Comprenant des membres de Dodecahedron et de Textures (RIP), Ulsect signe un premier album sonnant comme un mélange équilibré de ces deux groupes. Si le premier a le chic pour installer un climat oppressant renforcé par de nombreuses séquences chaotiques (à vérifier sur Kwintessens, second album sorti il y a quelques mois), la touche Textures provient elle de l’aspect moderne et massif de l’ensemble, ponctué de quelques moments plus lumineux.
L’introductif « Fall To Depravity » annonce la couleur ou plutôt l’absence de couleur. La vitesse et les dissonances sont ici de mise dans un impressionnant maelström de riffs en fusion, et si la puissance déversée donne directement une rafale de coups de pied au cul, on note pourtant que le tout est plus compréhensible qu’il n’en a l’air. Ulsect aime nager en profondeur mais est assez cool avec l’auditeur pour lui filer de temps en temps une bulle de respiration, notamment à coup de ralentissements salvateurs où la voix s’éclipse même parfois (le pont de « Our Trivial Toll »), ou encore via des notes plus mélodiques éclairant un tantinet la messe noire en cours (« Diminish », ou l’un des titres les plus épiques de cet album)
Mais ces passages « apaisés », même s’ils sont distillés assez souvent finalement, restent toutefois un peu anecdotiques. Au vu des chemins tortueux qu’empruntent les cinq hollandais, non loin d’un Deathspell Omega ou d’un Ulcerate (en plus facile d’accès, certes), c’est un peu comme la fête à la dissonance chez qui est venu trinquer son pote le chaos. Les riffs sont autant de méandres complexes dotés de ce son surpuissant (mention à la basse perforant tout ce qui passe à sa portée), bref une parfaite alliance de rapidité d’exécution et de lourdeur écrasante (même si « An Augury » contredit ce premier point en nous gratifiant d’un surprenant instrumental sludge).
Bref, Ulsect parvient à rendre son chaos plutôt accessible grâce à ses touches atmosphériques fusionnant parfaitement avec le reste. Ce premier album est sombre et lourd mais parsemé de trouvailles libérant quelques faisceaux lumineux passant au travers de sa masse informe. Un premier album d’un projet parallèle qui s’impose d’emblée comme l’une des claques inattendues de 2017.
- Fall To Depravity
- Our Trivial Toll
- Diminish
- Moirae
- Unveil
- An Augury
- The Ending
- Maunder
J’ai découvert cet album il y a 2 semaines et il me semblait très proche de Dodecahedron tant dans l’approche que dans le son. Et là je lis « Comprenant des membres de Dodecahedron » bah walawala, je l’ignorais. Merci pour toutes ces découvertes !
Je préfère Dodecahedron (dont il faudrait chroniquer le dernier excellent album) mais ça reste du tout bon!