En entamant l’écoute de cette dernière cuvée Rotting Christ, j’attendais un bon album, pas inoubliable mais sympa à écouter. C’est là où on se dit que les grecs ont encore plus d’une corde à leur arc, car rien ne m’avait préparé à me prendre une telle claque.
Dès les premières notes, cet album me fait penser à l’excellent Sanctus Diavolos, impression qui n’ira qu’en se confirmant au fur et à mesure des écoutes. Le son est toujours excellent, la prod un poil plus ample et chaleureuse que sur Aealo. Si l’ambiance revient à un Sanctus Diavolos, les riffs assassins et les vocaux nous ramènent aux hymnes de Triarchy of the Lost Lovers.
La première chose que l’album met en place est ce feeling incantatoire plutôt puissant avec les voix un peu en transe et les guitares latentes. Mais Κατά Τον Δαίμονα Εαυτού est comme l’eau qui dort, et il ne tarde pas à se réveiller de sa torpeur hypnotique sans perdre le côté incantatoire – un équilibre qui, soit dit en passant, est difficile à maintenir mais que les frères Tolis stabilisent d’une main de maître avec des backing vocals toujours à propos et des percus aux consonances rituelles.
Le premier titre contient en fait tout l’album en germe, et son identité se développe tout au long des dix morceaux. Le côté épique si cher à Rotting Christ ainsi que les guitares extrêmes aux accents plus qu’heavy (« Athanati Este » n’est jamais très loin!) ne tardent pas à faire leur apparition pour notre plus grand bonheur. Puis à partir de là, Κατά Τον Δαίμονα Εαυτού enchaîne claque sur claque. « Grandis Spiritus Diavolos » et le morceau éponyme sont très représentatifs du reste de l’opus : deux hymnes guerriers à la fois puissants et ambiancés tout en restant catchy et équilibrés. Les petits moments lyriques comme vers la fin de « Grandis Spiritus Diavolos » ne font qu’ajouter à l’intensité du travail de composition, habilement souligné par les guitares aigües.
« Cine iubește și lasă » avec son intro mélancolique au clavier et ses vocaux féminins plaintifs aère l’ensemble sans pour autant stopper la machine de guerre. Batterie martiale et guitares sans concession sont toujours au rendez-vous. « Iwa Voodoo » est un classique de Rotting Christ tant dans la compo entre l’extrême et le mélodique que dans l’exécution implacable. Les soli très heavy/power ne sont jamais de mauvais goût, comme le démontre la fin de ce titre. « Gilgameš » enfonce le clou avec un côté « in your face » qui nous rappelle à l’avènement de la créature invoquée.
A partir de là, la respiration s’accélère et même les voix chuchotées (« Русалка ») se font oppressantes. Les vocaux se font plus urgents et les guitares plus saturées pour en arriver à l’explosion finale « Χ ξ ς’ », grandiose dans son humilité et dans son intensité latente.
Κατά Τον Δαίμονα Εαυτού est un album extrême, épique, hypnotique, très entraînant et aux consonances occultes omniprésentes. Telle une cérémonie rituelle antique, il tient l’auditeur en haleine de bout en bout (les nombreuses sonorités ressemblant à des respirations et des battements de cœur ne sont pas là par hasard), et revient au meilleur de Rotting Christ. Le travail de composition est digne d’un Septic Flesh tout en gardant l’identité propre à Rotting Christ. Un must absolu de ce début d’année 2013.
N.B.: 1 bonus track: « Welcome to Hell »
Tracklist:
1. In Yumen – Xibalba (6:24)
2. P’unchaw kachun – Tuta kachun (4:44)
3. Grandis Spiritus Diavolos (5:52)
4. Κατά τον Δαίμονα του Ἐαυτού (4:52)
5. Cine iubeşte şi lasă (5:58)
6. Iwa Voodoo (4:36)
7. Gilgameš (4:02)
8. Русалка (4:33)
9. Ahura Mazdā-Aŋra Mainiuu (4:44)
10. Χ ξ ς (5:46)
11. Welcome to Hell (Bonus Track) (4:28)
Du pur Rotting Christ, excellent, meilleur que Aeolo en effet. Par contre je ne trouve pas qu’il se rapproche de Sanctus Diavolos perso qui reste mon préféré.
Album parfait