grand ouvert afin de comprendre un nouveau monde et de s’y laisser vibrer…
    …Ils sont vraiment excellent, hyper amples et profond dans chacune de leur péripétie dont l’éventail est, Oh my God, extrèmement vaste. Le chanteur passe par tant de voix qu’il peut me faire penser aux aiguës de Mars Volta, au timbre de Dredg, aux notes mélodiques pleinements saturées de Mudvayne, au chant-parlé d’Exotic animal, à l’amplement saturé de Gojira, passant même parfois par une voix black-death… et je dois en oublier… Des musiciens ouverts et sincère qui ne peuvent s’en cacher. Je vais de ce pas me payer ce voyage interstellaire, en te remerciant encore grandement pour cette chronique…

    • drommk says:

      Mais je t’en prie. Ton intérêt et tes commentaires sont des remerciements plus que suffisants à mes yeux

  6. Rhum1 says:

    Merci pour cette découverte. Je l’écoute en boucle depuis une petite semaine et je ne m’en lasse pas. Putain d’album, énorme. Groupe à suivre.

    • drommk says:

      Tu peux aussi te procurer l’EP sur leur page bandcamp (lien en bas d’article). C’est moins mûr et plus mathcore, mais bourré de talent

  7. ichimatsu says:

    un seul mot : chef d’ oeuvre ……

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